Sensations - Larry Stylinson

Chapitre 21

" Je lui dis que je suis dans une tristesse que j'attendais et qui ne vient que de moi.

Que j'ai toujours été triste. Qu'aujourd'hui cette tristesse,

tout en la reconnaissant comme étant celle que j'ai toujours eu,

je pourrais presque lui donner mon nom tellement elle me ressemble. "

- m.duras

Je tiens mon verre de jus d'orange entre mes mains, examinant la pièce autour de moi. C'est assez... Étrange ? Il y a des bougies partout, des coussins multicolores, des icônes bibliques sur les murs et des photos d'enfants qui rient, et d'autres d'adultes qui trinquent à une table sous le soleil d'été.

La vieille femme face à moi me sourit gentiment. Elle a l'air très douce, mais ses yeux sont aussi perçants que ceux d'Harry, je viendrais presque à me demander si ce n'est pas sa grand mère cachée.

Pourtant Harry m'a expliqué, avant de venir, que c'était seulement une vieille dame qu'il adorait depuis tout petit, et chez qui il se réfugiait lorsque rien n'allait. Et il m'a aussi embrassé, juste devant la porte, mon corps collé contre le sien.

Harry revient justement de ce que je suppose être la cuisine, un verre d'eau à la main. Il le tend à Mme.Berry qui le remercie d'un sourire, avant de revenir s'installer près de moi. Je le sens... A la fois tendu et heureux. Comme si il avait peur que cette rencontre importante à ses yeux se passe mal.

-Alors tu es le Louis de Harry, commence la vieille dame avec son éternel sourire.

Je hoche la tête. Je trouve ça mignon. " Le Louis de Harry. " C'est sûrement ce que je suis à vrai dire.

-Oui.

-Il m'a beaucoup parlé de toi tu sais.

Harry fait une petite grimace. Il passe nerveusement la main dans ses cheveux, mais n'intervient pas. Je crois qu'il a trop de respect pour cette vieille dame pour lui dire quoi que ce soit.

-Alors, Louis, qu'est ce que tu fais dans la vie ?

Cette question me tord l'estomac d'habitude. Parce que je n'aime pas raconter. Les gens ont le jugement facile, et quand tu leur dit que tu fais des petits boulots de droite à gauche, que tu as eu du mal à  finir tes études ou que tu vis toujours chez ta mère, ils ont ce sourire moqueur particulièrement détestable. Mais là c'est différent. Je crois que j'ai confiance, je sais que Harry comme Mme.Berry comprennent.

Alors je raconte. Je passe une heure à parler, à répondre aux questions, à tenter de mettre des mots sur ma vie, je raconte mes soeurs, ma mère, mon travail, Emily, même Tess, et je raconte un peu Harry, notre rencontre, et Mme.Berry a l'air heureuse que je raconte tout ça, toutes ces choses qui ne sont pourtant rien mais qui définissent ma vie.

Harry écoute mais je sens son regard s'attarder sans cesse sur mon visage. Son genou vient frotter le mien sans arrêt et je m'arrête dans mes phrases, parce que c'est vraiment décontenançant. Je me rappelle de ce même genou nu contre ma cuisse et... Hm.