LÉNA OU UN ETRE PEU ORDINAIRE

Léna ou Adénaïs

_ "Ô Elbereth qui enflamma les étoiles!
De l'étincelant cristal déclinant
Tombe des cieux là-haut,
Avec une lumière pareille aux joyaux,
La gloire de la foule étoilée.
Vers des terres reculées, j'ai observé au loin,
Et maintenant, pour toi, Fanuilos
Brillant esprit vêtu de blanc éternel,
Je vais chanter ici par-delà la Mer,
Par-delà la vaste Mer séparatrice."

Je le répéta encore et encore, en espérant qu'elle puisse conjurer le sort qui la retenait loin de moi.

Le jour s'était pleinement levé.

J'allais réciter une nouvelle fois cette prière salvatrice lorsque Léna fut prise de tremblements.
J'étais comme connecté à son esprit. Je pouvais,maintenant, avoir accès à des images gravées dans sa mémoire.
Toujours consciente, je pris la décision de la questionner.

_ "Où se déroule la scène, Léna?"

_ "Je suis chez moi, dans le jardin."

_ "Que faites-vous et qui sont les gens qui t'entourent?"

_ "je m'amuse avec mes cousins."

_ "Quels sont ces accoutrements?"

_ "Ce sont des déguisements."

_ "Tu participais à un bal masqué!"

Toujours en transe, elle continua à me répondre.
_ "Nous fêtions Halloween."

J'étais plein de curiosité.
_ "Qu'est-ce que Halloween?"

_ "C'est une fête païenne. On s'amuse à se déguiser. Parfois, on se fait peur."

Le film de ses souvenirs poursuit sa progression.
Je la vois, au milieu d'un cercle, être frappée par un éclair.

_ "Léna, m'entends-tu toujours?"

_ "oui."

_ "Explique-moi pourquoi tu te trouve au centre d'un pentacle." Fis-je horrifié.

_ "Mon cousin a pour coutume de faire ce genre de rituels, lors de ces soirées."

_ "Des rituels, quelle drôle d'idée!
Où a-t-il trouvé le dessin de ce symbole?

_ "Je ne sais pas."

_ "Quel incantation a-t-il récité? Où se l'est-il procuré?

_ "Je ne sais pas."

Je me sentais soulagée de savoir qu'elle ne se souvenait pas des paroles. Ainsi elle n'aurait pas l'occasion de retourner dans son monde. C'était une pensée totalement égoïste de ma part mais légitime. Je m'étais promis de la réprimander dès que je le pourrais. Faut-il être inconscient ou stupide pour s'amuser ainsi avec la magie, aussi obscure soit-elle?

La prochaine image apparaissait devant nos yeux.

_ "Qui sont ces gens?"

_ "Je ne les connais pas vraiment. Ils m'ont aidée. Ils m'ont recueillie, habillée, nourrie et hébergée."

_ "ils t'ont secouru et c'est tout à leur honneur."

Une autre scène apparut devant nous. Je sentis Léna trembler entre mes mains.
Je la voyais être la proie du chef des huruk-haïs . Il avait osé poser ses sales pattes sur sa peau. J'eus des haut-le-cœur lorsque je vis cet énergumène se délecter à passer sa langue sur son visage. Inconsciemment, j'avais resserrer l'étau autour de sa tête.
Léna s'empara de mes mains et, à demi-mot, me demanda de relâcher la pression exercée sur son crâne. Je m'exécuta car j'étais dans la capacité de la tuer en moins de temps qu'il me faut pour dire: vin.

C'était cauchemardesque! Je voyais des corps mutilés; du sang était répandu au sol. Étrangement, cette scène ne m'était pas inconnue. Lors de notre séjour à Imladris, elle en avait fait des cauchemars. À ce moment, n'ayant pas toutes les clés en ma possession, je ne pouvais les considérer autrement. Désormais, je ne pouvais nier que c'était des réminiscences, des souvenirs enfouis au plus profond de son être.