chapitre 5: Le baiser (01 déc. 2021)

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/*Salt Lake City, trois ans plus tôt*/

-J'aimerais vous remercier tous d'être venus à la fête d'au revoir de mon fils Alex qui comme vous savez part pour sa noble mission envers notre église.

-Mais c'est tout à fait normal frère Darkwood. Votre fils est un vaillant membre de notre communauté et nous sommes très heureux de vous avoir parmi nous, avait répondu un autre parent

Et moi, ça me gonflait qu'ils s'évertuent tous à nous rappeler à chaque occasion qu'on venait d'ailleurs et qu'ils ont eu la gentillesse de nous faire une place dans leur communauté. J'en détestait un peu plus l'Iran de nous avoir abandonné aux américains, nous forçant à quitter notre pays pour venir être des étrangers ici. Ils prétendent avoir capitulé face à la trop grande puissance des USA en leur cédant la partie du pays où nous étions, nous les arabo-kurdes dont ils ne voulaient en fait pas; sinon après l'acquisition de l'arme nucléaire pourquoi n'avoir pas exigé la restitution de nos terres et des réparations de la part des USA? Je n'osais pas le dire, mais je détestais ma vie ici, c'est tout. J'étais croyant certes, mais je détestais ma vie.

-Hey chéri, tu écoutes au moins ce qu'on te dit? me demanda ma copine Lori en me donnant un baiser sur la joue

-Ah oui pardon, vous me demandiez?

-Qui est ton compagnon de mission, répéta le père de Lori

-C'est mon meilleur ami Jason, il vit juste en face et d'ailleurs on devait faire notre fête d'au revoir ensemble sauf que sa mère est malade la pauvre

Après de longues prières et bénédictions, ils repartirent tous. Mon père me rabâcha ses conseils: fais nous honneur et blablabla que je n'écoutais même plus à force.

Je sortis raccompagner Lori

-Tu sais que je t'aime, me dit-elle

-Moi aussi Lori

-Oui mais je veux que tu saches à quel point je suis fier d'être ta petite-amie et de rendre toutes les filles jalouses

-N'exagère pas chérie, lui dis-je avec un baiser à l'appui

-Tu es le garçon le plus baraqué de tous et en plus tu joues très bien au rugby et au basket et tu crois en notre père céleste que rêver de mieux?

Je voyais qu'elle devait m'aimer, mais pas sûr que ce soit du vrai moi qu'elle était amoureuse, mais du moi que tout le monde voyait. Personne ne prenait réellement le temps de me connaitre, pour eux, j'étais juste le meilleur, point. Sur ce point, seul Jason me connaissait vraiment, connaissait mes craintes et mes rêves. Je remerciait le ciel d'avoir un tel ami.

Quelques mois après, alors que j'étais en pleine mission, mon père décida de me faire une visite surprise pour encore contrôler mes actes et veiller à ce que je ne fasse rien qui risquerait de nous faire perdre notre place dans cette communauté qui était la seule à nous accueillir. Mais très mauvais timing, car c'est ce moment précis que Jason avait choisi pour m'avouer ses sentiments, dans notre chambre de missionnaires

-Alex, je te connais depuis tout petit et je sais lire en toi, je sais que tu ressens la même chose, alors ...Il se rapprocha et m'embrassa.

Sur ce, la porte s'ouvrit et mon père était là figé. Je ne vous dit même pas avec quelle force j'ai repoussé Jason. Il alla presque s'écraser sur le mur en face. Mon père repartit sans mot dire.

J'ai demandé à changer de partenaire en expliquant que Jason était mon meilleur ami et que nous étions moins efficaces ensemble. Il n'osa pas objecter. Un froid s'installa entre nous car je décidai que le mieux si je voulais reparler à mon père un jour était de ne plus parler à Jason, même si cela m'affectais beaucoup. J'allais écarter de ma vie l'une des rares personnes qui me connaissait. Cependant je pris bien soin de lui expliquer que je n'avais pas ce genre de sentiments pour lui et que j'étais désolé mais que ses actes ne me laissaient pas d'autres choix. Il me répondit qu'il savait que soit ça passait, soit ça cassait et qu'il était prêt à assumer les conséquences de ses actes. Je lui ai dit cependant que je ne le détestais pas, que notre père céleste détestait le péché mais pas le pécheur, mais que je ne pouvais juste plus le fréquenter vu que mon père allait sûrement l'interdire de toute façon. Puis je l'ai incité à la prière et au repentir. Nous nous sommes dit nos adieux sur ces mots, sans haine ni rancœur mais il me confia qu'il ne démordait pas du fait qu'il y avait quelque chose entre nous deux. J'étais parti sans répondre, ne sachant que dire.

A la fin de la mission, je dus rentrer et faire face à la colère de mon père. Apparemment il n'avait mis personne au courant même pas ma mère.

-Tu ne diras à personne ce qui s'est passé, a-t-il dit quand nous étions seuls. Même pas à ta mère, je ne veux pas qu'elle meurt de déception

-Je ne suis pas ce que tu crois papa; c'est lui qui m'a ...

-Ne prononce pas ces mots infâmes dans ma maison, coupa-t-il. Et je vais t'inscrire dans un de ces centres pour qu'on te redresse

J'étais hors de moi. Je me suis mis à lui rappeler que j'étais le prototype même de la virilité dans cette ville, mais il ne voulait même pas me regarder dans les yeux. Son attitude ridicule me blessait tellement, comment pouvait-il penser cela de moi? Mais au lieu de laisser mes larmes couler, j'avais décidé de les retenir pour lui montrer que je n'étais pas une fiotte. D'ailleurs je ne comptais pas me laisser faire vu qu'il ne voulait rien entendre

-Tu m'envoies là-bas et tout s'ébruitera tu le sais très bien. Tu ferrais mieux d'oublier cette idée stupide et revenir à tes sens papa

La gifle qui accueillit mes paroles me fit ravaler ma langue mais me sauva de ces centres maudits. Mais après cela, mon père et moi ce ne fut plus jamais pareil. Tant et si bien que trois ans après, quand la guerre éclata entre notre ancien pays et le nouveau, il n'hésita pas à me jeter dans les volontaires, malgré les supplications de ma mère. Il devait souhaiter secrètement que je crève là-bas.

-Chérie, il a là l'occasion d'aider notre nouveau pays contre ces traîtres Iraniens qui nous ont abandonné et de plus il deviendra un vrai homme après

-Mais qu'est-ce que tu racontes [...] et blablabla mais ma mère ne gagnait jamais.

C'est ainsi que je me suis retrouvé sur le quai d'embarquement, au bras de ma désormais fiancée Lori, du haut de mes 24 ans en partance pour la guerre. Ma mère, ma sœur, Lori et sa famille étaient là, les femmes pleuraient et se lamentaient, les hommes me regardaient avec respect. Mon père n'était pas venu, il voulait éviter d'avoir à me prendre dans ses bras.

Voilà comment je me suis retrouvé en Iran que j'ai quitté à 10 ans, détestant chaque jour un peu plus ce pays et ses habitants, étant pris pour homo par mon père avec qui je n'avais plus aucune relation depuis ma mission à part de la façade pour les gens, et dans la gueule du loup!

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BELOVED ENNEMI[BxB]Where stories live. Discover now