Douze.

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Est-ce que je suis morte ? Parce que la mort ressemble vachement à la vie quand même ...

J'ai mal partout, je n'ai pas encore ouvert les yeux, que chaque millimètre de mon corps crie de douleur.

Ça sent le feu de bois, le café. Je suis enroulé dans un truc douillé, un duvet surement. J'arrive à bouger mes orteils, mes doigts.

J'ouvre les yeux, la luminosité m'assaille, m'arrache des larmes.

Bon bah je suis en vie. Pas sure que ça soit une bonne nouvelle.

Vu la réverbération du feu, il fait nuit. Une main se cale sous ma joue.

- Tu m'as sauvé la vie.

Sa voix est fatiguée, chevrotante.

Elle est allongée à coté de moi, sur un matelas à même le sol face à la cheminée.

- Elle est réveillée !

Magnus ... sa grosse chevelure obstrue la lumière du feu, il me touche le front, l'arrière de la tête.

- T'es brulante ...

Impossible de répondre, j'ouvre la bouche mais rien ne sort ...

- Ho ! elle est réveillée ! Appelé un médecin, elle a de la fièvre aussi.

J'en déduis que Sibylle n'est pas plus en forme que moi. Le parfum de Viggo n'est pas loin, il borde tous les coins de mon corps avec la couverture. Sa main effleure ma joue ;

- Je suis là, tout va bien. Je ne bouge pas d'ici.

Je sors ma main tant bien que mal, la remonte a mon visage, et attrape ses doigts qui dépassent.

Je somnole.



- Mademoiselle Noren? ... Vous m'entendez?

Si je réponds non, la personne se barre ? j'ouvre un œil, puis deux.

Un vieux monsieur est assis par terre à coté de moi, délicatement il sort mon bras du duvet. Prends ma tension, ma température.

- Je vais écouter votre cœur maintenant, vous permettez?

Je tente un oui de la tête. Il m'ausculte.

- Sa tension est basse, mais pas inquiétante. Elle a de la fièvre effectivement, mais avec l'hypothermie c'est tout à fait logique. Son cœur va bien. Du repos, continuer de la surveiller, et elles iront bien. Je vous laisse une ordonnance, elles risquent toutes les deux d'avoir des douleurs musculaires.

Le père Fouras quitte mon champ de vision. Une petite main toute chaude, attrape-la mienne. Sibylle. Elle se rapproche comme un verre de terre, bloquée dans son duvet elle aussi, elle ondule pour avancer dans ma direction.

Des larmes dans les yeux.

- Merci Liv ... je n'arrivais pas à remonter ... sans toi je ...

- Chutttt je sais, mais c'est fini, on va bien, par contre la prochaine fois que tu veux piquer une tête, soit mignonne et attend l'été.

Un petit rire abimé sort de sa gorge.

- T'es pas fun.

Elle ne lâche pas ma main, la fièvre me rend vaseuse, et à chaque fois que je reviens à moi, sa main est là, dans la mienne.

Je n'ai aucune idée depuis combien de temps je suis en mode camping dans le salon.

Sibylle n'est plus à coté de moi, je sursaute. Elle est ou?

#1 Ne pleure pas trop fortWhere stories live. Discover now