10 - Babette

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Quand je relève la tête, son sourire carnassier fait hurler une alarme en moi. Je me sens soudain comme la gazelle face au lion. Malgré tout, je garde autant que possible mon air malicieux, espérant faire illusion. L'attaque est la meilleure des défenses.

— Où dois-je m'installer ?

— Mmmm... Pressée, mademoiselle Beauregard ? ronronne-t-il.

Il se lève et m'invite à le suivre.

Sortis de son bureau, nous pivotons immédiatement à droite. Une petite pièce, sans fenêtre, à peine aménagée m'attend. Je me demande si ce n'était pas un placard. C'est spartiate, mais ça me convient, j'ai peu de besoins, pas comme ce viandard dont le stylo Montblanc est rangé dans la poche de poitrine. Grrr... J'ai horreur du luxe !

— Désolé, votre mission étant temporaire, je tenais à vous garder près de moi, annonce-t-il, presque gêné.

Son embarras me fait plaisir. Il va devoir composer pendant deux mois alors qu'il pensait se débarrasser de moi en un.

— Ça me va très bien !

Je contourne le bureau, ouvre mon sac et sors ma tasse. Je fais en sorte qu'il puisse bien lire l'inscription.

« Je suis la fée, la fais pas chier ! »

Voilà, c'est tout moi.

Je l'observe, la moue malicieuse, le regard narquois. C'est plus facile quand il est éloigné d'au moins deux mètres.

Il lève les yeux au ciel... d'exaspération, puis se rapproche malheureusement. Je me crispe, mais lui fais de la place, malgré mon intention.

— Vous utilisez l'électricité ? demande-t-il, sarcastique.

Il se moque de moi, car j'ai pris les escaliers.

Quel blaireau !

— Le moins possible !

— Alors, ceci est un ordinateur !

Il se penche, son bras effleure innocemment ma poitrine. Évidemment, mes tétons pointent en réponse.

Traître de corps !

Je me recule prestement pendant qu'il appuie sur l'interrupteur.

— On l'allume comme ça !

Son ton fier pourrait amener à croire qu'il vient d'accomplir une grande réussite. J'ai envie de le baffer.

Qu'a-t-il fait d'autre que naître dans une famille de riches et seulement marcher dans les pas de son père ?

Pour fêter sa victoire contre la machine, j'applaudis, et il se rembrunit.

Bah ouais, t'as pas vu l'inscription sur la tasse ?

Je m'assieds et relève ma jupe juste à la limite de la décence. Il sursaute et recule pour ne plus avoir à admirer mes jambes.

Bien, j'ai une certaine emprise sur lui.

Malheureusement, c'est réciproque et c'est un tour de force qui s'amorce entre nous.

L'écran d'accueil exige un login et un mot de passe. Il me les communique et je suis bien obligée de les saisir. Il se complaît déjà à me donner des ordres. S'il aime les femmes soumises, il va être déçu. Jamais je n'ai pu entrer dans un moule, me conformer aux règles et m'exécuter sans réfléchir.

Je clique et attends la connexion.

Soudain, sa main chaude se pose sur la mienne. Les images de mon rêve torride de bûcheron surgissent immédiatement dans mon esprit. Je prends feu. J'effleure de ma main libre ma joue cramoisie. Je cherche à libérer celle qui est emprisonnée dans sa paume brûlante, mais je me fais voler ma souris. Ma main est brusquement abandonnée.

Irrésistible ennemi : Une romance ennemies to lovers addictiveWhere stories live. Discover now