Chapitre 1.2

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𝘜𝘕𝘌 𝘉𝘈𝘓𝘈𝘋𝘌 𝘚𝘖𝘜𝘚 𝘓𝘈 𝘗𝘓𝘜𝘐𝘌
  └                                               𝙏𝙝𝙚𝙖

Je lâche mon parapluie qui tombe sur le trottoir, balance mon sac contre le sol et pose mes mains contre mes genoux en faisant de grandes inspirations pour récupérer mon souffle – et non ces saccadées bouffées inaudibles. J'ai remarqué il y a longtemps que la course n'est pas un de mes atouts, à force de louper une grande majorité de bus. Ça m'apprendra à rester discuter un peu plus longtemps avec Aaron, à finir de goûter chez Ruben ou à écouter les derniers potins d'Erinn avant de se quitter.

Toujours grappiller une minute de plus, jusqu'à ce qui n'en reste plus pour finir l'heure.

Ce n'est pas grave. Je reprends petit à petit une respiration normale. Mon cœur bat toujours à cent à l'heure et mes pieds me brûlent dans leurs baskets. Mon chignon s'est envolé dans ma course poursuite : plus qu'à tout refaire.

Je n'aime pas vraiment avoir les cheveux détachés. Ils bouclent, s'entrechoquent et s'emmêlent peu importe les saisons. Alors, je les attache toujours dans un chignon bas pour ne pas atteindre à mon confort. Les seuls petits cheveux libres qui virevoltent au mouvement de mes yeux sont les quelques mèches qui me servent de frange. Je les lisse chaque matin.

Il y a bien un avantage à être sous la flotte : mes cheveux, trempés, prennent moins de place qu'en temps normal. Je les lie en une queue de cheval avec un élastique nul de secours qui arrache des mèches au passage. C'est avec un air de dégoût que je touche ma frange collante sur mon front, avant de reprendre mes affaires pour me cacher sous le préau en bois.

Je m'assois sur le banc de l'abribus déjà occupé par une fille qui semble avoir mon âge.

Je me demande si sa longue et fine jupe bleue ne lui donne pas froid, à moins que son pouvoir soit de ne pas être vulnérable aux averses et aux beaux temps – ou peut-être que ça ne change rien pour elle. Je me demande également si l'énorme hématome sur son genoux a quelque chose à voir avec son super-pouvoir.

Je déverrouille rapidement mon téléphone pour regarder l'horaire du prochain bus. Trente minutes, soit le temps qu'il me faut pour rentrer à pied. Je soupire.

— Tu sais...

Une voiture passe devant nous.

Rapidement, elle percute une grande flaque d'eau qui se déverse aussitôt sur nos pieds. À quelques centimètres près, c'est mon jean qui aurait tout pris. À cause de cet imprévu, je n'ai pas pu entendre l'inconnue. Tout ce que je sais, c'est que ces Dr Martens basses sont trempées et qu'elles vont couiner jusqu'à ce qu'elle soit arrivée à sa destination.

— Tu disais ? je demande en tournant mon corps vers elle.

J'ai du mal à la distinguer. Dans la pénombre, je ne vois pas grand-chose. On dirait un mirage, quelque chose d'irréel. Je tente de déceler un bout de visage, mais son corps reste immergé dans l'obscurité de la nuit noire de ce mois d'octobre.

PÊCHE CRAMOISIEWhere stories live. Discover now