Prologue

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    Il est 8h29, je suis à la bourre, comme d’habitude.  Et pourtant je suis réveillée depuis 5h17 ! Un comble ! Impossible de me rendormir, trop de choses tournent dans mon cerveau de psychopathe. Ai-je bien fermé les rideaux de la boutique hier soir ? Ai-je mis en route l’alarme ? Ai-je bien éteint l’éclairage ? J’ai l’impression d’avoir oublié quelque chose,  mais quoi ?! Je suis en train de faire des nœuds dans mon cerveau. Pourtant comme chaque matins,  j’arriverai à la boutique,  tout roulera comme sur des roulettes toute la journée  et demain je recommencerai à cogiter pour rien.  C’est dans ma nature d’être toujours angoissée.
    Et comme chaque matins je me suis dit que je pouvais traîner.  D’abord un café,  une clope, les infos à la télé,  re-café, faire tourner la machine à laver, vérifier que mes  chonchons ont à boire et à manger pour la journée et je me réinstalle dans mon lit avec mon portable pour voir si j’ai des mails ou des notifs. Je regarde l’heure… pff… 6h30 ! Faut que je sois au magasin à 8h45 pour préparer l’ouverture à 9h00, soit encore près de deux heures à tuer. J’ouvre mon appli Wattpad et je commence à lire une nouvelle romance écrite par une jeune auteure encore anonyme mais qui mériterait franchement d’être connue. Son histoire est passionnante.  Je tombe vite amoureuse du milliardaire tortionnaire sexy et ne peux me résoudre à m’arrêter tant que la jolie jeune fille naïve et douce ne craque pour lui.  J’en suis au chapitre 27 quand une envie pressante me prend. En râlant,  je repose mon téléphone et cours vers les toilettes en passant par la cuisine.  Et là,  horreur ! L’horloge affiche 8h29 ! Je ne suis même pas habillée ! Branle-bas de combat ! Petit pipi, déshabillage express, enfilage de slip, soutif , jeans, pull et chaussettes en un temps record. Direction la salle de bain. Coup de flotte glacée dans la tronche, brossage de dents, coup de brosse dans ma tignasse, regard vers le miroir au-dessus du lavabo : Ahh  ! Oh putain…c’est moi ! Je regarde l’heure :8h45 ! Bon, faut sortir l’artillerie lourde ! Les cheveux c’est pas possible, je les tire du mieux que je peux pour faire une sorte de chignon bas avec une tonne de laque pour faire tenir le binz. Fond de teint, anticerne , trait de khôl,  gloss et blush,  retour vers le miroir… ouais… ça passe.
     Je cours jusqu’à l'entrée, j’enfile mes bottes, prends mon sac  à  dos et y fourre mes escarpins. Je prends ma veste en cuir, attrape mon casque, mes gants et mes clés,  et je sors de mon appart' comme si j’avais le feu aux fesses. Je ferme à clé et dévale les escaliers plus vite que Flash Gordon .
     Quand j’ouvre la porte coupe-feu qui donne sur le hall de l’immeuble, un groupe de personnes me barre le passage. Comme si je n’étais pas déjà suffisamment en retard ! Certains sont en tenue de chantier avec des casques et des caisses à outils,  d’autres de dos en costume, et le dernier en face d’eux que j’ai déjà croisé,  vêtu d’un jean et d’une chemise bleue.  C’est le nouveau propriétaire  de l’appartement en face du mien. M. Bertrand, un homme d’une cinquantaine d’années,  très sympathique,  qui a acheté le logement pour sa fille qui doit rentrer en France à la fin de l’année et ouvrir un cabinet de psychologie.
     Je m’excuse en poussant les ouvriers de mon  chemin, salue mon voisin, et je ne sais pourquoi, au moment de pousser la porte d’entrée,  j’ai ce besoin de voir à quoi ressemble ces messieurs en costard cravate. Je me retourne et là,  le choc ! À sa vue, mon cœur fait un bond, une  boule me remonte dans la gorge, des fourmillements se font dans mon crâne.  Bordel,  je vais faire un malaise ! Faut que je sorte immédiatement !
     Qu’est-ce qu’il fiche ici ?! Je crois que je vais vomir ! J’ai dû halluciner,  c’est pas possible ! Adam… « mon » Adam. Et me revoilà projetée 15 ans en arrière.

Shaky LoveTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon