11 - Arthur

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Je ferme brusquement la porte. Quand je la vois serrer les cuisses, je sais qu'elle brûle de désir pour moi, la garce !

Alors, mon attitude de macho l'excite ?!

J'y crois pas !

Je suis plutôt un mec gentil avec les femmes ; en revanche, pas de sexe au boulot, mais un travail acharné pour développer notre empire. Je n'ai jamais mélangé les deux. Pourtant, je m'aperçois que je pourrais faire une exception. Après tout, c'est un ordre de mon père ! Je ricane intérieurement.

Quand j'y pense, on est vraiment mal. Cette attirance irrésistible va foutre l'un de nous deux à terre et clairement, ce sera elle.

Je vais tâcher de conserver cette porte fermée quand la sauvageonne sera dans mon bureau. Je ne voudrais pas choquer Françoise. Car à un moment ou un autre, Babette va me sauter dessus, impossible autrement. Et j'ai même hâte qu'elle me chevauche.

Je remets mon nœud en place.

Je parle de ma cravate !

Pendant qu'elle s'arrête devant ma magnifique table de travail blanc laqué, je la contourne. Je n'ai pas le temps de l'inviter à s'asseoir qu'elle le fait de sa propre initiative. Le contraire aurait été étonnant.

— Avez-vous des questions sur la présentation, Babette ?

Elle fait la moue, j'aime.

— Aucune !

— Parfait ! Mettons-nous au travail !

Elle se cramponne à sa tasse et je me rends compte qu'elle n'a rien pour noter. Très bien. Je vais la bombarder d'informations. À la moindre faute, je la vire et bon débarras.

— Je vous écoute !

Sa mimique se fait conquérante et je me rappelle qu'elle est intelligente.

— Je veux que vous étudiiez la conception d'un steak haché tout végétal. Non seulement je veux qu'il ait l'allure du filet de bœuf haché, mais il doit en avoir aussi la texture et le goût. Ça n'existe pas encore sur le marché et nous serons les premiers !

— Pourquoi imiter un vulgaire morceau de bidoche ?

« Vulgaire » et « bidoche » ne sont clairement pas les termes appropriés, connaissant le prix au kilo que nous pratiquons. Néanmoins, elle ne doit pas connaître nos tarifs, alors je laisse tomber.

— L'idée est d'accompagner les consommateurs tout doucement vers une alimentation plus végétale en leur donnant l'illusion qu'ils mangent de la viande. Bien entendu, nous allons diversifier la gamme... Plus tard.

Enfin... Jamais !

Ses sourcils se froncent de mécontentement et j'en suis heureux. Je suis prêt à tout pour la contrarier.

Bien sûr, je tais que nous pourrons vendre ce produit original très cher puisque les consommateurs ont déjà coutume de payer le prix fort. Je me retiens de me frotter les mains devant ces nouveaux profits facilement gagnés.

J'enchaîne les détails sur les exhausteurs de goût, les différents additifs que nous avons l'habitude d'utiliser pour nos marchandises bas de gamme. Elle hoche la tête régulièrement pendant que je la noie sous les renseignements, dont certains sont totalement superflus.

À peine ai-je terminé, je lève la main dans un signe dédaigneux pour l'informer qu'elle peut s'en aller IMMÉDIATEMENT. Elle est bien obligée de me supporter, elle n'a pas le choix. Je me surprends à avoir ce comportement de véritable connard, alors que je suis toujours d'un naturel calme.

En réponse, la garce me fait un doigt d'honneur devant un sourire magnifique, faisant ressortir ses superbes dents blanches et ses yeux malicieux couleur chocolat.

J'en reste abasourdi, alors qu'elle sort dignement. Je me suis fait avoir à mon propre jeu.

Misérable !

Je m'arrange pour ne pas la revoir de la matinée. Je l'esquive pour le déjeuner, ne m'intéressant même pas à sa pause. Françoise lui proposera bien des adresses.

Quand je reviens du restaurant, la porte du placard de la sauvageonne est fermée. Je hausse un sourcil interrogateur vers ma secrétaire.

