chapitre 19: cruel dilemme (20 mars. 2022)

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Note d'auteur: ceci est le deuxième chapitre que je publie aujourd'hui. Si tu n'as pas lu le précédent, vas-y avant. BZ


Cette journée passa avec une lenteur terrible. J'avais l'impression que les heures se décuplaient et que leur nombre interminable me donnait le tournis. C'est la raison pour laquelle j'étais sagement resté allongé. En fait non, pas la peine de se mentir à soi-même. Ce que je tentais d'éviter en restant ici c'était de croiser le caporal-chef. Moins je le voyais et mieux je me porterais. C'était la seule certitude que j'avais en ce moment. En plus, le mystère de la taupe m'obsédait tant et tellement que je ne tenais plus sur place. Quand le soleil se décida enfin à se coucher, j'étais déjà désespéré par l'attente. Encore un peu, encore un peu, me disais-je à moi-même régulièrement.

Tous les soldats qui défilaient de temps en temps pour s'enquérir de mon état de santé n'eurent hélas que la moitié de mon attention. Je ne pouvais m'empêcher de rester songeur. Après tout, qui pouvait bien m'en vouloir pour cela? Je venais d'apprendre que l'homme que j'admirais était un assassin et que ses théories sur le complot étaient vraies. Il y avait bel et bien une taupe ici. Mon seul problème, que faire. De quel côté me mettre? Si je le livre, je blanchis mon image pour toujours. Mais lui aussi pourra me livrer en retour.

Je m'arrachais littéralement les cheveux en attendant le moment fatidique. Et plus il se rapprochait, plus je l'appréhendais. J'avais pourtant passé la journée entière à l'attendre. Je me sentais un peu bête tant je ne savais plus que penser de toute cette situation. Mon Dieu, que faire, que faire, me demandais-je en tournant en rond après le dîner. L'heure approchait et il fallait se décider. Mais prendre une décision sans savoir ce que cet homme avait à me dire me semblait assez prématuré. Une fois le moment venu, je me glissai donc derrière les tentes et partis dans la direction vers laquelle j'étais allé la veille à la même heure. Je jetais régulièrement des coups d'œil pour m'assurer de n'être pas suivi. Une fois arrivé au point de rendez-vous, je n'eus pas à attendre. Une silhouette se dégagea de derrière un dattier et s'avança vers moi. C'était lui, je le reconnaissais. C'était le même homme qu'hier. Mon cœur accéléra. Je ne savais pas comment tout cela allait finir, mais je devais garder mon sang froid pour ne pas influencer ses choix.

-Bonsoir frère, me dit-il en venant droit sur moi

-Bonsoir, dis-je un peu hésitant

-Alors tu t'es bien remis?

-Oui pas mal, répondis-je. Pourquoi m'as-tu laissé pour mort ici hier? ne pus-je m'empêcher de demander

-N'y vois rien de personnel. Je savais que le caporal-chef te trouverais d'une façon ou d'une autre. Te ramener aurait été trop dangereux pour tous les deux

Je ne pouvais nier cela. S'il avait débarqué au camp avec moi dans les bras... Subitement, mon cœur failli manquer un battement

-C'est le caporal-chef qui m'a ramené? dis-je connaissant bien la réponse

-Oui. On aurait dit Cendrillon et Richard, dit-il en riant

-La ferme, dis-je en me retournant pour cacher ma gêne

-D'ailleurs, reprit-il, comment se fait-il que tu sois appelé son cousin? J'ai beaucoup hésité à venir te voir justement à cause de cela

-A toi d'abord, dis-je.

-Je vois, dit-il. Tu veux savoir d'abord si je suis vraiment ici pour les raisons que tu penses. Eh bien, oui, je suis infiltré ici. J'y ai été envoyé par le sergent Dean et je suppose que c'est lui qui t'envoie

-Oui, euh oui, dis-je

-Tu n'es pas très convaincant, dit-il méfiant

-On se calme dis-je en reprenant mes sens. J'étais juste entrain d'analyser tes dires. Le coup de l'explosion c'était donc toi? poursuivis-je

-Oui c'était moi, dit-il sans ciller. J'ai fourni l'information à qui de droit sur l'emplacement du caporal-chef. Cet homme est bien trop dangereux. C'est la cible n°1 de Dean d'ailleurs. Mais je ne t'apprends rien, n'est-ce pas continua-t-il

-En effet, dis-je feignant d'être parfaitement en phase avec lui alors qu'à l'intérieur, j'étais horrifié. Cet homme était là juste pour la mort du caporal-chef Arshad!

