13 - Arthur

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Quelle pauvre petite chose !

J'en ris maintenant, mais j'ai cru qu'elle allait faire un malaise, et franchement, j'ai eu peur sur le coup. Manquerait plus qu'elle décède à mon étage après avoir monté ces maudits escaliers. Je ne peux même pas les condamner : ils servent d'évacuation en cas de danger.

Une végane qui rechigne à utiliser l'électricité, mais quelle plaie ! L'Égypte n'a pas connu pire en son temps.

Je la laisse tranquille pour la matinée, et puis aussi parce que je dois la sortir de ma misérable cervelle.

Néanmoins, j'y ai bien réfléchi... et ce toute la nuit, car cette sauvageonne m'empêchait de dormir. J'aurais peut-être dû rester chez Clémentine. Mais non, à part culpabiliser davantage pour mon mauvais comportement, ça n'aurait certainement pas arrangé mon humeur et ce désir inconcevable que j'ai pour cette maudite « BB ».

Donc, mon plan est simple : je vais la baiser !

Une fois que ce sera fait, je serai débarrassé, elle n'aura plus cette fichue emprise sur moi. Elle n'a rien de plus que les autres. Je serai blasé et j'aurai l'esprit allégé.

Beau programme pour la journée. Il suffit que je la coince et elle fera elle-même le premier pas. Je la pousse à bout, elle craque, je la soulage, problème réglé.

Enfin, je vais attendre qu'elle se remette de l'escalade de mon immeuble. À ce rythme, elle ne mènera jamais à bien sa mission et peut-être que c'est une bonne chose, car elle disparaîtrait à jamais de mon paysage. Uniquement, bien sûr, si je supprime mon compte « Bambi » des réseaux. Un nouveau-né faon ne peut que l'attendrir. Je vais, peut-être, prendre le luxe de la rencontrer virtuellement. Si, j'y songe sérieusement. Ça prouve bien à quel point je suis atteint.

Les heures passent tranquillement. J'analyse nos courbes de vente. Le mois de décembre démarre bien. Quand Françoise m'apporte mon repas, je n'ai pas vu la matinée filer.

Ma secrétaire pose mon plateau, face à la vitre, sur une table haute. Elle connaît mes habitudes par cœur. La vue de mon bureau surplombe tout Paris. Aujourd'hui, le ciel est dégagé et un soleil d'hiver brille au zénith. Tout en bas, les promeneurs sont emmitouflés, car le froid polaire persiste. C'est bon pour les fêtes, les achats n'en seront que plus conséquents !

— Elle va mieux ?

Je prends mon ton le plus détaché possible pour m'enquérir de l'état de ma sauvageonne. Pas besoin de préciser son nom, Françoise est intelligente.

— Oui, elle s'est remise...

— Va-t-elle prendre l'ascenseur ?

— Je crois qu'elle est têtue, elle aussi !

J'ignore son expression sournoise. Je ne suis pas devenu président en disant amen à tout. Soudain, je réalise que si Babette en est là, c'est bien grâce à sa force de caractère et sa pugnacité.

— Merci, Françoise.

C'est un moyen de la congédier poliment. Cette dernière se retire en soupirant et je profite de mon filet bien saignant, comme je l'aime. Je me détends tranquillement. Ma pause ne durera pas bien longtemps.

Je reprends le travail d'arrache-pied. Je me perds dans tous ces chiffres. La synthèse est ardue, mais elle me donnera le profil de notre avenir, des choix à faire pour garder le cap et même mieux encore.

Tout à coup, une alarme se met à sonner dans mon enceinte et une alerte apparaît sur mon écran.

Alors, comme ça, la sauvageonne veut jouer la Mata Hari ?

Irrésistible ennemi : Une romance ennemies to lovers addictiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant