Quinze.

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Forcément je me réveille avant tout le monde. Huit heures.

Magnus dort encore profondément, je fais tous les efforts du monde pour ne pas le réveiller.

Après cinq jours de vie ici, il est grand temps d'y mettre un cou de propre. Je range, nettoie, remet des buches, aspire, serpille.

Je suis dans cette descente douce des anxio, et je me laisse porter par le mouvement. Je n'ai pas besoin de réfléchir, je sais quoi faire.

Je fais couler une cafetière.

J'aime ce moment où, quand je regarde autour de moi, tout est à sa place, propre. Enfin tout est relatif, je ne suis pas chez moi après tout. 

J'ai même le temps de faire un gâteau aux citrons. Mon seul et unique talent culinaire après le gratin dauphinois. 

Je m'attarde sur les photos aux murs, les coupes et médailles sur les étagères. Maja ressemble beaucoup à sa mère, même sans aucune photo de lui, je suppose qu'il ressemble à son père.

Je m'installe sur le canapé, attrape mon ordinateur, un demi-litre de café et travail un peu. Je suis à jour sur mes traductions, mais comme j'ai un peu de temps j'en profite pour m'avancer.

Bizarrement le roman sur lequel je travaille me paraît moins niais ... c'est moi la niaise.

Je tombe sur la citation de John Joos.

« L'amour est une question dont les réponses sont plus belles à vivre qu'à entendre »

ok ta gueule, il m'a saoulée !

Non, ce n'est pas facile que de vouloir aimer quelqu'un, ou de se rendre compte que c'est déjà le cas.

Mais ce que je découvre depuis quelques jours me donne envie d'en savoir pus, d'en vivre plus. C'est aussi la possibilité de me prendre un révère sévère dans la gueule si ça ne fonctionne pas. Mais il paraît que grandir c'est comme apprendre à faire du vélo sans les petites roues.

Et ma spécialité est de me fracasser la gueule la première et les yeux fermés. 

Ça fait aujourd'hui un mois et demi, quedal sur l'échelle d'une vie, alors pourquoi ça prend autant d'importance ?

Parce qu'il n'y a pas de faux-semblant dans les sentiments.

Y'as une petite légèreté en moi ce matin. Mais aussi une bonne lassitude.

Je sais que j'ai ouvert une porte hier soir, avec des étagères pleines de questions. Et même s'il dit ne pas vouloir savoir, il se ment à lui-même.

Je ne vais pas me mentir non plus, avoir admis certaines choses, aide à de cette légèreté.

Mais lui tôt ou tard auras besoin de tout savoir. Est-ce que c'est lui mentir que ne pas vouloir le faire ? De garder certains détails pour moi ?

L'avortement, ce n'était pas le plus simple. Mais nécessaire. C'est évident, je ne pourrais jamais tout lui dire.

Je l'ai laissé faire tellement de choses, que ça impacterait sa façon de me voir. Même moi je me dégoute...

Tomber amoureuse de Magnus n'était pas prévue dans mes plans. Me reste plus qu'à faire avec.

J'entends des petits pieds dans l'escalier, Malia, en tenue de sport ;

 - Et moi qui pensais être la première debout !

Je mime une légère révérence,

 - Tada ! non.

Les bras en l'air je lui montre la cafetière.

 - Oh parfait ! ça ne me fera pas de mal avant d'aller courir.

#1 Ne pleure pas trop fortWhere stories live. Discover now