Mystery Virgin ~ [TERMINÉE]

❁ Chapitre 6 ❁

Chan avait été totalement déboussolé par cette découverte. Comment était-il censé passer outre le fait que sa secrétaire travaillait en tant qu’escort girl en dehors du bureau ? C’était tellement surréaliste qu’il avait même cru avoir rêvé de cette soirée. Au moins, le contrat avec Shige était signé, c’était déjà ça… Ça n'était pas possible, Chan avait dû faire erreur, il s’agissait très probablement d’une autre jeune femme qui portait le même prénom. Des japonaises vivant en Corée et qui s’appelaient Mina, ça ne devait pas être si rare que ça.

— Hé ? Ça va pas Chan ?

Le susnommé sursauta, Changbin venait d’entrer dans le même ascenseur que lui, il était tellement perdu dans ses pensées qu’il n’y avait pas prêté attention.

— Alors cette soirée ? Le contrat ?

— Impeccable ! finit par lâcher le directeur en tentant de faire bonne figure. 

— Bonne nouvelle ! Toi qui angoissais l’autre jour.

— Oui, j’ai paniqué pour rien, le partenaire était vraiment sympathique et tout s’est bien passé. 

Changbin lui mit une tape amicale sur l’épaule.

— Super ! On peut dire que ton premier contrat est un succès alors ! Ça va te permettre de faire bonne figure dans l’entreprise, et c’est très important. 

Son ami acquiesça, avec son poste de directeur, il oubliait parfois qu’il devait faire ses preuves auprès des employés plus anciens que lui mais aussi de la direction.

Sa conversation avec Changbin avait presque fait oublié à Chan qu’il allait devoir affronter sa secrétaire. Pourtant, lorsqu’il vit la jeune femme installée derrière son bureau, il prit son courage à deux mains et l’interpella.

— Bonjour Mina, je peux vous voir dans mon bureau quelques instants ?

La blonde haussa un sourcil avant d’obtempérer, elle suivit son chef à l’intérieur.

— Fermez la porte s’il vous plaît, lui indiqua Chan en accrochant sa veste au porte manteau.

Il appuya ensuite ses fesses contre son bureau, les mains sur le bord et observa quelques instants sa subordonnée, désormais plantée au milieu de la pièce, les mains jointes devant elle.

— Votre travail ici n’est pas assez bien payé ?

— Je vous demande pardon ?

— Écoutez, je me pose cette question étant donné qu’il semble que vous ayez un autre travail à côté. Alors est-ce que c’est ça le problème ? Votre travail ici ne paye pas assez bien ?

Mina roula des yeux tout en lâchant un soupir agacé.

— Vous m’expliquez ? insista son supérieur.

— Je n’ai clairement pas envie de vous en parler à vous, et même si j’en avais envie, vous ne comprendriez pas.

Chan décrispa ses épaules, peut-être qu’il avait été un peu trop agressif, s’il voulait que Mina se confie à lui, il devait la mettre en confiance.

— Écoutez Mina, si c’est une question d’argent, on peut peut-être s’arranger. Nous pouvons peut-être revoir votre salaire à la hausse, vous n’avez pas besoin d’aller jusqu’à vous prostituer.

Cette fois, la blonde planta son regard dans le sien.

— Je ne me prostitue pas. Vous voyez, c’est pour ça que je n’ai pas envie d’en discuter avec vous, vous voulez vous mêler de ce qui ne vous regarde pas et vous ne savez en plus pas de quoi vous parlez.

Chan soupira, il n’avait pas envie de se battre avec elle, il voulait juste l’aider. 

— S’il vous plaît, expliquez-moi, je veux vraiment comprendre, je veux vous aider.

— Vous êtes vraiment certain de vouloir vous mêler de mes affaires ?

Cette fois, le regard de la jolie blonde avait pris une lueur lubrique. Son supérieur déglutit mais ne se laissa pas impressionner.

— Oui ? Enfin je veux dire que je veux pouvoir vous aider, et pour cela je dois savoir de quoi il en retourne. Alors oui, s’il vous plaît, expliquez-moi.

Sa voix presque suppliante sembla beaucoup mieux convaincre Mina que lorsqu’il haussait le ton. La jeune femme fit un pas vers lui, d’une démarche presque féline qui ne manqua pas de surprendre Chan. Ses talons claquaient doucement sur le sol, et sa jupe crayon accentuait son déhanché.

— Je ne fais pas ça pour l’argent, dit-elle une fois devant lui, je fais ce travail parce que j’aime ça.

— Comment ça ?

Elle coinça sa lèvre inférieure entre ses dents et leva les yeux vers son supérieur tout en posant le plat de la main sur son torse musclé. 

— J’aime m’amuser avec les hommes… les mener par le bout du nez, les savoir à ma mercie… J’aime les voir perdre le contrôle et se plier à mes quatre volontés. Je prends un malin plaisir à les malmener, car ils ont beau jouer les dominants, au fond, dans l’intimité ce qu’ils aiment c’est se faire mener à la baguette.

Chan déglutit, à la fois surpris et totalement retourné par le comportement de sa subalterne. Il ne la savait pas si entreprenante, il la savait têtue et impétueuse, mais pas charmeuse comme cela. S’en était extrêmement perturbant. 

— J-je ne suis pas sûr de comprendre, murmura-t-il presque tandis que son regard ne pouvait s’empêcher de détailler chaque parcelle du visage de Mina.

La jeune femme gloussa avant de se reculer. Elle fit demi-tour et alla fouiller dans son sac à main avant de revenir avec une petite carte dans les mains. Elle la fit passer devant les yeux de Chan avant de la glisser dans la poche de sa chemise d’une manière agréablement sensuelle.

— Si l’envie vous prend d’essayer… Si la curiosité est trop grande… alors n’hésitez pas à m’appeler, susurra-t-elle à son oreille.

Chan frissonna et la laissa partir, incapable d’avoir la moindre réaction. Il ne savait pas s’il devait être soulagé que Mina fasse ce travail par plaisir ou au contraire s’en inquiéter. Il sortit la petite carte de visite de sa poche et y jeta un coup d’oeil. L’arrière plan satiné noir faisait ressortir l’écriture dorée. “Queen Mina” pouvait-il lire, ça lui rappela le surnom que Shige avait donné à la jeune femme lors de leur repas “ma reine”.

Chan leva les yeux vers sa secrétaire, elle était retournée derrière son bureau et était en train de répondre à un appel, comme si rien ne s’était passé. Ça l'intriguait tellement… comment pouvait-elle agir aussi naturellement après ce qu’elle venait de lui dire ? C’était sans doute une preuve de professionnalisme mais tout de même… 

La sonnerie du téléphone portable le fit sursauter, il rangea précieusement la carte de Mina et décrocha. Il devait se ressaisir, il avait une boîte à faire tourner.