Chapitre 1 - Babette

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Fin novembre.

Et voilà, c'est reparti ! Pourtant, décembre n'est même pas encore là !

Ces grelots ?! Je n'en peux déjà plus.

Mariah Carey, sa gaieté, sa voix qui dégouline des enceintes extérieures ? J'ai envie de lui faire bouffer sa chanson avec sa partition et ses dollars !

« All I want is you », nan, c'est des conneries, les gens ne veulent pas quelqu'un ou seulement rencontrer l'amour de leur vie, ils désirent tout avoir : des biens, des cadeaux, un tas de mets qui débordent de leur table, puis de leur estomac.

J'arpente les trottoirs des grands magasins de Paris pour convaincre les consommateurs d'arrêter de s'empiffrer de foie gras. Qu'on laisse les volailles tranquilles, crotte de bique !

J'arbore mon plus beau sourire, je distribue des tracts, dénonçant le gavage des oies et des canards et proposant une alternative cent pour cent végane, plus que satisfaisante pour le palais et très nourrissante d'un point de vue nutritionnel. J'ai même glissé une recette facile et quelques idées de mes sponsors... Faut bien vivre.

— On reste encore longtemps ? Je me pèle le cul, Babette, me chuchote Lou à l'oreille.

Mouais, moi aussi, mais ma mission est plus grande que ma petite condition humaine, ce ne sont pas quelques gerçures aux fesses parce que je ne suis pas assez couverte qui vont m'arrêter.

— Encore un peu !

Ma meilleure amie me suit dans mes expéditions dès qu'elle le peut et qu'elle veut bien se décrocher de son amoureux. Je déglutis ; Lou est une vraie sangsue avec son mâle, beurk... mais elle a trouvé l'amour, alors je suis ravie pour elle.

— Babette, on n'aura pas assez de flyers, m'annonce une fan au look vintage.

De nombreuses followeuses me copient ou presque, car je m'habille plutôt chez Emmaüs, jamais de première main. Je recycle à fond tandis que beaucoup achètent des vêtements neufs d'une mode passée. C'est joli aussi, bien sûr, mais ce n'est pas tout à fait la même idée.

— Distribuons un maximum et n'oubliez pas le discours.

Une dizaine de mes fans sont là, très actives. Elles me suivent dans bien des manifestations. Je suis une influenceuse très soutenue. Et je les dorlote, car je vis des dons et des allocations, alors pour moi, c'est vital, et sans ma mission pour une meilleure attitude de consommation respectant la vie des animaux et de la nature, je ne suis plus rien.

— Bonjour !

Mon sourire éblouissant arrête le jeune homme. Par politesse, il prend le papier que je lui colle dans les mains. Pourtant, il ne quitte pas mes yeux.

— Vous connaissez le foie gras végan ?

Je ne désarme pas pour arborer ma plus belle expression de bienvenue. Lui reste la bouche ouverte comme une carpe.

— Regardez... Voici une recette ou des idées d'entrées succulentes à acheter... C'est délicieux !

Je commence à me dire qu'il ne comprend rien jusqu'à ce que ses mirettes bifurquent vers le panneau d'affichage derrière moi. Des photos d'oies en train de se faire gaver douloureusement ou d'être menées à l'abattoir se chevauchent pour montrer toute la monstruosité humaine. Le gars tique et saisit immédiatement ce que je lui suggère.

Je me rapproche de lui pour qu'il se reconnecte à moi. J'ai un superpouvoir pour attirer l'attention. Il ne viendrait à l'idée de personne que je puisse être intelligente. Non, je ne suis pas blonde ! Même si le mythe a la dent dure. Bref.

Irrésistible ennemi : Une romance ennemies to lovers addictiveWhere stories live. Discover now