Chapitre 40

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Nous arrivons à bout de souffle devant le bureau de Mélissa.

M : qu'est-ce qui vous arrive ? Pourquoi vous êtes dans cet état ? Nous demande-t-elle en ouvrant la porte.
-Problème de réveil, on a dû courir pour arriver à l'heure.
M : Mais ? Il est quatorze heures.

Je hausse les épaules, on s'est couchés tard hier soir.
Son regard soucieux se pose sur nos mains accrochées l'une à l'autre. Je retire la mienne, gênée. Ce contact me paraît tellement familier que j'en avais oublié ma main dans la sienne.

Nous nous installons et Mélissa débute.

M : J'aimerais que vous me racontiez, chacun avec votre point de vue, le soir où Stella est arrivée à l'hôpital.

D'un signe de tête, j'incite Finn à commencer. Il prend une longue inspiration et se lance.

F : En fait, ça commence plus tôt. C'était en rentrant de notre voyage à New York, elle n'a pas voulu manger à l'hôtel ni à l'aéroport, mais je pensais qu'elle était simplement un peu brassée à cause des transports. Je lui ai quand même fait promettre de manger en rentrant. Le lendemain, avec ma famille, nous sommes allés manger chez elle. Au début, la voir m'as fait tellement de bien que je n'ai pas remarqué, je n'ai pas remarqué à quel point elle avait l'air fatiguée, à quel point son teint était terne. C'est après que je l'ai vu, elle semblait tellement moins joyeuse, elle ne souriait presque plus. À table, elle ne mangeait pas. Elle a eu beau rassurer ma mère, moi, je ne l'étais pas. Je l'ai regardé avec insistance, trop d'insistance. Alors, sûrement, pour que je la laisse tranquille avec mes craintes, elle a mangé ce bout de salade avec lequel elle jouait depuis cinq minutes. Aussi petit était-il, ça a suffi. Ses yeux se sont perdus dans le vide comme si elle luttai pour rester éveillée puis elle a fini par les fermer et elle est tombée. Sa sœur pleurait, ma mère tentait de la rassurer, ses parents essayaient de la réveiller, mon père à appelé les secours et moi. Moi, je suis resté les bras ballants, les bruits me semblaient lointains, je ne voyais que Stella, inanimée au sol. J'aurais aimé... J'aurais aimé que...

Sa voix se brise sur ces mots et il baisse la tête. J'entrelace mes doigts avec les siens, parce que sa douleur me fait mal, pour lui montrer que je suis là.

M : Finn, tu as tout le temps qu'il te faut, mais c'est important que tu finisses.

Alors il plante ses yeux dans les miens et continue son récit.

F : j'aurais aimé savoir quoi faire, j'aurais aimé la tenir contre moi, savoir qu'elle allait bien, j'aurais aimé que nous soyons loin d'ici, qu'elle soit en bonne santé, j'aurais aimé qu'on ne se soit pas disputés pour qu'elle n'ai jamais eu à se poser ces questions qui l'ont emporté.
Je ne suis sorti de ma transe que lorsque l'ambulance est arrivée, je les ai vus l'emmener. Son père m'a laissé prendre sa place dans le camion alors je suis monté avec sa mère. L'infirmière nous a expliqué des choses avant de lui faire une piqûre, mais je n'ai pas écouté, toute mon attention était captée par son visage, immobile, impassible. J'ai pris sa main, je savais qu'elle ne le sentirait pas, mais c'était pour moi, pour me maintenir en vie, pour ne pas céder à la panique, parce que c'est ce qu'elle fait quand je ne vais pas bien.
Quand on est arrivés, ils l'ont tout de suite emmené, on est restés dans la salle d'attente, ça m'a paru long, tellement long. Pourtant seulement quinze minutes après on a pu venir te voir.

Le changement de personne dans sa dernière phrase me frappe, il ne raconte plus une histoire à ma psy, il s'adresse directement à moi.

F : Quand les médecins ont dit que tu allais bien je ne les ai même pas crus, j'étais toujours aussi inquiet. Je suis resté avec toi jusqu'à ce que tu te réveilles et quand ta main a bougé dans la mienne et que tes yeux ont croisé les miens, j'ai eu l'impression que je respirai pour la première fois depuis que tu avais perdu connaissance. Ce soir-là, Stella, j'ai cru te perdre, pour toujours.

Broken heart {FW}Where stories live. Discover now