CHAPITRE 9

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" C'est l'extase langoureuse,

C'est la fatigue amoureuse,

C'est tous les frissons des bois

Parmi l'étreinte des brises. " - P. Verlaine

Le mercredi soir, chez moi, c'est conseil de famille. Pour la simple raison que c'est le seul jour de congé de ma mère. On s'assoit tous autour de la table du salon, on mange japonais (allez savoir pourquoi) et on se parle. Parce que " c'est important de maintenir le dialogue dans une famille nombreuse " d'après Jeanne.

Du coup, je suis assis en tailleur, le chat sur les genoux, Alice qui me tire les cheveux et ma mère qui me dévisage avec un sourire de BN. Ma mère, elle est très jolie, avec ses longs cheveux bruns, son rouge à lèvres et ses vêtements qui brillent un peu quand elle bouge. Elle sent le jasmin. Mais elle a toujours cette lueur dans les yeux, qui ne trompe personne. Elle est là sans l'être. Mais personne ne lui en veut. On parle de mon nouveau travail, parce qu'on a épuisé le sujet " Hortense notre adorable soeur qui habite à des centaines de kilomètres est vraiment douée et a réussi tout ses partiels ! ".

" Ta patronne est gentille alors ?

- Oui. C'est une vieille... Elle voit que dalle alors je lui fait la lecture parfois, quand y a pas de clients.

Camille lève les yeux au ciel ( parce que la discussion l'ennuie et qu'elle a très envie de retourner sur l'ordi ) et me vole le dernier sushi. Ma mère sourit et Jeanne reprend.

- Je croyais que tu l'aimais pas... Le jour de ton entretien c'était pas gagné entre vous deux non ?

- Oh oui, mais celle là n'est jamais à la librairie en fait. Je crois que c'est la fille de la vieille, enfin dans tout les cas, je n'ai pas eu à lui parler depuis mon entretien.

- Tu t'es fait des amis parmi tes collègues ?

- Ouaip. La stagiaire qui travaille avec moi est sympa.

- Tu sors plus avec Tess ?

- J'ai dit sympa.

Ma mère se lève et débarasse la table en un tour de main. On ne parle plus tandis qu'elle est à la cuisine. Alice me fait une coiffure improbable, et je me laisse faire. Jeanne me dévisage depuis le début du repas, et je n'en peux plus. Je crois qu'elle hésite à dire à ma mère que je ne vais pas bien, et sincérement, je préfèrerais qu'elle se la ferme. Maman revient, avec un gateau au chocolat qui n'a rien de japonais.

- Au fait, tu te sers de ta guitare ?

- ... Euh ouais. Bien sur !

- Tant mieux, je suis contente qu'elle te plaise.

Je souris un peu et je laisse échapper un glapissement parce que Alice vient de m'attacher les cheveux avec un chouchou. Et ça fait mal. En plus, j'ai trop peu de cheveux pour que ça tienne. Je me dégage en grognant et le chat saute de mes genoux pour filer sous la table. Ma soeur prend bien vite sa place et me fait un câlin en riant.

- Lou tu ressembles à une fille comme ça ! "

Ma mère éclate de rire, mes autres soeurs avec elle. Parfois, j'adore vraiment Alice.

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Sensations - Larry StylinsonWhere stories live. Discover now