Laisse moi te posséder - Larry Stylinson (terminée)

Chapitre 5

Deux jours plus tard, Harry regardait par la fenêtre de sa limousine tandis que son chauffeur Paul Higgins bifurquait le long d'une rue bordée de maisons cossues en brique. D'après l'un de ses associés, Zayn Malik avait hérité cette résidence de ses parents, Julia et Yaser, mais il aurait tout aussi bien pu se permettre d'acheter lui-même cette maison située dans le quartier aisé de Wicker Park. La galerie d'art Malik marchait très bien. Apparemment, le colocataire de Louis pouvait se targuer de posséder à la fois un goût artistique très sûr et un solide sens des affaires, ainsi que des manières tranquilles, raffinées et mesurées, qui plaisaient beaucoup aux riches amateurs d'art.
Harry devait admettre qu'il avait été soulagé d'apprendre que les amis de Louis étaient hétérosexuels. Non que les préférences sexuelles de ses colocataires aient une grande importance, se dit-il pendant que Paul ralentissait. Il avait eu la preuve éclatante, deux nuits plus tôt, que les colocataires du jeune homme ne franchissaient aucune limite condamnable... bien qu'ils ne faisaient pas preuve d'une intelligence débordante.
Il avait eu aussi la preuve éclatante d'avoir franchi, lui, une limite condamnable, songea-t-il amèrement en fronçant les sourcils au moment où Paul lui ouvrait la portière.
L'image d'un Louis effondré quittant sa chambre n'avait cessé de le tourmenter depuis ce moment. Il l'avait regardé s'enfuir de l'appartement en fulminant contre lui-même, brûlant d'envie de l'arrêter mais conscient, en voyant l'expression obstinée qui déformait son beau visage, que Louis refuserait de l'écouter. Harry lui en voulait de les avoir mis dans une telle situation, et il s'en voulait de n'avoir vu que ce qu'il désirait voir.
Oui, il savait pertinemment avant de commencer que le jeune artiste était innocent, mais pas innocent à ce point-là. Il savait qu'il ferait mieux de le laisser tranquille. Pour le bien de tout le monde.
Et pourtant, il était là.
Il frappa à la porte d'entrée vert sombre avec un mélange de résignation et de détermination. D'où lui venait cette étrange obsession ? Était-ce parce que Louis avait capturé son reflet à son insu dans un de ses tableaux, des années plus tôt ? La vision qu'il avait eue de lui, bien que fugitive, était dérangeante.
Harry avait envie à la fois de le punir et de le posséder pour lui faire payer son erreur.
Il avait su par Mme Cowell que Louis n'était pas revenu peindre chez lui. Le fait qu'il évite sa présence l'avait rendu furieux— une colère irrationnelle, or la logique semblait impuissante face au tumulte de ses émotions. À l'instant où il frappait à la porte, Harry n'avait toujours pas décidé s'il venait pour s'excuser et assurer à Louis qu'il ne l'importunerait plus jamais, ou pour le convaincre par tous les moyens de le laisser le toucher à nouveau.
Ce conflit intérieur permanent l'avait mis dans un tel état d'irritabilité que même Eleanor, qui savait d'ordinaire mieux que personne tempérer ses humeurs, le fuyait à présent comme la peste.
La porte d'entrée s'ouvrit, et un homme brun de taille moyenne, qui paraissait plus jeune que ses vingt-huit ans, le toisa sombrement. Il devait être rentré récemment de la galerie, car il était vêtu d'un costume trois-pièces gris anthracite.

— Je viens voir Louis, annonça Harry.

Zayn jeta un regard inquiet à l'intérieur de la maison, puis finit par hocher la tête et reculer, invitant Harry à entrer. Il le conduisit jusqu'à un petit salon décoré avec goût.

— Asseyez-vous. Je vais le chercher.

Harry opina et déboutonna son manteau avant de s'asseoir. Il ramassa distraitement un catalogue posé sur le fauteuil à côté de lui, à l'affût toutefois du moindre son perceptible dans la vaste maison. Pas de bruit de pas dans les escaliers. Certaines pages du catalogue étaient cornées, comme si quelqu'un en avait récemment étudié le contenu. C'était un listing de tableaux qui seraient prochainement vendus aux enchères dans une salle des ventes locales.
Zayn réapparut dans le salon une minute plus tard. Harry releva la tête et abandonna sa lecture.