— Elle a déjeuné dans son bureau. Merci de t'y intéresser, Arthur !

Voilà que je me fais sermonner comme un petit garçon. C'est une grande fille ; à 28 ans et deux millions de followers, j'ose espérer qu'elle est autonome. Mais je me tais. Ma secrétaire est une perle... Normalement.

— Elle avait son repas... et sa drôle de tasse. Je n'en avais jamais vu de pareille, chuchote Françoise, une pointe d'admiration dans les yeux.

Je me précipite dans mon bureau et me renferme. Je me tape le front en signe d'exaspération.

Miséricorde ! D'une manière ou d'une autre, la sauvageonne nous a tous retourné la cervelle !

Du coup, je reste planqué loin de « Satanas » tout l'après-midi.

Je prends auprès de ma secrétaire le prétexte d'un rendez-vous inexistant pour fuir. Cette dernière n'est pas dupe.

Je saute dans mon bolide. Je dicte un message à mon smartphone pour demander à Clémentine si je peux lui rendre une petite visite ce soir, après le dîner. Je ne veux pas manger avec elle, mais juste baiser. Clémentine est de mon milieu, elle acceptera puisqu'elle espère se marier. Attention, je ne lui ai fait AUCUNE promesse ! Je suis aussi très clair sur mon manque d'intention pour l'instant. Je dois me sortir la brune de la tête. Tirer un coup avec une blonde ne peut être que salutaire !

En attendant ma rencontre grivoise, je m'acharne sur mon corps en faisant une séance de sport haute intensité. J'ai même mis un gilet lesté à dix kilos pour corser l'exercice. La musique de rock metal beugle dans les enceintes. Je ne lésine pas, je me tire sur la couenne.

Je me douche et mange un peu. Je saute dans ma voiture, de nouveau frais comme un gardon. J'ai de l'énergie à revendre, j'espère que mon rencard est en pleine forme.

Arrivé devant le parking souterrain de mon hôtesse, je lui envoie un texto. Il est à peine parti que la porte de son parking s'ouvre. Elle me guettait, c'est parfait ! Elle est aussi pressée que moi !

Du coup, je me précipite dans l'ascenseur. La belle m'attend en déshabillé sur le pas de sa porte. Je ne pouvais pas rêver mieux. Elle est magnifique. Je m'avance vers elle, fonds sur sa bouche, en claquant le battant pour nous renfermer dans son appartement.

Je l'empêche de parler en l'entreprenant de baisers langoureux.

Je passe ma main sous sa nuisette. Elle est nue, trempée, offerte. Elle n'attend que moi. Je plante mon regard dans le sien. Ses beaux yeux bleus me gênent immédiatement. Dans mon esprit, je n'aspirais qu'au chocolat. Je plaque mes paumes de chaque côté de sa tête pour faire disparaître sa blondeur. Je l'embrasse à nouveau à pleine bouche et je ferme les paupières. Je rêve que c'est une autre...

J'enrage !

— Ça va, Arthur ? murmure Clémentine, essoufflée.

Ses pupilles pleines d'incertitude me montrent que je déconne à plein tube. Pour toute réponse, je la retourne. Je me dépêche de sortir mon sexe qui bande dur pour la sauvageonne. J'enfile une capote et je la trousse contre sa porte. C'est bestial, tout comme le désir brutal qui s'est emparé de moi et dont je dois à tout prix me débarrasser. Je ne m'assure même pas de la faire jouir. J'en suis incapable pour la première fois de ma vie, alors que je suis un amant attentionné. Mais là, le sentiment d'urgence est trop grand : en trois coups de reins, j'ai dégoupillé.

Je repars, honteux, sans donner aucune explication, pendant que Clémentine s'excuse.

Que pourrais-je dire ?

Que je suis le dernier des connards ?

J'entends déjà la sauvageonne s'en exclamer.

Miséricorde, je suis dans la mouise jusqu'au cou !

Irrésistible ennemi : Une romance ennemies to lovers addictiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant