Epilogue

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Dix jours plus tard, Zayn se tenait devant le placard de Louis, vêtu d'un smoking. Il faisait glisser les cintres sur la tringle pendant que Louis le regardait d'un air absent, assis sur son lit.

- Et celle-là ? demanda Zayn en sortant une chemise du placard.

Il cligna les yeux en reconnaissant la chemise vintage qu'il avait fait le choix stupide de porter au cocktail chez Fusion quelques mois plus tôt - la soirée où il avait rencontré Harry. Il n'arrivait pas à croire que sa vie avait changé de façon aussi radicale en un aussi court laps de temps. Qu'il était tombé aussi profondément amoureux, et qu'Harry avait gâché cet amour. Mais finalement, quand on regardait les choses dans leur ensemble, il y avait une sorte de logique.
Zayn remarqua son manque d'enthousiasme évident pour la chemise et le costume dans son ensemble. Il le souleva et le détailla.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? Il est très bien.
— Je ne viens pas, Zayn, dit-il d'une voix rauque à force de ne plus servir.
— Si, tu viens, rétorqua Zayn en lui adressant un regard inhabituellement noir. Tu ne vas pas rester enfermé dans ta chambre pendant toutes les vacances d'automne.
— Et pourquoi pas ? C'est mes vacances, répondit-il d'un ton morne en tripotant les pompons d'un coussin décoratif. J'ai fini tout ce que j'étais censé faire. Je n'ai pas le droit de traîner dans ma chambre, si j'en ai envie ?
— Ah... la vérité éclate enfin. Louis Tomlinson est du genre à se morfondre dans sa chambre et à refuser de s'alimenter après une rupture, exactement comme les personnes qu'il méprisait avant.
- Harry et moi, on n'a pas rompu. C'est juste qu'on ne s'est pas parlé depuis une semaine et demi.

Il repensa à la façon dont Harry l'avait regardé avant de quitter la chambre à coucher de l'avion - son expression de regret, de confusion... de désespoir. Louis avait cru qu'Harry pouvait lui offrir davantage que du sexe, mais il s'était trompé. Et toute relation n'impliquait-elle pas deux personnes ? Qu'est-ce que ça pouvait faire, qu'il croie dur comme fer à leur amour, si lui en doutait ?

— En plus, continua-t-il, pour qu'il y ait eu rupture, il faudrait d'abord qu'on ait été ensemble, et ce n'est pas le cas. Pas au sens qu'on donne à ce mot.
— Est-ce que tu as essayé de le contacter ? fit Zayn en allant suspendre le costume dans la salle de bains.
— Non. Je peux encore sentir sa colère. C'est comme s'il irradiait dans tout Chicago.
— Ce n'est pas de la colère, marmonna son ami.
— Hein ?
— C'est ton imagination, Lou. Pourquoi ne l'appelles-tu pas ?
— Parce que. Ça ne changerait rien. Zayn soupira.
— Vous êtes tous les deux des têtes de mule. Tu ne pourras pas l'éviter éternellement.
— Je ne l'évite pas.
- Oh, je vois. Tu as complètement abandonné, alors.

Pour la première fois depuis des jours, Louis sentit de la colère se mêler à son désespoir. Il jeta un regard irrité à Zayn, qui lui sourit, en lui tendant la main.

- Allez. Stan et Liam nous attendent. En plus, on a une surprise pour toi.

Il poussa un soupir de frustration, mais se leva du lit.

— Je n'ai pas envie qu'on me console. Et même si j'en avais envie, à quoi ça rime de me traîner à une stupide soirée pour célibataires guindés - avec en prime costume-cravate exigé pour les hommes ? Tu sais très bien que je n'ai rien de correct à me mettre. Et que je déteste ce genre de soirées. Il me semblait que toi aussi, d'ailleurs.
— J'ai changé d'avis. C'est pour une bonne cause, dit-il alors qu'il se dirigeait vers la salle de bains.
— Quoi, sauver mon petit cœur brisé ?
- Pour commencer, juste te faire sortir de cette maison, répondit Zayn sans paraître se formaliser du ton sarcastique du jeune homme.

♦ ♦ ♦

La soirée pour célibataires avait lieu dans un nouveau club branché du quartier North Wabash, dans le centre-ville. Stan et Liam étaient au meilleur de leur forme dans la voiture, survoltés et beaux à tomber par terre dans leurs smokings tout neufs. Louis, de son côté, mourait déjà d'envie de rentrer, avant même qu'ils soient arrivés. Des souvenirs merveilleux et terribles s'étaient mis à défiler dans sa tête quand il avait enfilé son costume ; tous les détails de la soirée où il l'avait porté pour la dernière fois lui étaient revenus en mémoire d'un seul coup.
« On doit savoir faire oublier ses vêtements, Louis. Pas l'inverse. C'est la première leçon que je vous enseignerai. »
Le souvenir de la voix douce et grave de Harry le fit frissonner. Il lui manquait... C'était comme un gouffre béant dans sa poitrine, un gouffre qu'il n'arriverait jamais à combler.
Zayn avait du mal à trouver une place de parking proche de leur destination, et ils tournaient en rond depuis un moment. Il regarda par la fenêtre de la voiture quand ils traversèrent le fleuve Chicago, et vit la tour de Styles Enterprises qui se dressait à quelques blocs de là.
Était-il vraiment le naïf jeune homme présent au cocktail en son honneur donné quelques semaines plus tôt ? Si fragile, si peu sûr de lui-même... si plein de crainte que quelqu'un d'autre le remarque ? Était-ce vraiment lui qui avait pénétré dans la résidence de Harry, plus émerveillé par la présence à côté de lui de cet homme séduisant et énigmatique que par la splendeur de cet appartement, ses œuvres d'art et... sa vue étourdissante ?
« Ils sont vivants... les gratte-ciel... certains plus que d'autres. Je veux dire, ils ont l'air vivants. C'est ce que je me suis toujours dit. Ils ont chacun une âme. La nuit, en particulier... Je peux le sentir. »

Laisse moi te posséder - Larry Stylinson (terminée)Where stories live. Discover now