Prologue

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Il pleut dehors. Les oiseaux chantent quand même, les gouttes qui s'écrasent contre le verre de la fenêtre tue le silence qui résonne depuis des heures dans ma chambre. Le ciel est gris. Comme une journée d'automne. Je ne ressens rien.

  Voilà bien longtemps que plus une seule couleur ne danse dans ma tête, mais je ne l'explique pas. Je vis dans un monde qui n'a plus de sens, au bord d'un gouffre qui m'appartient, mon cœur hurle des douleurs que lui infligent mes sentiments à ton égard, mon cœur hurle parce qu'il s'emballe à l'écoute de ton prénom, ma tête subit l'appel de ta voix et les images de nos souvenirs.

   Je lutte pour t'oublier, de ne plus dépendre de tes nouvelles, je lutte contre moi-même, contre tout ce qui est capable de ressentir mon âme toute entière.
Je ne veux plus m'endormir seule.

   Dépose une dernière fois tes lèvres sur les miennes, prends tout mon corps et sert-le dans tes bras, dessine mon sourire avec l'encre d'un stylo, répète-moi des choses que je ne souhaite pas oublier.
Tu ne refera jamais tout ça. Tu ne me regarderas plus jamais dans les yeux et tu ne sentiras plus jamais mon parfum.

   J'attends de crier que tu m'as abandonné, de m'abîmer toujours plus pour pouvoir te détester, une façon plus rapide de t'enlever de ma tête et de ne plus jamais t'attendre, les secondes deviennent précieuses et me poussent à tomber dans l'inconscience de l'état de mes émotions. Mes larmes s'écroulent sur nos photos, nous sommes devenus les fantômes de notre passé.

   Je n'aurais jamais pensé un jour à m'obliger d'oublier le plus fort de mes amours, celui que je n'arrivais pas à nommer.

   J'en aurais jamais assez de ta personne, assez de tes caresses sur mon corps plus fragile que le tien.
Mes rêves se dissipent, mon monde se referme, la coque du bateau de mes espoirs est brisé et s'enfonce dans les profondeurs d'un océan rempli de larmes.
Si le ciel m'avais compté l'impact que tu aurais sur moi, je ne t'aurais jamais souris.

   Si ça ne tenais qu'à moi, j'hurlerais. De mal-être sans doute mais peut-être aussi d'une colère qui est toujours restée silencieuse.
   Si ça ne tenais qu'à moi, je serais allongée sur le sol, ivre, noyée dans mon unique tristesse.
Si je me noie m'en voudras-tu ?

   Je t'aime au travers de ma douleur. Au travers d'un monde qui s'effondre.

  Mais tout ça là, ça ne s'explique pas. L'amour ne peut s'expliquer.

   Comment pourrait-on expliquer qu'une éclosion de papillons se fait dans notre estomac, qu'une armée de fourmis se baladent dans notre épiderme, qu'un tambour s'acharne sur notre cœur, qu'un océan s'apprête à déborder de nos yeux, qu'un cœur bat pour un autre ?

   Comment peut-on expliquer toutes ces choses sans même savoir pourquoi c'est là ? Et surtout, comment expliquer des émotions provoquées par un autre être humain, des émotions propres à nous-mêmes, des émotions que d'autres ne peuvent pas comprendre ?

   L'amour ne s'explique pas, il ne s'expliquera jamais.

   L'amour se vit, de façon inattendue, si vraie, si intensément, aussi beau et effrayant qu'il puisse être, l'amour se vit pour faire vivre un cœur.
Même si ce même cœur est brisé.

Outer BanksWhere stories live. Discover now