Départ pour la Lórien

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Les chefs d'équipage firent les dernières vérifications. À défaut, je pensais voyager dans les bras de Legolas, afin de garder en mémoire l'étreinte de mon cher et tendre. Hélas, ma déception fut grande. Nous devions voyager chacun sur une monture séparée afin de ne pas éveiller les soupçons de l'ennemi.

Le soleil hivernal faiblissait. Le jour déclinait lentement laissant, bientôt, sa place aux nuages et au crépuscule. Le climat était glacial. Nous étions en plein hiver. Legolas m'aida à m'installer sur ma monture et il prit place sur la sienne.
Les hauts elfes donnèrent le signal de départ.

_ "La neige nous tiendra compagnie ce soir." Proclama Gandalf, en grand prophète météorologue.

Nous nous enfonçâmes bientôt dans cette sombre forêt.
Notre allure était loin de ressembler à une balade touristique. Les chevaux galoppaient à brides abbatues. Nous devions faire vite et profiter de l'avantage que nous avions grâce à la diversion. La présence de mes doubles était un atout non négligeable.
Nous progressions rapidement vers le sud. J'étais placé au milieu du cortège, Legolas et Gimli fermaient la marche. Très vite, nous atteignîmes Emyn Duir que nous contournions par l'Ouest.
Cette chevauchée me permit de me poser mille questions sur: le déroulement du voyage, les conditions de la traversée de la forêt, la destination et surtout les imprévus. Tous ces petits grains de sable qui pouvaient entraver le bon déroulement de notre plan. Je voulais chasser tout cela de mon esprit. Je devais rester en alerte et ne pas me laisser perturber par des hypothèses, des réflexions totalement abracadabrantesques.

La prédiction météo du mage se réalisa. La neige tomba en gros flocons. Elle recouvrit rapidement une terre déjà gelée. Heureusement, les grands arbres nous offraient un abri contre le vent. Mon coccyx me faisait atrocement mal. Je n'étais pas une cavalière émérite. Je ne cessais de gesticuler sur le dos de Douce-Etoile. Ma gesticulation commençait à irriter la jument, qui obéissait de moins en moins aux ordres. Cela ne passa pas inaperçu aux yeux des deux cavaliers qui me suivaient.
Le prince héritier ordonna à la tête du cortège de faire halte.

_ "Faisons une halte!"

A peine avait-il prononcé ses mots que je posa un pied au sol.

_ "Que faites-vous, Adénaïs? Qui vous a autorisé à descendre de votre monture?"

Tous leurs sens étaient en alerte.

_ "Je dois me dégourdir les jambes, Legolas!" Le suppliais-je.

Il plaça son cheval juste à côté du mien, me barrant le passage. J'étais prise en sandwich et ainsi j'étais protégée.

_ "Marchez sur place!" Me suggéra-t-il. Avait-il cru que cela allait être suffisant?

_ "Je dois vous dire, aussi, qu'il faut que je me soulage la vessie. Avec ce froid, c'est une véritable torture." Trouvant un prétexte pour faire quelques pas.

_ "Hâtez-vous et ne vous éloignez pas!"

Tous le regardèrent avec compassion. Gandalf lui offrit un sourire.
Je me cacha derrière le premier buisson venu.
Après avoir uriné, il m'aida à me remettre sur selles. Les douleurs reprirent de plus belle. Je serrais les dents. Nous continuâmes notre périple.
En plein milieu de la nuit, nous nous sommes enfouis plus profondément dans la forêt. Nous avions pris la direction de la brèche de l'est. Peu de temps avant d'y arriver, nous bifurquâmes à l'ouest pour atteindre la lisière de Vert Bois et par la suite nous gagnâmes le champs aux iris.
La nuit allait toucher, bientôt, à sa fin lorsque nous arrivâmes à destination.
Je m'attendais à voir une prairie remplie de fleurs, or je ne vis que des marécages.

_ "Pourquoi avoir donné un si joli nom à un lieu si lugubre?" Questionnais-je mes compagnons.

_ "Autrefois, il y avait un lac à l'emplacement de ce bourbier. En été, ces terres sont recouverts d'iris aussi hauts qu'un homme. Vous devriez les voir au printemps. Ce lieu est d'une beauté inégalable, avec toutes ses couleurs chatoyantes. Aussi beau et apaisant soit-il, cet endroit a une histoire terrible. Des grands personnages ont péri ici." M'annonça Gandalf, étalant tout son savoir.

LÉNA OU UN ETRE PEU ORDINAIRE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant