Chapitre 14: au bord du précipice (27 fev. 2022)

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Pendant ce temps, en ville:

Le souffle court, je ne pus articuler un seul mot. La proximité du caporal-chef m'hypnotise. Je ne peux que me perdre dans son regard assassin. Je le détestais tellement il y a de cela une seconde à peine et là, plus rien. Je ne savais même plus de quoi il était question une seconde plus tôt. Je ne savais pas si j'étais en sécurité ou en danger. Mais comment est-ce que j'arrivais à ressentir de la sécurité alors que mon cerveau me disait clairement à quel point j'étais en danger? Va savoir! Rien n'avait jamais de sens quand j'étais autour de ce fichu caporal.

Alors que j'ai l'impression qu'il va d'un moment à l'autre me planter un couteau dans le ventre, le retour du pharmacien força le caporal-chef à me lâcher, non sans violence.

-Caporal on vient de m'informer que le caporal votre ami a besoin d'entrer en contact avec vous. Tenez donc mon portable

-Merci ça ira, dit-il sèchement avant de se retourner vers moi. Soldat, où est mon portable? me demanda-t-il comme s'il n'était pas sur le point de m'étriper il y a un moment

-Dans ma poche, répondis-je mécaniquement, encore hébété

Il voulut me tendre la main pour le reprendre mais une grimace sur son visage et le mouvement s'arrêta. Je ne pus m'empêcher de jeter un œil sur son dos. Son pansement avait lâché après qu'il ait brusquement bougé pour m'empoigner le col. Il serra les dents, visiblement énervé d'être dans un tel état.

-Composez son numéro, dit-il à mon égard et vous pouvez disposer, lança-t-il au pharmacien

Ce dernier s'en alla alors que je prenais timidement le portable. Il y a à peine deux minutes, j'avais repris le dessus. Pourquoi est-ce que je me retrouvais encore en position de faiblesse face à lui? Son charisme peut-être? Je n'en savais trop rien. Je sortis le portable et lançai l'appel.

-Passe le moi, dit-il en laissant tomber son masque en l'absence de personnes pouvant être témoin de cet autre lui

Mécaniquement, ma main se mit en mouvement pour obéir. Il avait une aura à se faire obéir. Cependant, quelque chose en moi me criait de résister. Seulement, ma main s'en allait toute seule.

-Arrête, criais-je dans ma tête, mais elle s'obstinait. Alors, dans un effort surhumain, mon autre main la stoppa d'un mouvement brusque. Mes lèvres tremblantes, je rassemblai mon courage et levai les yeux vers lui

-Ca sera en haut parleur, sinon pas d'appel, dis-je en écarquillant moi-même mes yeux, étonné d'entendre ces mots sortir de ma propre bouche

Le caporal semblait tout aussi étonné. L'appel avait été décroché et on entendait un faible allô. Cela nous tira de notre contact visuel

-Alors tu laisses enfin tomber ton masque, me dit-il un sourire mauvais sur les lèvres

-Non, je viens juste de me rendre compte de quel genre d'ordure vous êtes et je préfère savoir ce qui se trame sur mon compte, dis-je tremblant à chaque mot sorti

Le regard assassin du caporal me saisit. Mais il n'était pas en position de force.

-Soit, dit-il

D'une main tremblante, j'appuyai sur le bouton du haut parleur

-Non, me dit le caporal. On pourrait nous entendre. Rapproche-toi donc

Mon cœur avait manqué un battement. Me rapprocher? A-t-on déjà vu une gazelle se rapprocher d'un tigre? Quel genre de plaisanterie était-ce encore?

-Maintenant, intima-t-il

Titubant, je me rapprochai. Il me saisit la main qui tenait le portable, puis de la même main-vu qu'il prenait appui sur l'autre pour que son dos ne touche pas la sorte de brancard sur laquelle il était-me tira la tête jusqu'à ce que je sois proche, très proche, qu'il y ait juste sa main et le téléphone entre nos deux joues. Mon cœur battait la chamade.

-Allô j'ai appris la nouvelle. Comment tu te sens? demanda l'autre

-Bien merci. Tu as pris les mesures nécessaires à ce que je vois. Je te remercie

-C'est bien par la vivacité de mon ex soldat qui nous a prévenu au plus vite répondit ce dernier

-A ce propos lança le caporal-chef, j'avais complètement oublié. Il n'était même pas question que tu le vois en vrai pour l'identifier. Va donc dans la tente-hôpital. Son badge y est accroché avec sa belle gueule en plein dessus, termina-t-il

Mon cœur fit encore un bond. Je risque la crise cardiaque si je ne quitte pas le chevet de cet homme au plus vite. Merde! J'avais complètement oublié mon badge. Maintenant que j'ai découvert son addiction, le caporal n'hésitera pas à me faire couler.

-Fait-vite, termina-t-il. Si ce n'est pas lui, je l'exécuterai moi-même sur le champ, dit-il en se redressant. En un geste vif, il se saisit de son arme attachée à sa ceinture et me mit en joug, alors que je me relevais tout tremblant.

Il en avait parfaitement le droit dans cette situation de guerre. Personne ne lui en voudrait d'avoir exécuté un infiltré. Et du coup, son secret, je l'emporterais dans ma tombe et tout serait fini! Est-ce donc ici que tout finira? Est-ce donc ce pour quoi je suis né? Pour mourir comme un chien? Mon souffle se fit de plus en plus court alors que mes yeux semblaient sortir de leurs orbites et que la sueur commençait à perler à grosses gouttes.

-Attend j'ai un appel, dit l'autre alors que le caporal avait mis le haut parleur délibérément pour me laisser entendre ma mort...

Pendant ce temps au camp:

Hichem avait changé de direction. Toutefois, il s'était arrangé à encore avoir le caporal indésirable dans son champ de vision. Celui-ci avançait à pas assurés vers la tente. Les battements de cœur de Hichem semblaient lui assourdir les oreilles, tellement ils étaient forts. Si cet homme rentrait dans cette tente et dans le cas où ses hypothèses étaient justes, c'était sa perte. Alors que l'homme s'apprêtait à franchir le pas qui le séparait du précieux badge, un soldat vint vers lui en courant.

-Vous avez un appel urgent sur le fixe, c'est la base, entendis-je

Cette interruption providentielle relève du divin, se dit Hichem qui n'avait pas pu s'empêcher de toucher sa poitrine pour voir si son organe vital était toujours bien accroché. Il suivit du regard le caporal se retourner, puis s'agiter en repartant à grandes enjambées dans la direction opposée.

Hichem se reprit vite, voyant la chance inespérée que cela représentait. Il se faufila donc comme il savait si bien le faire et se dirigea vers la tente. Il n'eut aucun mal à retrouver le badge posé sur la table.

-Ouf, soupira-t-il. Ce n'est pas passé loin. Il s'empara de l'objet problématique et le mit dans sa poche. Il se retourna ensuite et tomba nez-à-nez avec le caporal étranger. Putain, il a été rapide comme un éclair

-Que venez-vous de mettre dans votre poche soldat? demanda ce dernier avec dureté!

Hichem et Chiraz sont tous les deux sur le point de se faire démasquer. Si l'un d'eux devait y passer, qui sacrifieriez-vous?

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BELOVED ENNEMI[BxB]Where stories live. Discover now