Chapitre 2.2

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𝘓𝘐𝘚𝘖𝘕𝘚 𝘓𝘌 𝘔𝘌𝘔𝘌 𝘓𝘐𝘝𝘙𝘌
└                                    𝙏𝙝𝙚𝙖

Mon cœur ne fait qu'un tour lorsque je vois Esther, sagement assise en face de moi. 

Je tiens faiblement mon livre contre ma poitrine, et je suis sûre qu'il s'échappera de mon étreint en un clin d'œil si le bus cale à nouveau. Les yeux rivés sur son bouquin, elle n'a lâché aucun regard dans ma direction – à ma connaissance en tout cas. Quant à moi, je dévore chaque détail comme s'ils comptaient s'évaporer en un claquement de doigts. Tout ce que je vois, c'est cette inconnue qui lit le même livre que moi, dans le même bus et à la même heure, alors que je ne l'ai pas croisée depuis un peu plus d'un mois.

Est-ce que les astres se sont à nouveau alignés ?

Devrais-je lui parler ? Elle n'est qu'à un mètre, à un mot de la discussion et à un instant d'un changement. On pourrait peut-être rentrer à nouveau ensemble. J'aurais sûrement dû lui envoyer un message, Erinn avait raison. Aaron aussi. 

Que vais-je lui raconter ? La fois où je suis partie en forêt avec Aaron et où on s'est perdus, dégustés entre temps par tous les moustiques possibles et inimaginables ? Peut-être la fois où j'ai mangé un œuf de cent ans ? Je ne suis pas si douée en conversation, finalement.

Peut-être qu'elle ne se souvient pas de moi.

— Sympa.

J'entends sa voix. Je lève les yeux vers elle.

— Sympa... ton livre, répète-t-elle en le pointant du doigt.

Elle a fermé le sien et me regarde à présent avec un léger sourire. Une courte mèche de ses cheveux ondulés tombent devant son visage beige rosé. La seconde d'après, elle est calée derrière son oreille, alors qu'une multitude d'épis sont encore en pleine liberté.

Mon pouls s'accélère face à ses yeux verts qui me fixe. Il faut vite dire quelque chose.

— Ça faisait longtemps, Esther.

Il n'est peut-être pas trop tard.

— Seulement un mois. Le temps passe à une vitesse si folle que je ne l'ai même pas vu défiler.

— Et moi, je ne t'ai jamais croisée. Même pas chez le fleuriste.

Elle se redresse pour changer de siège et choisit celui à ma gauche. Cette fois-ci, ces Dr Martens sont hautes et elles ne vont pas couiner. Le simple fait de repenser à notre balade sous la pluie me fait sourire.

— Je rentre tard et je vagabonde beaucoup. Pourtant, je prends toujours ce bus là.

— Étonnant, je ne suis peut-être pas assez attentive...

PÊCHE CRAMOISIEWhere stories live. Discover now