Chapitre 2

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Harry réussit à chasser Louis de son esprit pendant dix jours complets. Il partit en voyage à New York pour un séjour de deux nuits et finalisa l'acquisition d'un logiciel qui lui permettrait de développer un nouveau réseau en ligne combinant des fonctionnalités sociales et un concept de jeu entièrement nouveau. Il se rendit comme tous les mois à sa résidence londonienne. Quand il se trouvait à Chicago, les réunions et le travail l'occupaient au bureau jusqu'à minuit passé. Lorsqu'il regagnait son appartement, l'intérieur était sombre et silencieux.

Il n'était pas tout à fait juste de dire qu'il avait réussi à oublier Louis, cependant. Ni tout à fait honnête, s'avoua-t-il rudement, le mercredi après-midi suivant, dans la cabine d'ascenseur qui remontait vers son appartement. La conscience que Louis était présent dans la résidence s'emparait parfois de lui sans prévenir, en de brefs et puissants éclairs, et imprégnait sa perception de tous les détails de la vie quotidienne. Mme Cowell, sa gouvernante, le tenait innocemment au courant, lors de ses vantardises habituelles, sur la bonne marche de la maison. Il s'était réjoui d'apprendre que la vieille femme anglaise s'était prise d'amitié pour Louis, l'invitant parfois à partager un thé dans la cuisine, et que le jeune homme semblait de plus en plus à son aise. Avant de se demander en quoi ça avait la moindre espèce d'importance. Tout ce qu'il voulait, c'était un tableau, et Louis n'avait certainement pas à se plaindre de ses conditions de travail.

Un jour, il se dit qu'il se montrait impoli en ignorant le jeune homme. L'éviter était aussi une façon de lui donner de l'importance et de faire bien trop grand cas d'une situation anodine.

Le soir du deuxième jeudi, il se rendit finalement à l'atelier de Louis pour lui demander si il désirait prendre un rafraîchissement avec lui à la cuisine. La porte était entrebâillée, et il entra sans frapper. Pendant quelques secondes, il resta sur le seuil à l'observer à son insu.

Il se tenait sur une petite estrade, en train de travailler sur le coin supérieur droit de la toile, totalement absorbé par ce qu'il faisait.

Bien qu'il fût certain de n'avoir fait aucun bruit, il se retourna brusquement vers lui et se figea, le contemplant de ses yeux bleus écarquillés, son pinceau toujours posé sur la toile. Des taches de fusain maculaient ses joues lisses, et ses lèvres d'un rose sombre étaient légèrement entrouvertes sous l'effet de la surprise.

Il s'enquit poliment de la progression du tableau en essayant de ne pas laisser son regard s'attarder sur la pulsation du pouls du jeune homme visible à sa gorge. Il avait enlevé son survêtement de travail et portait seulement un léger marcel. Ses courbes étaientt généreuses, érotiques.

Après plusieurs secondes de conversation guindée, il prit la fuite comme le couard qu'il était.

La conscience exacerbée qu'il avait de sa beauté n'avait rien, selon lui, de très naturel. Louis était un jeune homme magnifique, après tout. Il semblait complètement aveugle à sa propre sensualité, et ça fascinait Harry. Avait-il grandi dans un trou perdu ? Louis devait forcément être habitué à voir les femmes, et les hommes s'animer quand il entrait quelque part, saliver à la vision de sa silhouette. Comment pouvait-il ignorer, à l'âge de vingt-trois ans, le pouvoir que lui conférait sa peau pâle et sans défaut, ses lèvres d'un rose sombre, son corps souple et agile ?
Harry ignorait la réponse à cette question, mais maintenant qu'il l'avait observé de plus près, il était certain que son attitude n'avait rien d'une posture. Il se mouvait avec la démarche dégingandée d'un adolescent et s'exprimait parfois avec une gaucherie surprenante.

Laisse moi te posséder - Larry Stylinson (terminée)Where stories live. Discover now