Chapitre 14

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14

Quand Louis sortit de l'ascenseur, une impression d'étrangeté le saisit en apercevant le vestibule de la résidence. Il avait désormais l'habitude de ce lieu, mais tant de choses avaient changé depuis la première fois où il avait pénétré dans son monde... L'appréhension qu'il ressentit en entrant dans l'appartement feutré, liée à la présence d'Harry juste derrière lui, n'était que trop familière.

- Par là, dit-il de sa voix grave et calme, semblable à une caresse sur sa nuque.

La fébrilité de Louis ne fit que croître pendant qu'il le suivait jusqu'à la bibliothèque - la pièce où Harry avait accroché le tableau Le Chat qui marche tout seul.
Quand il lui ouvrit la porte et l'invita à entrer, la première chose qu'il remarqua fut la présence d'un autre homme qui lui présentait son profil, concentré sur sa tâche.

- Zayn ? s'exclama-t-il, éberlué de rencontrer son ami dans cet endroit inattendu.

Zayn lui jeta un regard par-dessus son épaule et sourit. Il reposa le tableau qu'il était en train de préparer et se tourna vers lui.
Le regard de Louis faisait des allers-retours entre l'apparition surprenante de son ami et le tableau qu'il avait posé en équilibre sur une table contre le mur.

- Oh, mon Dieu ! Où est-ce que tu l'as retrouvé ?

Louis resta interdit en contemplant la toile représentant un panorama urbain de Chicago, où apparaissaient les immeubles Wrigley, Union and Carbide, et le Mather Tower. Il avait peint ce tableau quand il avait vingt ans et l'avait vendu pour deux cents dollars à une galerie en banlieue. Ça lui avait fendu le cœur de s'en séparer, mais il n'avait pas eu le choix à l'époque.
Avant que Zayn n'ait le temps de répondre, ilse mit à tourner sur lui-même, toujours stupéfait. Il n'arrivait plus à respirer.
Ses tableaux encerclaient toute la bibliothèque. Zayn les avait alignés sur les murs ; il y en avait une bonne quinzaine - tous vendus plusieurs années auparavant par le jeune homme. Ils se déployaient comme des pétales autour du Chat qui marche tout seul, trônant au milieu. Il n'avait jamais vu autant de ses œuvres rassemblées. Il avait dû s'en séparer une par une, avec l'impression d'arracher chaque fois une petite part de son âme. Au fond, il s'en était toujours un peu voulu de ne pas avoir su conserver près de lui les trésors les plus précieux, les plus sacrés de son art.
Et maintenant, ils étaient tous là, devant lui. Il en tremblait d'émotion.

- Lou, fit Zayn à voix basse.

Zayn s'approcha de lui, le visage sérieux.

— C'est toi qui as fait ça ? demanda-t-il fébrilement.
- C'est une commande, répondit le jeune homme.

Il suivit son regard entendu.
Harry se tenait sur le seuil de la bibliothèque. Il le contemplait d'un regard intense qui renfermait une lueur d'inquiétude - et aussi quelque chose d'autre, de plus sombre... de la tristesse.
Oh non. Il était capable de se défendre contre son arrogance. Contre sa manie de vouloir tout contrôler. Contre son autoritarisme.
Mais pas contre cette expression anxieuse et un peu perdue qu'il lisait à présent sur son beau visage viril. C'était trop pour lui. Toutes ses émotions refoulées explosèrent d'un coup dans sa poitrine, comme un orage qui couvait depuis trop longtemps.
Il se rua hors de la pièce.

- Laissez-moi faire, ordonna Zayn à Harry quand ce dernier se tourna pour rattraper Louis.

Harry sentit son estomac se nouer face à l'angoisse qui se lisait sur le visage de Louis. Il détestait se sentir impuissant. Il avait organisé toute sa vie pour éviter cette sensation déplaisante, terrible. Et pourtant, il lui fallut l'endurer quand il s'obligea à rester immobile, regardant Zayn se lancer à la poursuite de Louis.

Laisse moi te posséder - Larry Stylinson (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant