LÉNA OU UN ETRE PEU ORDINAIRE

L'affrontement

Les hommes avaient déserté le camp.
Il ne restait plus que les femmes et les elfons, qui étaient bien trop jeunes pour le champ de bataille.
Nous attendions patiemment le début mais surtout la fin de cette guerre.
Toutes priaient, je me joignis à elles.
Puis une longue supplique s'éleva dans les airs. Ce chant était mélancolique, triste. Elle imposait le recueillement.
J'avais demandé à dame Galadriel la signification de cette chanson. Elle m'expliqua que cette chanson, dans sa première partie, était à la mémoire des soldats partis trop tôt. Puis, dans une seconde partie, cette mélopée était une prière dédiée à Mandos. Ces femmes priaient le dieu, gardien des cavernes et des âmes égarées. Elles le suppliaient de ne pas retenir trop longtemps les âmes prisonnières de ses geôles et de les reconduire vers leurs doux foyers. Cette chanson avait pour but de l'amadouer. Il n'était pas insensible aux voix des belles femmes si puissant soit-il.
Les pleurs des épouses se mêlèrent aux paroles.
Comment être insensible devant tant de détresse? Je me savais responsable de leurs douleurs et je compatissais. Je pleurais avec elles.

_ "Pourquoi pleurez-vous, mon enfant?" M'interrogea la Dame Blanche.

_ "Je pleurs car, comme elles, j'ai beaucoup à perdre, et j'ai peur pour leurs vies..."
Je fis une pause. Je repris mon souffle et finis par dire à haute voix ce qui m'inquiétait: "...pour sa vie!"

_ "Ayez confiance. Vous n'avez point à craindre. Ils rentreront tous sains et saufs."

_ "Je ne peux m'empêcher de m'inquiéter! Comment pouvez-vous être si confiante?" Dis-je, tout en faisant les cent pas tout en la réprimandant.

_ "L'espoir, très chère! J'ai foi en eux." Elle prit une profonde inspiration.
"L'espoir est la clé qui nous permet de ne pas sombrer dans la plus profonde des détresses et de maintenir le cap. Espérer est ce qui nous permet d'aller de l'avant, de nous projeter vers un avenir toujours plus paisible et radieux. C'est la seule chose qui nous permet de tenir bon. Et puis, n'oubliez pas, jeune fille, que mon époux se trouve, lui aussi, sur le champ de bataille et avoir confiance, c'est leur faire honneur et leur donner du courage." A ses mots, je me calma et pris la première chaise pour m'y asseoir.

Les combattants elfiques étaient disposés en rang. Ils étaient parfaitement alignés. Ils faisaient face aux monstres. Les elfes étaient calmes tandis que leurs ennemis trépignaient d'impatience.
Des elfes dotés de grands boucliers étaient placés en avant-poste. Ils servaient de remparts et formaient une barrière infranchissable. A l'arrière, une autre rangée était composée de cavaliers, dont les seigneurs de hauts rangs en faisaient partis.
Des archers, tel des tireurs d'élite, étaient embusqués dans les arbres, prêts à décocher leurs flèches. Les troupes avaient été déployées tout autour de la lisière de la forêt.
Les ents avaient pour ordre de ne pas bouger. Ils étaient postés aux abords de la tente. Ils s'étaient camouflés parmi les autres arbres.

Les deux camps se faisaient face. Une très large et lugubre steppe les séparait. La neige était immaculée, encore vierge de toutes souillures. L'atmosphère était tendue. Aucun son était perceptible.

Au grand étonnement des grands seigneurs elfes, un messager huruk se détacha de son peloton et s'avança. Il parcourut la moitié de la distance qui les séparait de leur rival.

Il s'exprima en langue noire.
_ "Nous vous offrons une dernière chance d'épargner vos vies. Remettez-nous l'humaine et le bâtard qu'elle porte."

Thranduil grimaça. Ses yeux se remplirent de haine. Il n'avait qu'une envie, c'était de lui faire goûter de son épée. Il voulait lui trancher la langue et séparer sa tête de son corps. Peut-être ferait-il moins le fier?

_ "Quelles sont vos desseins à son égard?" S'enquit Celeborn.

Thranduil ne quitta pas la bête des yeux. Il était prêt à fondre sur lui.
De la vapeur se dégagea de leurs bouches, à chaque mots prononcés et à chaque expiration.
La nuit était glaciale.