Poèmes du défi 19 - poésie classique

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Bonjour à tous ! Merci aux trois courageux qui ont relevé ce défi !




Contribution de WafaBabin :

Ailes mortes

J'ai abandonné mes ailes le jour où j'ai compris que l'insouciance n'était pas mon domaine.

J'ai perdu à ce jeu, où tout était facile, le jour où tu es partie. Abandonnée de toi, mon univers s'est mué en une voie que tu n'aurais pas aimé me voir épouser.

J'ai été placée dans le monde des vivants. Ces humains qui croient en tout sauf en l'Unique Bien. Je me suis pliée à leurs règles. Je suis devenue des leurs. J'ai oublié qui tu étais. J'ai rejeté qui j'étais.

Je me suis pour ainsi dire tuée.

Et puis ils sont venus me chercher. Moi qui n'avais rien demandé. Ils sont venus me rappeler qui j'étais, moi qui avais tout oublié. Je n'ai pas voulu les croire. Ils étaient fous. Ils parlaient de mondes qui n'existent pas. Je ne voulais pas me laisser avoir. Que des racontars. Ils étaient là devant moi. Ils étaient beaux. Leurs peaux étincelaient. Ils étaient emplis de la lumière des dieux. Mais ils n'étaient pas des dieux. Pas même des anges. Ils étaient de simples serviteurs. Et moi je devais rentrer avec eux. Chez moi. Je ne les croyais toujours pas. Nous n'étions pourtant pas un premier avril. Et je ne voulais pas croire cette fable où la vie de leur race dépendait de moi. Uniquement. Moi qui n'avais même pas idée de qui j'étais. Alors ils se sont dénudés. Ils ont enlevé cette peau humaine et m'ont laissé voir leurs ailes. Leur peau satinée était parfaite, à se damner. Moi dont la peau était maculée de toutes les cicatrices de ma route. Ils se sont présentés à moi tels que je devais les reconnaître. Ils étaient devant moi et je me suis mise à pleurer.

J'avais dix ans, maman, quand j'ai abandonné mes ailes pour te sauver. J'avais dix ans quand je t'ai vue, sous mes yeux, disparaître en fumée. Tu étais retournée à la poussière dont tu étais faite. Toi la plus brillante des étoiles de la terre. J'avais dix ans quand j'ai erré seule à la recherche de nourriture. Je n'avais plus d'ailes, plus de mémoire, plus de passé. J'avais dix ans, sans toit, ni toi, pour me loger dans tes bras. J'avais tout quitté, tout abandonné pour épouser l'humanité.

Aujourd'hui, on me demande de me rappeler... dois-je le faire ?




Contribution de mayou :

Quand les cinquante ans sont derrière
L'envie, par instants, d'une marche arrière ?
Non, pourquoi avoir des regrets.
Chaque infime action m'a créée.

L'enfant en moi, encore surgit
Comme s'il voulait, son existence, me rappeler
Ne t'inquiète pas, petit
Je ne t'ai pas oublié

Force est de constater
Les adultes ne sont pas très adroits
Jeunes générations, à vous d'y aller
De défendre avec force vos droits




Contribution de Piochons :

Ombres et mouvantes

La mémoire aurait-elle la couleur sépia ?
Je les revois, ces images de mon enfance ;
Derrière mes yeux, elles dansent et se jouent de moi.
Ce message qu'elles lancent pousse à l'émoi :
– Ne garde que la joie et oublie le temps rance !
Ces souvenirs se marrent, tels des galapiats,

Mais ils sont bien toutes les pages de mon livre.
Et si parfois, je les saute en pleine conscience,
Tous les chapitres appartiennent au même recueil.
Ils reviennent au port, évitant les écueils
D'un amer sentiment du passé. Méfiance !
Qu'il ne se rie trop des risées, ce bateau ivre !

N'y aurait-il que Peter Pan pour perdre son ombre ?
Au soleil je surfe sur la réalité
Sans me leurrer de ses miroirs aux alouettes.
Peut-être que la nuit, à l'abri de ma couette,
Revient hier et sa vague d'immortalité.
Tel un grand bleu, j'y plonge, mais jamais ne sombre.

Mon enfance ? Je la revois et je proclame :
La photo est claire et entière, à ce qu'il semble !
Le film, se déroule tel un script immuable ;
Probablement idéalisée cette fable.
Mon ciné Paradisio où jamais, ne tremblent
Les projections et les images ne s'enflamment.




Contribution de DerenWriter :

Étreinte d'antan
Effluves de nostalgie
Fragments rubescents




Merci pour votre participation ! Promis on retournera aux thème normaux la prochaine fois. N'oubliez pas de voter pour dimanche.

Bonne journée !

Écrivons des haïkus ( et pas que )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant