CHAPITRE 4

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" J'ai cueilli ce brin de bruyère

L'automne est morte souviens t'en

Nous ne nous verrons plus sur terre

Odeur de temps brin de bruyère

Et souviens-toi que je t'attends. " - Apollinaire

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J'ai cinq sœurs.

La première, c'est Hortense. Elle n'habite plus chez nous depuis trois ans, elle a un appartement dans la banlieue de Londres qu'elle partage avec un " colocataire " bien que tout le monde dans la famille sache pertinemment  qu'ils sortent ensemble. Elle fait des études de médecine, et elle est " l'espoir des Tomlinson ". Bien sur, l'espoir n'est pas sur moi. Aucune chance.

Ensuite, il y a Jeanne. Dix huit ans dans deux mois. Grande, belle, des cheveux roses bonbons, une passion pour l'audiovisuel et la bande dessinée. On va dire que c'est une artiste incomprise. Une artiste qui aime les soirées, les mecs, les trucs mignons et les crêpes à la confiture. Je l'aime bien, parce qu'elle ne se prend pas au sérieux.

Après c'est Camille. Quinze ans, en pleine crise d'adolescence. Appareil dentaire, chagrin d'amour, régime, rendez vous chez le dermatologue. On ne se parle pas beaucoup elle et moi, et puis de toute façon elle ne parle pratiquement à personne dans la maison, elle préfère la compagnie de son ordinateur ou de son portable. On ne va pas s'en plaindre.

La quatrième, c'est Agathe, treize ans. Enfin, c'est plutôt ma demi sœur à vrai dire. Ma mère l'a eu avec un mec dont elle ne connaît même pas le nom, mais elle a refusé d'avorter alors bon... Agathe a les cheveux roux naturellement. Et des yeux un peu dorés. Elle est silencieuse, discrète... intello. Ce n'est pas un reproche bien sur, parce que j'adore ma sœur. Je pense que quoi qu'en dise maman sur le parcours brillant d'Hortense, c'est elle qui ira le plus loin. Elle le mérite en tout cas.

La petite dernière, c'est Alice. Six ans. " Un petit accident de la semaine où mon père est venu renouer les liens avec ma mère mais que finalement il est reparti la queue entre les jambes. Ou presque. " Alice je l'adore, c'est mon petit rayon de soleil.

Donc oui, en règle général, je suis content d'avoir autant de sœurs.
En règle général. Pas quand je pousse la porte de la maison avec mon coeur qui se contracte douloureusement. Pas quand je viens de rentrer de chez Tess et que je n'ai qu'une envie, dormir pour l'éternité. Pas quand je viens de faire un passage par le parc et que je me suis planté devant le banc en contemplant mes mots et ceux de l'inconnu, assemblés depuis une semaine maintenant, et que je me suis répété pendant un quart d'heure que j'étais quand même sacrément con.

Pas quand je ne vais pas bien et qu'elles se jettent sur moi en hurlant des hourra. Même Camille. C'est un exploit.

Je m'extirpe de la mêlé et j'enlève mon blouson, essayant de déloger Alice qui a pris possession de ma jambe droite.

" Je peux savoir ce qui se passe ?

Jeanne sautille sur place, le téléphone fixe à la main. Je remarque que les pointes de ses cheveux sont mauves. C'est joli.

Sensations - Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant