Chapitre 19

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   Moi et mon poignet enroulé de sparadrap nous marchons sur le sable depuis cinq minutes attendant de voir où sont les Pogues et mon cousin. Je suis évidement passée chez moi pour me mettre en maillot de bain et mettre un châle sur mes épaules.

   Des bouteilles de plastiques jonchent le sol comme si ce plastique était mes émotions, laisser à l'abandon.

   J'ai un problème de plus sur les épaules : Barry qui me menace si Rafe ne le rembourse pas. Su-per ! Ma vie ne peut pas être plus simple et joyeuse !

   Le soleil décline alors je me laisse bercée par le chant des vagues.

   J'arrive auprès d'affaire que je reconnais, je jette un coup d'œil à la mer et ils sont là à surfer autant heureux qu'un Pogue puisse l'être. Adrien et Kiara sont plus loin, sûrement qu'elle est son professeur de surf au vue des gamelles qu'il fait une fois debout sur la planche.

   Je m'assoie sur le sable aux côtés de leurs serviettes et je fixe cette bouteille d'eau qu'ils ont ramenés, mais qu'ils ont laissé au soleil, le plastique à du chauffer.

   J'ai un vide. Celui qui occupe ma tête quand tout va mal. Je ressens des tas de sentiments et même si je sais qu'ils sont réels, ils ne paraissent qu'être du plastique. Je suis en colère, je suis morte de trouille et tellement triste, mais ce n'est que du plastique. Je les ressent sans être convaincu qu'ils occupent tout mon être.

   Dans ces moments-là, j'ai peur de ce qu'il advient, comme si il n'y en avait plus. Si ça ne tenait qu'à moi, j'hurlerais. J'hurlerais de mal-être sans doute, mais peut-être aussi par d'une colère qui est toujours restée silencieuse. Si ça ne tenait qu'à moi, je serai allongée sur le sable, ivre, noyé dans mon unique tristesse. Je ne sais même pas si tout à l'heure, j'ai renifler de la cocaïne pour oublier ma douleur du poignet ou oublier ma douleur mental. Je serais presque ivre morte sur le sable chaud, mais ça ne tient pas qu'à moi parce que j'aime plusieurs personnes et je me dois de les aider à tout surmonter, je me dois de les faire remonter la pente et traverser les obstacles avec eux, mais ça devient tout trop dur de tous gérer et dans ces moments-là comme celui-ci où je me retrouve seule, ce vide me fait presque croire que la vie n'en vaut pas tellement la peine puisque chacun de mes petits soucis disparaît un par un.

   J'aimerais pouvoir montrer que, moi aussi, je suis capable de faire quelque chose de mes mains, de ma tête et de mes rêves, mais imaginer le chemin de ma vie, l'avenir qui m'attend, ça aussi c'est du plastique.
Je me sens comme seule tout en sachant que je ne le suis pas, ouais je sais c'est étrange mais ça ne s'explique pas tellement peut-être même qu'au final ça aussi c'est du plastique.

   Je souhaite seulement que le temps puisse s'arrêter, juste un moment ou peut-être juste m'avouer quoi leurs dire, quoi faire, quoi penser face à tout ça. On me tend la main, mais je ne sais pas comment la saisir. Comment puis-je aider si je dois moi-même être épaulée ?

   Je demande seulement quelques secondes, au plus petit sommeil qui sera me révéler les plus grandes vérités. Ce soir, pendant que le soleil disparaîtra derrière l'étendu de la mer, un vide occupera ma tête et se vide existe depuis ma mère et même si les années passent, ce vide ne guérit pas.

   Les problèmes s'accumulent et je crois qu'un jour je vais sombrer.

   Soudain, lorsque quelque chose touche ma peau, je revient à la réalité, un beau surfeur que je n'avais pas vue s'accroupît devant moi vient déposer quelque chose sur ma joue, me la mouillant au passage.
Ça ne peut pas être une larme parce que je n'ai pas envie de pleurer. J'ai assez pleuré.

— Ça va ?

— Un peu fatiguée. Essayais-je de sourire.

  La fatigue. Je ne parle pas de fatigue physique mais émotionnelle, mentale. Les gens pensent que lorsqu'on parle de fatigue nous parlons d'un manque de sommeil ou que la journée a été éreintante, ils ne vont pas plus loin et je sais que je n'aurais pas pu lui mentir alors d'un côté je lui ai répondu sans filtre.

Outer BanksWhere stories live. Discover now