Chapitre 37

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└ 𝙍𝙪𝙗𝙚𝙣

Adossé contre le tronc d'un arbre, je suis censé garder un œil sur le camping-car que je ne vois plus que comme une morgue lugubre. Pourtant, la plupart du temps, j'observe les petits chemins de terre qui forment un cercle autour de moi, espérant chaque seconde y voir des boucles d'oreilles en forme de fleurs s'avancer vers moi. Juste pour me chuchoter à l'oreille que leur propriétaire va bien, histoire de calmer un peu mon cœur. Et puis, elles repartiront accomplir leurs tâches plus importantes que celle de rassurer un pauvre garçon sous un arbre. 

Mais elles ne viennent pas. 

C'est normal, hein. Erinn est partie il n'y a pas si longtemps que ça. Le temps semble juste s'écouler bien plus lentement depuis qu'elle s'est enfoncée dans la forêt. Chaque seconde ressemble à une minute, chaque minute ressemble à une heure. 

Pour tuer le temps, j'arrache les quelques pâquerettes qui ont réussi à pousser autour de moi.

Erinn est partout : dans l'herbe qui frémit au rythme du vent, dans les arbres qui me surplombent et me protègent, dans les petites fleurs que je recueille dans mes mains, dans chaque recoin lumineux de la clairière. Peu importe l'endroit où je regarde, je la vois. 

Et c'est tellement déconcertant.

Mes joues sont encore en feu à cause de ses douces lèvres qu'elle a posées dessus. Mon cœur en alerte ne s'en est toujours pas remis. Dès qu'un petit bruit retentit, il s'emballe de plus belle pour me lever d'un coup. Et mon cerveau, n'en parlons pas. Il s'imagine sans cesse la chaleur de la main d'Erinn posée sur la mienne pour en redemander encore plus, comme une chaleureuse drogue infernale. J'en redemande, encore, encore.

Encore.

Je prends une autre pâquerette.

Je la vois avec sa petite tasse tulipe qui contient son horrible thé à la mangue. Elle approche son visage parsemé de taches de rousseur pour souffler délicatement dessus, face à mon regard terrifié, avant de rigoler doucement. Ses yeux brillent tellement, presque hypnotisants.  

Une pâquerette de plus dans mon tas.

Je la vois tous ces soirs qu'elle passait chez moi quelques semaines avant le départ en vacances. Je me rappelle les histoires qu'elle prenait un malin plaisir à me raconter pour me faire frissonner. Je me rappelle aussi quand elle volait mes pulls. Ou lorsqu'elle oubliait le sien et que, le lendemain, la pièce était imprégnée de son odeur. 

Encore une pâquerette.

Je me vois la repousser comme le plus bête des idiots. Et puis, tout ce que j'arrive à voir maintenant, c'est son regard si confus s'enfuir du camping-car. Aujourd'hui, tout ce dont je rêve, c'est la garder un peu plus longtemps avec moi ce soir-là, quelques instants d'éternité, avant qu'elle n'apprenne la nouvelle.

PÊCHE CRAMOISIEWo Geschichten leben. Entdecke jetzt