-Je suppose que c'est ta mission aussi, vu que tu t'es beaucoup rapproché de lui. Vous êtes tout le temps fourrés ensemble. Franchement, je te tire mon chapeau, dit-il. Et désolé d'avoir failli te tuer avec lui dans l'explosion mais je ne savais pas encore qui tu étais. Je n'ai eu les soupçons que quand tu es parti

-Pas de problème, dis-je. C'est donc toi qui m'a sauvé des griffes de l'ami du caporal Arshad?

-Tu m'en dois bien une, dit-il. J'ai caché ton badge bien à temps

-Et comment as-tu su? demandai-je confus

-Une intuition, dit-il. J'ai un très bon flair

Je fis un mouvement de tête en acquiescement. Cet homme n'était pas le dernier des imbéciles. Logique, sinon il n'aurait pas été choisi par ce porc de Dean. Je devais être très prudent avec lui. Un mensonge ne passerait pas. Autant être honnête autant que possible.

-Le caporal-chef, reprit-il. J'ai un plan qui pourrait nous mener tous les deux au terme de notre mission assez vite afin qu'on puisse s'en aller

-Je suis preneur, feignis-je, en comprenant par là que cet homme n'était pas ici de son propre gré. Surement qu'il est victime de chantage par Dean, mais je ne pouvais amener le sujet sur la table. Celui qui s'y trouvait était encore plus urgent

-Il y aura bientôt beaucoup de déplacement car les américains comptent lancer une attaque plus à l'ouest. Notre camp étant le plus proche de cette position, nous serons sûrement appelés en renfort. Nous profiterons du chaos pour livrer le caporal-chef à la mort dans une embuscade. Ensuite, nous pourrons retourner auprès des nôtres.

Je fis oui de la tête alors que mon cerveau bouillonnait. Combien de personnes cet homme a-t-il livré à des embuscades pareilles? Je ne pus m'empêcher de penser à celle dans laquelle nous étions tombés. Nous avions reçu l'itinéraire grâce à une taupe et cette taupe c'était sûrement cet homme en face de moi. Combien de morts a-t-il à son compte? Pourquoi ne suis-je entouré que de monstres. A force de cogiter, mon air calme avait du me quitter car l'homme reprit

-Je n'ai jamais voulu être ici. J'y ai été obligé. Dean détient ma famille. Pour eux, je me suis sali les mains. Et je n'hésiterai pas encore et encore. Je ne compte pas m'en justifier, ni pleurnicher. Je n'ai pas choisi cette situation, ni ceux que j'ai livré à la mort jusqu'ici. Personne n'est responsable, dit-il

Je ne pouvais rien dire. Personne n'est responsable? J'ai vu des soldats broyés comme de la pulpe par des pluies de plomb, à cause de lui, et il me sort qu'il n'a aucun remord? Je n'en pouvais plus, je sentais que si je restais, je me ferais découvrir. Alors, forçant un dernier regain de courage, je croisai son regard.

-Nous devrions en rester là pour aujourd'hui. Sinon, on éveillera les soupçons. Ne fait rien sans m'en parler d'abord. Il faut que nous soyons sur la même longueur d'onde pour pouvoir finir le travail une bonne fois pour toute, dis-je en lui tendant le bras. Soldat?

-Hichem Ouni pour le moment

-Chiraz Irani, dis-je en lui serrant la main.

-Contactez-moi le moment venu, dis-je avant de me retourner, la nausée au ventre, face au dégoût que m'inspirait le monde dans lequel je vivais. Deux assassins. Qui aider? Qui abandonner? Le caporal-chef qui avait sûrement été engagé librement mais qui avait des remords ou plutôt la taupe qui avait été obligé mais qui n'avait pas le moindre remord? Je n'en avais aucune idée et ne voulais plus y penser. Je partis me coucher dans la tente blanche, enterrant ma tête dans mon oreiller aussi dur qu'une pierre, espérant trouver le sommeil dans ce cauchemar.

Vous choisiriez qui à la place de Chiraz? Arshad ou Hichem?

N'oubliez pas de voter pour soutenir l'histoire. BZ

BELOVED ENNEMI[BxB]Where stories live. Discover now