Chapitre 4

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-" Roger fais comme chez toi, installe toi. Si tu veux une bière c'est dans le tiroir du bas dans le frigo et si t'as faim il reste des pâtes de ce midi."

-" Le tiroir du bas en général c'est pas pour les légumes ?" me dit-il d'un ton provocateur.

-" Je t'ai dis qu'il y'avait des bières, tu vas pas faire le difficile si ?"

Ma réaction a l'air d'amuser le batteur qui me regarde en pouffant de rire. Il s'avance vers le canapé avec les mains dans les poches de sa veste en cuir fermée. Je l'observe, assis sur le sofa, avec ses lunettes de soleil sur le bout du nez, en intérieur, au beau milieu de la nuit. Je me dois de lui faire une réflexion à ce propos, c'est plus fort que moi.

-" Excuse moi, j'allais oublier le principal. La crème solaire est dans ma chambre, sur la table de chevet. C'est vrai que le soleil tape beaucoup dans mon 36m2...!"

-"Je sais très bien que tu dis ça par rapport à mes lunettes de soleil, et je remarque que c'est de la pure jalousie. Mes lunettes sont trop cool."

-"Oui oui Rog' tu as raison, ma jalousie maladive ne me lâchera donc jamais !" dis-je avec sarcasme.

-" Rog' ? " dit-il d'un air surpris alors que je ne réponds pas.

-" Eh fais pas celle qui m'entend pas, on devient super potes toi et moi!"

Je ne réponds pas et me dirige vers la salle de bain en me retenant de rire. Je commence à comprendre pourquoi le groupe apprécie autant Roger. Il est tout aussi désagréable que ce qu'il est agréable. C'est très bizarre à expliquer, mais je pense qu'avec le temps je devrais réussir à m'y faire.

Je sors de la douche environ 15 minutes après. Roger Taylor, ou pas Roger Taylor, je fais comme d'habitude et je me mets à mon aise car après tout je suis quand même chez moi. Un gros pull à l'effigie de David Bowie, un short noir et mes grosses chaussettes bien trop confortables. Mes cheveux, eux, sont relevés dans un vieux chignon clairement moche.

Je m'assois sur le canapé avec Roger et bois la deuxième bière présente sur la table. Le reste de cette soirée se déroule bien et le batteur reste chez moi bien plus longtemps que prévu, nous avons finalement de nombreux points communs, aussi fou que cela puisse paraître. Mais il est vrai que c'est un personnage haut en couleurs et j'irai même jusqu'à dire attachant. Mais bien évidemment après quelques verres, le sujet fatidique arrive dans la conversation. Le guitariste

-"Il est vrai que je le trouve mignon et il m'a l'air très sympa mais tu sais je ne le connais pas, franchement quoi ! Tu trouves pas que c'est un peu précipité pour ce genre de questions ? Et puis même si je le connaissais plus, je pense que j'aurai du mal à me remettre dans une relation. Entre tout ce qui se passe dans ma vie c'est compliqué... Mes études que j'ai lâché, le taff, Warren et..." Je me rends compte de ce que je viens de dire et coupe net, même si Taylor à très bien entendu ce que j'étais en train de dire.

-" Warren ? Tu parles du gars du bar ?"

-" Hum, ouais..."

-" C'est peut être un peu déplacé de demander ça mais c'est qui ce malade ? La situation a complètement dégénéré dès que tu l'as vu."

-" Et bien..."

Je prends une grande inspiration et lui raconte tout de A à Z en laissant place à quelques pauses sous le coup de l'émotion entre chaque chapitres. Si je devais résumer l'histoire, je dirai que Warren est un homme que j'ai aimé éperdument. Un amour de jeunesse, mon premier vrai grand amour. Du moins pour moi, apparement un peu moins pour lui. Il est légèrement plus âgé que moi. Je l'ai rencontré lorsque j'avais 18 ans, lui en avait 22. Il a profité de mon jeune âge et de mon manque d'expérience pour profiter des mes faiblesses et me torturer moralement. Parfois physiquement, sans que ça ne parte jamais bien loin, mais tout de même. C'était selon son humeur. J'étais esclave de cette situation. Après le décès de ma mère j'avais la tête complètement ailleurs, j'étais encore au plus bas deux ans après. Et une fois n'est pas coutume, c'est grâce à Mary si je me suis sortie de cette situation.

-" Mais si j'avais su ça je me serais interposé ! Enfin tu t'es bien défendue toute seule, très belle gifle j'aurais pas fait mieux." dit-il en ricanant pour détendre l'atmosphère.

-" C'est vraiment pas dans mes habitudes de réagir comme ça mais mon cerveau a juste déconnecté je pense."

-" T'as du cran Daya, j'aime bien !"

Afin de changer de sujet, je tente de faire une approche comique au sujet de Brian.

-"Et puis merde, je suis désolée, mais les sabots c'est pas possible" dis-je en riant.

-" Ça fait des mois que je lui dis mais il veut rien entendre. J'ai jamais vu quelque chose d'aussi laid." dit-il en riant à son tour.

La nuit passe à une vitesse folle et est bercée de rires pour tout et n'importe quoi. À tel point que la pendule de mon salon affiche 4H38 lorsque je prends l'initiative d'aller me coucher. Mais la mission ne s'annonce pas si simple que ça. En me levant du canapé je manque de tomber la tête la première en m'entravant au bord de la table basse, ce qui vaut un énième fou rire à Roger. Il faut dire que nous avons beaucoup bu et qu'à ce moment précis je ne me souviens plus très bien de la sensation de marcher droit. Le blond est lui aussi trop soul pour pouvoir rentrer chez lui en voiture ou même à pied donc il est évident qu'il reste à la maison. Le canapé n'est pas des plus confortables mais vu son état lamentable, je pense qu'il fera largement l'affaire. Je lui souhaite une bonne nuit en riant beaucoup pour pas grand chose. Sauf qu'une fois dans ma chambre, ma nuit ne semble pas aussi paisible que ce que j'espérais. Alors que j'essaye de fermer l'oeil, je n'entends que Roger qui est en train de chanter. Où plutôt de hurler.

-" Roger met la en veilleuse ! J'essaie de dormir ! "

-" i'M iN LoOoOVeE WiTh My CaAAAAaARrRrrR "

-" Oui et bien c'est pas mon problème, ni celui de mes voisins !"

-" Je suis inspiré !"

-" Alors prends un papier dans le placard et laisse moi dormir !"


Et c'est depuis cette nuit là, que Roger Taylor est devenu mon meilleur ami.

SAVE MEWhere stories live. Discover now