Irrésistible ennemi : Une romance ennemies to lovers addictive

15 - Arthur

Cette bouche, c'est bien un autre usage que je lui réserverais si elle démarrait les hostilités. Mais cette diablesse est plus coriace que je ne l'imaginais. Elle est la spécialiste des deux pas en avant et trois en arrière. Elle sait y faire pour me chauffer puis me lancer le seau d'eau glacée dans la foulée, m'abandonnant avec moi-même, débordant de testostérone. J'ai l'habitude que les femmes me tombent dans les bras. Néanmoins, « BB » est tout autre. Pour autant, je n'ai pas dit mon dernier mot.

Je m'installe le plus confortablement possible. Je ne peux pas ouvrir ma veste pour être plus à l'aise sans lui dévoiler l'ampleur de mon désir. Je suis à cran, mais ses cernes de plus en plus grands montrent que je gagne du terrain chaque jour un peu plus.

Je jubile.

Je vais la conquérir.

J'y crois !

L'avoir si près de moi est une délicieuse torture. Mais je ne m'en passerais pour rien au monde. Maintenant, je ne vis plus que pour ces joutes verbales, ces frôlements de corps qu'elle veut bien m'autoriser en patientant qu'elle daigne me laisser quelques miettes de plus.

En attendant, je vais la ratatiner.

J'ouvre ma session en prenant bien soin de camoufler mon mot de passe. Je file directement sur son ordinateur et je sélectionne le fichier de son projet avec ma souris.

Je la regarde pour voir le petit effet que je lui fais.

Elle souhaite m'écharper.

C'est bon, ça !

Je triomphe de la chambouler à ce point.

Ouaip, les dix commandements façon Arthur Wellington ne sont que pour elle !

D'ailleurs, pour enfoncer le clou, je double-clique pour afficher son document et aucune fenêtre d'avertissement n'apparaît. Le maître des lieux, c'est moi.

Je me gargarise de gagner encore une parcelle de notre champ de bataille en l'observant du coin de l'œil trembler de fureur. J'aimerais qu'on en vienne aux mains, qu'elle m'attrape par ma cravate, déchire ma chemise et ouvre mon pantalon. Je sens à l'avance ses doigts brûlants sur mes pectoraux, sa bouche sur mon sexe...

Ouais, je vais mal... Même très mal...

Mes pornos personnels tournent en boucle jour et nuit. Je n'en peux plus. J'ai hésité à retourner voir Clémentine, mais je ne veux pas lui infliger ma déchéance. Après tout, j'ai deux mains.

« BB » reste là, imperturbable. Elle s'est déjà ressaisie, un sourire placide vissé sur cette maudite bouche. Quand elle ne m'envoie pas bouler avec des mots, elle le fait avec ses silences doucereux et sa condescendance. Ces derniers sont bien pires que ses paroles.

Je me tourne à nouveau vers mon écran. Je connais son document par cœur. C'est juste pour avoir ma dose de sauvageonne et la faire enrager. Parce que ma diablesse ne s'attaque pas qu'à sa mission. Non, elle prend des libertés que je vais devoir crever dans l'œuf.

— Comme nous n'avons pas beaucoup de temps pour mener à bien ce projet, effectuons un premier point, histoire que vous restiez dans le droit chemin, Babette.

Je ne peux retenir une pointe de menace dans mon ton calme. Son regard condescendant et professoral pourrait m'amener à penser que je ne suis qu'un sombre idiot si je n'avais pas pleinement confiance en moi.

Son magistral document commence par la photo d'une assiette avec des boulettes que je ne connais pas et de la verdure autour. Je pointe mon curseur sur ce plat et je me tourne vers elle d'un air narquois. Ses prunelles chocolat insondables fondent dans les miennes. Sa moue boudeuse est délicieuse.