Trois.

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J'ai oublié de fermer mes volets, quelle galère ... Viggo est surement déjà partie, et Anders doit dormir.

Je flâne un peu, histoire de me faire comprendre que je suis réveillée.

Y'as un autre truc chez moi qui est vital. Le sport.

J'enfile une tenue, leggings, tee-shirt et un hoodie. Baskets aux pieds, je sors dehors. Musique dans les écouteurs, c'est parti.

Il fait frais pour une fin de septembre, mais courir ça réchauffe vite. Je me dirige rapidement vers la côte, qu'est-ce que je n'aime pas courir en ville, déjà le terrain est relou, mais surtout, tout le monde te regarde.

Quand on me voit arriver, on ne ce dit pas, « la meuf est sportive » non, c'est plutôt « ha, elle veut perdre du poids! ».

J'ai l'habitude, depuis le temps je m'en cogne, mais ça reste chiant. On parle souvent des dictâtes de la mode, mais plus rarement de ceux du sport. Si tu n'as pas le physique qui va avec, bon courage.

Je me justifie souvent. Être en surpoids, n'est pas un signe de bonne santé, les gens assimile ça, à la malbouffe, au laissé aller, et au manque de volonté.

Dans mon cas je planche pour la malbouffe, mais surtout une génétique d'inuit. Je n'ai pas d'autre explication, rien que le simple fait de passer devant la boulangerie, je prends deux kilos.

Je suis en préparation constante du grand froid, du coup je m'enrobe de gras.

Je sais que tout le monde à des complexes, c'est surement inclus dans nos schémas de société, chacun ses névroses Au début j'ai commencé à faire du sport pour contre-balancer, puis j'y ai pris gout, c'était mes seuls moments de liberté. aujourd'hui c'est devenue nécessaire. Il faut dire aussi que j'aime particulièrement mes moments de solitude.

La plage est là, juste sous mes yeux. Ma montre m'indique deux kilomètres parcourus, je continue. Je reste sur le remblais, autant j'aime courir, mais galérer comme un baleineau en détresse dans les sables, non merci.

Les embruns me remplissent les poumons. Je suis là rien que pour ça. Je commence à croiser les enfants qui vont prendre leurs cours au club de voile. J'en faisais aussi plus jeune, et j'adorais ça.

L'une d'elles est si petite que j'ai l'impression de voir un gilet de sauvetage flotter dans le vent.

J'aperçois le moniteur, qui tente tant bien que mal de regrouper son troupeau d'enfants.

Ha les enfants ... j'aime ça, mais loin, genre vraiment loin de moi. Ce n'est pas que je les aime pas, mais je n'ai pas la patience nécessaire pour un truc aussi petit, et qui prend autant de place. Le rapport taille, emmerdement n'est pas proportionnel chez eux.

S'il ne faisait pas si froid, j'aurais surement piqué une tête à la crique. L'un de mes endroits préférés. C'est coupé du monde, rarement fréquenté. Ici c'est une plage de surfer, la crique ne les intéresse pas, c'est trop calme.

Je passe à coté de plusieurs motos, vans, fourgons. Vu le vent, les surfer sont de sortis.

8 km, il est temps de rentrer, j'ai faim, et une envie de pisser de dingue. et j'ai clairement trop de toc pour pisser derrière un buisson. Je ralentis sur le retour, surtout en arrivant en ville, tiens-toi droite, respire bien, ne soit pas la petite vache du coin.

15 km c'est propre pour un lendemain de soirée. La douche chaude est la bienvenue. Je profite du temps que j'ai pour natter mes cheveux. J'aime l'odeur de l'huile Nuxe, je m'en badigeonne le corps. Ha! j'allais oublier de prendre ma pilule.

Pourquoi est-ce que je continue de la prendre ? ça fait quasiment 4 mois qu'Ivar est partie, et je n'ai pas de rapport ... je l'avale quand même. Par habitude. je suis plus à un médoc prêt.

#1 Ne pleure pas trop fortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant