Chapitre 10

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Deux jours, plus tard.

Sonia m'a fait faux bon cette nuit, je pense qu'elle a dû rester chez Francis. Je finis mon café en constatant que le ménage a été fait dans les moindres recoins.

Je suis ravie de l'implication de mes employés.

- Ella ?

- Oui Alice.

- Vous venez de recevoir un devis d'un traiteur de la région. C'est une erreur ?

- Ha non, pas du tout. Je voulais justement vous en parler.

Elle me dévisage avec suspicion.

- Ne me regardez pas de travers... Tout va bien. J'ai décidé de faire une grande réception dans une semaine et d'inviter toutes les personnalités du coin. Mon oncle a un sacré carnet d'adresses et je pense que c'est une très bonne idée pour faire de la pub pour l'hôtel.

Mais une voix se met à rugir à l'autre bout de la salle à manger.

- Quoi ? Dites-moi que je rêve ! Une réception ! Non, mais vous avez pété un câble !

Tiens, je l'avais presque oublié celui-là... Je me lève avec la nette intention de lui faire fermer son clapet.

- C'est moi qui vous demande pardon ! De quel doit me parlez-vous sur ce ton ?

Nous nous rapprochons l'un de l'autre pour appuyer cette altercation.

- Je suis votre gérant, et si cela vous a échappé, je gère. Vous devez m'avertir avant de prendre ce genre de décision débile !

- Non, mais je ne vous permets pas ! Et puis, je suis chez moi ici, je fais ce que bon me semble avec ou sans l'accord de MON employé !

- C'est absurde ! Une réception, mais pour quoi faire !

- Alice ne vous a rien dit ? Je veux relancer l'hôtel !

- Mais l'hôtel est très bien comme ça !

- Ha vous trouvez... regardez les comptes. On a tout juste la tête hors de l'eau.

- Ben, c'est bon non ? Et puis, nous avons un client qui a réservé l'hôtel en entier pour son calme ! Et vous voulez lui faire subir une réception bruyante ?

- Justement, parlons-en de vos clients uniques. Ça vous arrange sans doute tout ça, car cela vous permet de faire le minimum, mais moi, ça ne me convient pas.

Ses yeux lancent maintenant des éclairs derrière ses lunettes et je continue en rétrécissant mes paupières :

- Autre chose, je vous ai vu il y a deux jours en ville, qu'est ce que vous y faisiez ?

- Ce n'était pas moi...

- Je suis certaine au contraire que c'était vous !

- Et bien, vous avez halluciné ! Revenons à cette histoire de réception, je suis contre ! Nous sommes trop peu nombreux, nous ne pouvons pas gérer ça tout seuls... Sans compter qu'il nous faudrait au moins deux semaines de plus !

Je lui tourne le dos pour le coup un peu honteux, c'est vrai que j'aurais dû leur en parler avant.

- Et bien, c'est trop tard, les invitations ont été envoyées...

Il me force à le regarder :

- Quoi !

- Oui, bon ça va... Sonia et moi vous aiderons. Et puis j'ai commandé un traiteur, donc, pas de panique, tout va bien se passer.

- Vous êtes insupportable !

C'est alors qu'Alice me tend le téléphone portable de l'accueil.

- C'est pour vous...

Je mets le combiné à l'oreille et entends une voix masculine que je ne connais pas :

- Dis-moi, petite conne ! Dégage d'ici, tu n'es pas la bienvenue !

La panique se lit sur mon visage ce qui interpelle William.

- Mais qui êtes-vous ?

- Si tu ne te barres pas rapidement, tu auras des problèmes !

Livide, je regarde mon gérant, qui m'arrache le téléphone pour écouter.

- Petite conne, j'espère que tu as bien compris. Tu auras de gros problèmes si tu t'obstines...

Puis il raccroche au nez de William.

J'ai la tête qui tourne tout à coup et une bouffée de chaleur.

- Alice apporte un verre d'eau fraiche à Ella.

Puis il se penche vers moi.

- Tout va bien, c'est sans doute une mauvaise plaisanterie.

Il me pose une main sur mon épaule.

- Vous trouvez ? Il faut appeler tout de suite la police !

- Mais non, pas de raison de s'inquiéter, ça devait être des enfants qui jouent avec le téléphone.

Je le regarde dubitativement.

Il pense vraiment ce qu'il dit là ?

- Non, mais vous avez entendu ! Ce sont des menaces !

- N'en faites pas tout un plat. Ce n'est franchement pas grave.

- Ça y est !

Les bras m'en tombent...

- Quoi ?

- Vous ! Vous recommencez à vous foutre de moi !

- Mais non... qu'est ce que vous allez encore imaginer ?

Je prends mon smartphone et saisis deux chiffres.

- Qu'est-ce que vous faites encore ?

- Ben, j'appelle la police !

Il m'arrache le téléphone des mains et raccroche.

- Donnez-moi ça tout de suite !

- Écoutez-moi. Si vous voulez relancer l'hôtel, ce n'est franchement pas la publicité qu'il vous faut en ce moment, non ?

Je réfléchis rapidement et avoue qu'il n'a pas tort, au final.

- Ouais... Donc pour vous, c'est juste une blague ?

- Oui, j'en suis certain. Tranquillisez-vous.

Je récupère mon téléphone et le range dans ma poche.

- Bon. Maintenant, je voudrais qu'on parle de l'organisation de la réception.

- Vous êtes donc déterminée à la faire ?

- Oui, et je compte sur vous trois. Je peux ?

Je cille comme pour l'amadouer. Il inspire avec force avant de dire :

- Très bien. Mais la prochaine fois, je ne veux pas être sur le fait accompli.

- Vous avez ma parole.

MB MORGANE - Mon gérant est un pauvre #%@$! [Terminé]Where stories live. Discover now