Quatre.

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Nuit de merde, ce n'est pas une insomnie, mais pas loin. J'ai passé la nuit à penser à Ivar ...

J'ai ce gout amer de la rancœur dans la bouche. Pourquoi ? parce que s'il n'était pas parti, je serais surement encore avec lui. Je n'arrive pas me pardonner cette vérité.

Beaucoup de choses me sont évidentes. Comme celle-ci, encore un truc que je ne peux pas dire à Viggo, il ne comprendrait pas, et c'est normal, même moi j'arrive pas à me cerner, je ne peux plus me blérrer.

J'ai mal au ventre.

Il est ou le bouton off ? Je sais...

J'ouvre ma table de nuit, digne d'une pharmacie, je ne manque de rien pour oublier.

Je prends ce qui me tombe sous la main, ça fait longtemps que je ne lis plus les étiquettes, elles racontent toutes la même histoire.

Je le déteste. À son bras j'étais quelqu'un, aujourd'hui je ne suis personne. Qu'une pauvre meuf accro aux médocs pour éviter d'avoir trop envie de sauter par la fenêtre. Ça y est, je suis dans le gaz. Le nuage confortable du flou.

Je reste dans mon lit, et ouvre mon ordi. Je bosse pour oublier le reste.

Ça ne marche pas, l'histoire est celle d'une petite midinette blonde complètement amoureuse de son voisin. C'est tellement niais, que j'en ai la gerbe. Enfaite ça me met en colère. En colère contre moi-même, d'avoir été si conne, et de ne pas être en mesure de faire autrement.

Je boucle ce ramassis de conneries, et l'envoi.

J'avale quelque pilule supplémentaire, m'enfouit dans ma couette. J'ai envie de dormir, ne pas me réveiller... mais mon cerveau est en roue libre. La vérité c'est qu'il y a 20 ans, deux personnes ont décidé de niquer à l'arrière d'une bagnole, et qu'aujourd'hui je suis obligé d'exister.

Comme le dit si bien Peter Pan, mourir doit être une sacrément belle aventure. Je me roule en position fœtale. J'aurais dû fermer les volets, tant pis. Je remonte la couette au-dessus de ma tête.

Nous sommes quel jour ? Ha oui vendredi, Viggo va rentrer tard. Il sort souvent avec ses potes de promo, ce soir-là. Surement pour célébrer une nouvelle croix sur le calendrier.

Un jour je serais heureuse, mais ce n'est pas pour aujourd'hui.

Il ne fait pas vraiment jour. Je prends mon portable, la lumière m'éclate à la tronche comme un interrogatoire par la Gestapo, suis aveugle ...
19h13 ... ha !
Je suis dans le coton, et je ne parle pas de mes draps. J'ai la bouche pâteuse. C'est quoi ce bruit?
Mon ventre ? je dois avoir faim.
J'ai plusieurs messages de Viggo, qui passe son temps à changer d'avis sur le planning de sa soirée.

Et un autre, numéro inconnu, qui m'écrit ;

« Je suis désolé pour hier soir, j'ai été con »

Magnus. Je réponds les yeux à moitié fermés;

« Va te faire foutre »

Je n'ai pas le temps pour ça, Viggo avait raison. C'est juste un chien de la casse supplémentaire. Je n'ai pas besoin de ça en ce moment.
La flemme me prend, mais j'ai faim. Je commande des sushis, après tout je vais passer la soirée seule, autant la rendre un peu plus fun.

« En cours de préparation »

Je me lève, il fait si calme dans l'appartement que je regarde par la fenêtre, quoi? Une invasion zombi aurait pu tout anéantir pendant que je ronflais.
Fausse alerte, les badins sont dans la rue.
Dommage, la paix sera pour plus tard.

#1 Ne pleure pas trop fortWhere stories live. Discover now