LÉNA OU UN ETRE PEU ORDINAIRE

Une cruelle réalité

Le coeur rempli d'amertume, le roi ne pouvait s'empêcher d'en vouloir à la dame de Lórien. Elle n'avait pas tenu sa promesse. Elle lui avait promis que l'accouchement se déroulerait sans accrocs.
Rien ne s'était passé comme l'avait souhaité Thranduil. Personne n'avait envisagé une telle issue.

_ "Seigneur Thranduil, confiez-moi votre enfant. Je vais la conduire auprès de sa nourrice. Nous allons nous occuper d'elle si vous le voulez bien. Pendant ce temps vous vous chargerez d'Adé...de Léna. Vous seul êtes capable de venir à son aide."

Il pivota lentement vers Galadriel.
_ "Je vous considère comme l'unique responsable de ce qui lui arrive, Tenez-le-vous pour dit!
Néanmoins, je ne peux nier l'évidence même! Je ne peux m'occuper d'elles deux."

_ "Je comprends fort bien qu'il vous faut un bouc-émissaire mais sachez, seigneur Thranduil, que mettre un enfant au monde est loin d'être un acte banal et anodin. Nombreux sont les pères de famille qui perdent leurs femmes, lors de l'accouchement. Imaginez un seul instant, ces bébés naissant dans ce monde, orphelins d'un parent."

_ "C'est un phénomène courant dans ce monde! Avez-vous oublié que mon fils, héritier de Vert-Bois, a grandi sans la présence de sa mère et que j'ai moi-même grandi avec l'absence d'un de mes parents." Dit-il en se tenant encore plus droit qu'à l'accoutumée. Cela eût pour but de le rendre plus majestueux mais aussi impitoyable dans ses propos.

_ "Je n'ai rien oublié! Une majorité de nos sujets voyaient une malédiction poursuivant la lignée d'Oropher. Je me suis fait la promesse que cela ne se reproduirait pas avec votre deuxième enfant." Galadriel reprit sa respiration et un silence assourdissant remplit la pièce, puis elle reprit:
"La maman se porte bien. Vous devriez louer les Valars au lieu de chercher un coupable. Tous n'ont pas cette chance!"

Le seigneur Thranduil réalisa qu'il aurait pu perdre femme et enfant. Il se sentit chanceux, d'une certaine façon.
Il posa ses lèvres sur le doux front de sa petite fille et la tendit à sa marraine.

Elrond et sa belle-mère quittèrent les appartements royaux en compagnie de la princesse, laissant le seigneur de Mirkwood et Léna derrière eux.
Le grand blond fixa la porte durant de longues minutes, réfléchissant à la manière dont il allait procéder.
Devait-il employer la méthode douce ou la force?
Le temps lui était compté avant leur retour à Vert-Bois donc il opta pour la solution la plus radicale.
Avant d'agir, il ordonna au premier serviteur qu'il vit de lui apporte de quoi s'alimenter et s'hydrater. L'elfe s'inclina vers l'avant en signe d'obéissance puis s'éclipsa rapidement afin de pouvoir exécuter les ordres du grand roi.
Dès que le plateau fût à sa disposition, il se servit un grand verre de vin qu'il but d'une traite. C'était une manière bien à lui de se donner une certaine forme de courage; étant donné que la suite des événements n'allait pas être une partie de plaisir.
Devait-il brusquer la jeune femme au risque de la perdre pour toujours?

Il fit volte-face et observa la pauvre créature recroquevillée dans un coin de la pièce. Il avait l'impression d'être revenu quelques mois plus tôt, lorsqu'il fit sa rencontre pour le toute première fois. C'était à nouveau un être fragile, apeuré, désorienté qui se tenait là devant ses yeux.

Je m'étais endormie mais cela n'empêcha pas les frissons de parcourir mon corps.
Thranduil saisit quelques bûches et alluma un feu dans la cheminée.
Sa lumière éclaira la pièce d'une douce lueur.
Il s'appuya à la table et il m'observa longuement. Son regard parcoura ma silhouette puis ne supportant plus de me voir allongée sur le sol, il se dirigea vers moi. Il plaça ses bras sous mon corps et me souleva avec beaucoup de délicatesse. Il me serra contre lui. Il huma mes cheveux et posa ses lèvres sur mon front.
Il craignait, à chaque seconde, de m'avoir extirpée de mon sommeil. C'était avec regrets qu'il m'installa sur le lit. Durant ce court instant, il avait l'impression d'avoir retrouvé une certaine paix intérieure.