4 - Arthur

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Lundi 1er décembre, 6 h du matin.

Je suis dans ma salle de muscu personnelle.

Ma playlist de « workout metal » gueule dans les enceintes afin de m'encourager à toujours soulever plus lourd et lever plus haut.

Je suis un battant.

Un esprit sain dans un corps sain.

Dès que j'aurai terminé, je m'envoie une bonne ration de viande blanche afin que mon métabolisme transforme toute cette énergie dépensée en masse musculaire.

Le miroir me renvoie l'image d'un beau mec de tout juste 31 ans. Mon « eight pack » d'abdominaux brille sous une fine couche de transpiration, mis en valeur par la ceinture de mon short bas sur mes hanches. Une vraie tablette de chocolat. Pas un poil. Une séance d'UV de temps à autre me permet d'entretenir ma peau dorée et de faire le plein de vitamine D quand je ne peux pas aller au soleil. Mes bras sont gorgés de sang après cette série que j'ai enchaînée comme un forcené. Ce soir, je travaillerai les jambes.

Je jette l'éponge une fois ma séance terminée, parfaitement satisfait. J'adore me sentir en pleine forme, avoir la niaque, et aujourd'hui j'en ai encore plus besoin.

— Musique !

Mon ordre à peine balancé, ma domotique éteint l'enceinte. L'aération se met en marche pour régénérer l'air que je viens de souffler comme un bœuf. Je file à la douche. Pendant que je me lave partout, la suggestion de mon père me revient.

« Arthur, s'il le faut, tu la baises ! »

C'est tout mon père, cette phrase.

Toujours prêt à tout pour avoir l'avantage et vaincre. Il croit que je suis un tombeur. C'est vrai que j'ai plus de conquêtes que je n'en voudrais, mais je considère que c'est parce que je suis pété de tunes et un héritier digne d'intérêt. La femme qui me mettra le grappin dessus gagnera le gros lot. Bien sûr, je vais devoir me dégoter une épouse. Une perle rare comme ma mère, qui pourvoira à tous mes besoins et m'attendra sagement à la maison à s'occuper de ma descendance et préparer ma progéniture à reprendre le flambeau.

Tout est tracé. Enfin, ce n'est pas si simple. Pour l'instant, je n'ai pas trouvé celle qui me donnera envie de me passer la corde au cou. Mon père a beau organiser des rencontres avec les filles de nos partenaires, aucune ne m'a séduit suffisamment. Pourtant, elles mettent du cœur à l'ouvrage et de l'ardeur, faut bien le reconnaître. Je n'ai jamais vu de femmes aussi entreprenantes que depuis que l'on me considère comme un homme à marier.

Babette s'invite dans mon esprit. Je pourrais la baiser, bien sûr, comme dit mon paternel.

Je ricane tout seul.

J'ai quand même un minimum de fierté et je ne suis pas un goujat.

Je sors de la douche. Le mec dans le miroir a l'air d'un bad boy avec sa mèche brune qui tombe sur son front et sa barbe de trois jours. Je frotte ma joue pour évaluer la longueur de mes poils. J'aime bien. Je fais l'impasse sur le rasage, on verra demain. Il paraît que je suis encore plus beau comme ça. Alors, autant être à mon avantage aujourd'hui.

Un bon petit déjeuner avec un filet de poulet bien tendre m'attend patiemment dans mon four intelligent. Je sors le plat, tout juste à la bonne température, et je m'attable. Je ne mange que de la viande Wellington de qualité supérieure. Nous avons toutes sortes de gammes de produits. Je persiste tout de même à croire que nous devrions faire l'impasse sur la formule soi-disant économique qui nous pose trop de soucis. Les rendements financiers nous imposent des coûts très bas. Certains partenaires peu scrupuleux sont trop gourmands, d'où ce foutu scandale. Mais c'est vrai que ce commerce rapporte beaucoup, et comme dit mon père : « Il faut nourrir les pauvres aussi ! ». Il n'a pas tort.

Quand j'ai démarré dans le business, j'étais convaincu de pourvoir toute la planète en viande. J'étais un peu trop idéaliste. La réalité des marchés boursiers et des profits m'a rattrapé.

Je goûte mon café avec délectation. Je hume son parfum corsé. Je souris de plaisir face à ces mets de qualité, mais également pour cette rencontre à venir. Dans moins de trois heures, Babette Beauregard se jettera dans la gueule du loup.

Je donne les dernières consignes orales à mon hôtesse virtuelle qui gère mon appartement, mes repas... et j'enfile ma veste sur mesure.

Une fois dans mon coupé Aston Martin Vantage, je me faufile dans la circulation parisienne pour rejoindre le quartier des affaires. J'écoute le moteur ronronner comme un lion. J'adore ce bruit. Je connais les rues qui me permettent d'arriver dans les meilleurs délais.

Quand je me gare dans le sous-sol de notre empire, je suis de bien bonne humeur. C'est une sacrée belle journée. Une de celles où la victoire nous tend encore les bras. Mon père est diablement culotté, mais je crois que je vais bien me marrer.

Je suis prêt à croquer ce joli petit agneau !

Irrésistible ennemi : Une romance ennemies to lovers addictiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant