LÉNA OU UN ETRE PEU ORDINAIRE

L'accouchement

Je m'étais couchée sur le flanc car j'espérais que cela apaiserait la douleur; mais cela ne soulagea en rien ma souffrance.
Mes habits me gênaient. Je me tortillais pour essayer de les retirer. Les contractions étaient si violentes que je n'avais pas la force de me dévêtir. J'avais le souffle coupé. Je supplia Thranduil de m'aider. Je lui saisis le bras.

_ "Je n'arrive plus à respirer!"

_ "Déshabillez-la au plus vite, seigneur Thranduil! Pendant ce temps, je me charge de lui trouver une tenue confortable." Fit la dame de Lórien, prenant la tête des opérations.

Me voyant me débattre, sans hésiter une seule seconde, Thranduil m'installa sur le dos. Il me redressa légèrement et il commença à retirer ma robe puis la tunique blanche qui me servait de fond de robe. Il fit descendre ma tenue jusqu'à mes pieds.
Je m'étais retrouvée toute nue sur le lit, lui offrant une splendide vue; certes vallonnée mais splendide.

Galadriel se présenta devant nous avec une chemise blanche sans manches en lin de couleur écru.

_ "Aidez-la à enfiler ceci, je vous prie. Elle pourrait prendre froid et ce n'est pas le moment."

Le roi s'exécuta.

Les douleurs de la contraction se dissipèrent à nouveau. Quelqu'un frappa à la porte. Galadriel invita la personne à entrer. Elrond se représenta devant nous.

_ "Je suis venu aux nouvelles." Demanda le peredhel.

_ "Nous aurons besoin de matériel pour la venue de l'enfant." Lui répondit Galadriel.

_ "De quoi avez-vous besoin, madame?"

_ "Demandez à Rúmil de venir. Dites lui que l'heure est venue."

_ "L'heure est venue! Puis-je être utile à autre chose sinon de transmettre ces quelques mots?"

_ "Nous avions dressé, ensemble, la liste du matériel nécessaire à l'accouchement, ainsi que des différentes conduites à tenir. Elle aura besoin d'aide pour tout transporter."

Elrond inclina la tête et ressortit de la pièce. Son ami n'avait pas pris la peine de se retourner pour le saluer.
Peu de temps après, le gendre de la dame blanche refit son apparition en compagnie de la servante. Ils avaient tous les deux les bras chargés.
Rúmil alla déposer le matériel sur la petite table puis se dirigea en direction du seigneur d'Imladris afin de le débarrasser de sa charge.
Galadriel fixa Elrond dans les yeux. Il comprit que le moment fatidique était arrivé. La gente masculine devait se retirer de la suite afin de laisser la nature accomplir son œuvre.
A pas feutrés, il s'approcha de Thranduil. Il posa, amicalement, sa main sur son épaule.

_ "Mon ami, je dois vous demander de me suivre. Laissons ces dames s'occuper d'Adénaïs."

Le grand roi n'eut aucune réaction. Il n'avait pas l'intention de me laisser.

Galadriel insista.
_ "Seigneur Thranduil, il y a des événements auxquels un homme ne peut assister. Etre présent à l'accouchement peut vous écoeurer de l'acte charnel par la suite. La libération n'est pas le plus beau moment, croyez-moi." L'informa-t-elle.

Sous l'insistance de ses deux comparses, il se pencha et déposa un baiser sur mon front. Il se leva et prit la direction de la porte d'entrée. Avant qu'il n'eut le temps de la franchir, Galadriel l'interpela.

_ "Roi Thranduil, je dois vous poser une dernière question."

Il se retourna et lui fit face.
_ "Je vous écoute. Quelle est votre question?"

_ "Cela va vous paraître horrible. Je vais vous sembler sans coeur."

_ "Veuillez faire vite, vous avez du pain sur la planche!" S'impatienta-t-il.