Intro

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Moi, c'est Liv, j'ai 19 ans et aujourd'hui j'ai envie de mourir.

Je cours, loin, vite, vers nulle part. Mais je cours.

Moi et mon gros cul on avance en binôme, nous sommes ensemble depuis le début, on peut bien aller vers la fin ensemble après tout.

J'arrive sur la plage, le cerveau en roue libre...

J'ai un point de coté dégueulasse qui me scie les cotes, je respire plus fort qu'un radiateur de Toyota en pleine canicule.

Mais aujourd'hui, nous sommes en septembre, alors j'ai zéro alibi. Je m'assieds dans le sable mouillé, tu sais celui suffisamment dur pour que tu puisses t'installer tranquillement sans en avoir partout, mais pas celui qui détrempe tes fringues non plus. Tu vois ?

Moi, la mer, l'air. C'est un bel endroit pour partir non?

L'eau de ma bouteille a un gout de vieux plastique, mais j'ai soif. J'en profite pour sortir un pétard, j'allume, je fume.

J'ai toujours aimé être là, c'est grand, calme, et vide de monde, les touristes sont partis depuis quelques jours, et l'espace redevient enfin à moi.

Je ne suis pas une personne importante, mes amis m'aiment bien, je suis plutôt drôle comme fille d'ailleurs, je connais pas mal de monde ici, mais moi je ne sais pas qui je suis.

La fumée s'envole avec le vent, et m'entraine avec elle, dans un calme trop rare.

J'ai tellement mal au cœur, que je ne comprends pas qu'il ne s'arrête pas. Mes cheveux me passent devant les yeux, je les aime bien eux, roux, atypique autant dans la forme que dans leurs couleurs.

Mon téléphone sonne, encore, c'est surement Viggo. Mais si je décroche il va comprendre, venir, me sauver sans le savoir, et moi je vais rester là. Pour rien.

Je l'aime lui, surement plus que les autres êtres humains de compagnies que j'ai pu avoir.

Mais sa seule existante ne justifie pas la mienne, il aura mal, ça c'est évident, même pour lui je dois partir. Ne plus être un ballon de baudruche qu'il retient comme un gamin têtu.

Je vis dans un appartement qui n'est pas le mien, je fréquente des gens qui ne sont pas mes potes. Je travaille pour des gens insignifiants, je ne suis même pas la pute du coin.

Le seul que je croyais aimer, sans questions, il est parti.

Mais pas genre comme on part au cinéma sur un quai de gare en larmes. Non. Lui il est juste parti comme un daron de série B, celui qui n'a jamais trouvé la boulangerie.

Ça fait des semaines que j'essaie de comprendre pourquoi, moi, je ne suis pas partie.

Hier j'ai pris la plus grosse cuite de mon existence, entouré de gens dont je ne connaissais même pas les prénoms, pas certaine qu'ils aient retenu le mien non plus. Je me suis présentée ? moi c'est Liv.

Et c'est là, englobé dans cette masse de gueux puants que j'ai compris ...

À cause de lui je ne suis personne. Et le pire dans tout ça, c'est que je l'ai laissé faire. Il m'a détruite, et j'ai dit oui.

Un médoc pour l'oublier, un pour me rappeler qui j'étais, un autre pour la peur et le dernier pour Viggo. Lui il me manque déjà un peu.

Je fume, encore quelques lattes pour me dire au revoir sur une note douce d'herbe.

J'ai tellement pris de cachetons de toutes les couleurs, que dans ma tête c'est l'arc-en-ciel en noir et blanc.

Aujourd'hui je suis contente de m'avoir connue.

#1 Ne pleure pas trop fortWhere stories live. Discover now