CHAPITRE 14

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" Pourquoi croise-t-on des milliers de personnes et ne s'éprend-on que d'une seule ? " - Musso


Cette nuit il a plu. Le parc est sali de boue, et les arbres pleurent encore, dès que le vent vient caresser leurs branches sombres. Je marche, les mains dans les poches de mon sweat, cette petite boule au ventre qui ne me quitte plus à présent.



J'ai besoin de le voir.



Je ne sais pas pourquoi lui, pourquoi pas Tess ou Emily. Je les connais mieux après tout... mais non. C'est de lui dont j'ai besoin à présent. De sa présence silencieuse, de la façon dont ses yeux verts me détaillent, de la chaleur de son coude lorsqu'il frôle le mien, de ses soupirs, du mouvement souple avec lequel il repousse son épaisse chevelure, de son odeur de cigarette et de vanille, de son sourire sur le côté.



J'ai besoin d'Harry.



Il est là bien sur. Le soir qui tombe autour de lui, découpe sa silhouette et le réverbère éclaire le brun de ses cheveux. C'est la lumière qui pleut sur ses épaules. C'est le vent qui fait onduler ses boucles, et trembler sa main, au bout de laquelle s'agite une cigarette. Il est beau.



Il tourne la tête vers moi dès qu'il m'entend arriver. Je n'arrive pas à lire sur son visage. Il a toujours ce masque neutre, qui serait agaçant si il ne lui convenait pas si bien. Je m'approche et on se regarde sans rien dire. Il est le premier à percer le silence.



" Bonsoir Louis.

- Bonsoir.



Un sourire penché. On s'assoit sur le banc mouillé. J'ai envie de son contact, alors nos épaules se touchent. Sa chaleur est douce et rassurante. La mienne, l'entoure. On ne parle jamais beaucoup, il n'y a rien à dire. Je ne sais pas ce qu'est sa vie. Je ne sais pas où il habite, à quel heure il se lève, si il va au lycée. Je ne sais rien, et je m'en fous. Je crois que lui aussi, s'en fout, de mon environnement. Il connaît Alice. C'est assez, je pense.


La seule chose qui nous pousse à nous retrouver chaque soir, c'est cette envie, ce besoin, de ne plus être ignoré. Au moins pour une heure. J'aime bien ce sentiment qu'avec lui, les secondes ne valent rien. Le temps s'arrête, c'est juste nous deux sur le banc, paumé mais au sec, paumé mais ensemble. Et pour ce qui me semble une éternité.



" Pourquoi " merci " ?



La question est tombé comme une feuille morte s'écrase sur le sol. J'hausse d'abord les épaules. Mais je suppose que ça ne lui suffit pas, et qu'il veut savoir. Et moi j'estime qu'il me doit quelque chose, dans ce cas. Ma jambe tressaute contre la sienne, je fixe l'embout rougi de sa cigarette, j'attends que le feu est totalement avalé la partie blanche, avant de soupirer.



" Ok... Je réponds, si tu réponds à ma question.

Sensations - Larry StylinsonWhere stories live. Discover now