ANGE ET DEMON, UNE LEGENDE D'ASGARD - TOME 3

Chapitre 12

(Loki songe)

- « Secrets d'état, inspections militaires, revendications des nobles et du peuple, je n'en peux plus ! Je me demande si je suis vraiment fait pour le métier de roi, père aurait peut-être mieux fait de ne désigner que toi. J'étais bien plus heureux à l'époque où je pouvais me contenter de mes entrainements quotidiens et des combats avec ces maudits géants des glaces. Qu'en penses-tu, mon frère ? »

Thor a frappé à ma porte en milieu de matinée et ne cesse de parler depuis près d'une heure. Marie étant absente, il en profite pour faire étalage de ses états d'âme et du regret de son ancienne vie pleine d'insouciance. Je l'écoute d'une oreille distraite, cherchant un prétexte pour lui demander de partir. Alors que je suis sur le point d'inventer une visite au général en chef de mes armées, il aborde soudain le sujet que je voulais à tout prix éviter :

- « Tu as vu comme Tallia a grandi ces derniers temps ! C'est vraiment devenu une magnifique jeune fille ! Je regrette parfois de lui avoir consacré si peu de temps durant ses premières années mais je n'étais pas fait pour m'occuper d'un enfant... Heureusement que Marie et toi étiez là. Je voulais te demander, où en est son initiation ? Te donne-t-elle satisfaction ? »

Je baisse les yeux devant l'ironie d'une telle question et réponds d'un ton neutre :

- « Oui, assurément. Ta fille a d'excellentes aptitudes. Elle sera une grande sorcière protectrice d'Asgard qui saura veiller après moi sur la sécurité du royaume. »

- « Avec un maître comme toi, le contraire m'eut étonné ! Nul n'aurait pu mieux la former. Je ne te remercierai jamais assez, mon frère. »

Alors que le dieu du tonnerre me serre dans ses larges bras, j'ai le plus grand mal à lui rendre son accolade. Je mesure le poids de ma faute et la honte qui m'envahit en cet instant m'empêche presque de respirer.

Levée de bonne heure, je me suis rendue ce matin en compagnie de Samia assister à un cours de Maître Hagar. Il y a été question des philosophes des lumières sur Midgard et j'ai acquis de nouvelles précieuses connaissances concernant les idées abolitionnistes. Curieusement, alors que mon seigneur ne me laisse quasiment aucune liberté, il ne m'a jamais empêchée d'enrichir ma culture, ce dont je lui suis particulièrement reconnaissante. Après la leçon, je décide d'aller trouver ma fille adoptive, invisible depuis plusieurs jours. J'espère de tout cœur réussir à opérer enfin un rapprochement entre nous.

Alors que je suis obligée de frapper plusieurs fois à sa porte, Tallia se décide enfin à m'ouvrir et m'accueille avec une froideur devenue habituelle :

- « Ah, c'est vous ! Je suis occupée à l'étude de mes manuels de sorcellerie. Pourquoi cette visite ? »

J'ai le plus grand mal à cacher ma déconvenue mais me permets quand même de me justifier :

- « Sûrement parce que je t'aime et que tu me manques beaucoup en ce moment. Nous ne nous voyons quasiment plus ! Ne voudrais-tu pas que nous allions ensemble rencontrer l'habilleuse du palais, pour te choisir de nouvelles robes ? »

Je connais la coquetterie de la jeune femme et espère de cette façon attirer son attention, hélas sans aucun succès :

- « Je suis désolée, mais c'est impossible. Mon maître m'a donné de nombreux textes à étudier et c'est ma priorité de ne pas le décevoir. Je m'occuperai de mes vêtements une autre fois. »