Chapitre 21

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À pas léger, je me retrouve dans le couloir. L'orage est de plus en plus fort et m'aide à rester discrète.

J'arrive facilement devant sa chambre et j'ose tourner la poignée de la porte. À ma grande surprise, elle n'est pas fermée à clé, je rentre et referme soigneusement derrière moi.

Mais par où commencer ?

Je m'avance vers un placard et l'ouvre : des chemises, des costumes, des cravates, bref un dressing d'homme. Je fouille maintenant dans les tiroirs d'une commode, il n'y a rien de bien folichon non plus.

Et merde...

Je regarde les papiers du bureau, des comptes, des lettres, des factures...

C'est pénible à la fin... je ne trouve rien de rien. Pourtant je suis sure qu'il cache quelque chose.

Je finis par m'assoir sur le lit, et fixe le vide.

Je me suis peut-être fait des films ?

Un éclair me fait sursauter quand d'un coup, j'observe de plus près le meuble en face de moi.

Mais je connais ce genre de bureau, ils ont des compartiments cachés.

Ni une ni deux, je me précipite vers celui-ci et commence à le palper aux endroits stratégiques. Je tâtonne un bon moment quand en appuyant sur un petit bout de bois, j'entends un mécanisme à l'intérieur qui le fait basculer. Je le saisis pour le tourner dans le sens des aiguilles d'une montre, et hop, bingo !

Un tiroir caché vient de s'ouvrir.

J'ai le cœur au bord des lèvres quand je récupère les dossiers qui y sont rangés.

M'asseyant de nouveau sur le lit de William, je consulte le premier.

Une femme apparait en photo, on y lit toute sa vie. Elle est professeur de danse et enseigne dans une petite ville de province. Pas mariée, elle n'a pas non plus d'enfants. Je tourne la page :


J'ai comme une bouffée de chaleur tout à coup, on dirait le rapport d'un hôpital psychiatrique. Je tourne la page et reconnais l'écriture de William.

« Jour 1 : sujet stable. Jour 3 : sujet en bonne voix pour la réhabilitation. Jour 8 : tentative prévue ce jour, avec bon espoir. Jour 9 : Retour à la normale, demande de transfert. En attente. »

Mais c'est quoi toutes ces conneries ?

Je prends le dossier suivant, le consulte rapidement, puis un autre, et reconnais le client mystère que nous avions rencontré le premier soir.

« Sujet 351, demande de réhabilitation après une tentative. Test et mise en quarantaine de 5 jours, si tests concluants. RAS. »

Je lis maintenant le rapport de William :

« Jour 1 : test concluant. Jour 3 : sujet facile et déterminé. Jour 4 : transfert. »

Avant de replacer le tout dans le tiroir secret, j'en profite pour prendre quelques clichés.

Ne sachant plus du tout où j'en suis, je décide de repartir dans ma chambre pour y voir plus clair, ce que je fais vitesse grand V pour ne pas me faire surprendre. Et pourtant la première chose que je fais, une fois arrivée, c'est bien de pleurer.

Je ne comprends rien à tout cela, William m'a menti. Mais ceci n'explique toujours pas ces histoires de rapports, ces personnes qui sont cachées ici, dans l'hôtel.

Et d'un coup, tout remonte à la surface, tout me parait clair maintenant. William n'a aucun intérêt à ce que je reste, et si c'était lui qui avait causé les accidents, mis en scène les menaces téléphoniques pour que je parte, pour tout simplement lui laisser le champ libre ? C'est évident ! C'est aussi pour cela qu'il ne voulait pas que j'en parle à la police, tout ça pour cacher, ses petits secrets.

Je pleure de plus belle, c'est vraiment un pourri, je le déteste. Pourquoi m'a-t-il fait ça, à moi ? J'avais confiance en lui et je me suis donnée à lui.

J'ai passé le reste de la nuit à transformer ma peine en haine. J'ai maintenant envie de laisser tout tomber.

Le lendemain matin, j'ai une mine atroce, mais je me fais violence pour attaquer la journée dans les meilleures conditions.

Toujours en colère par les mensonges de William, je reçois un coup de téléphone de mon oncle.

Au moins, il va me redonner le sourire.

- Ma chère nièce, comment vas-tu ?

- Ça pourrait aller mieux.

- Mince, que t'arrive-t-il ?

- Toutes ces histoires me pèsent, je suis fatiguée.

Un silence se place entre nous, puis je l'entends souffler.

- C'est cet hôtel ? N'est-ce pas ?

- Oui aussi, je suis vraiment en train de me demander si vous n'aviez pas raison finalement.

- Ha. Je te comprends. Écoute, je viens te chercher et je t'invite ce soir au restaurant. Tout cela va te changer les idées et puis nous pourrons discuter de tout cela. Qu'en penses-tu ?

Je me réjouis de me retrouver en famille, j'ai passé bien trop de temps seule en ce moment.

- Oui, merci, j'accepte volontiers.

20h le lounge de mon oncle.

- Mademoiselle ?

- Oui, monsieur ?

- Apportez-nous une bouteille de champagne.

Puis Albert pose sa main sur la mienne.

- Je vais te remonter le moral, ma grande.

- Merci, tu es si gentil.

C'est alors qu'une silhouette familière vient s'assoir à côté de moi.

J'enlace mon cousin avec beaucoup d'affection. Que c'est bon de se sentir soutenu !

- Francis ! Alors pas trop seul depuis que Sonia est partie ?

- Comment le sais-tu ?

- Je suis tellement ravie que ça colle entre vous.

- Oui, c'est une chic fille et je l'apprécie beaucoup.

- Magnifique alors.

Mon oncle nous sert de ce fameux champagne puis pose un dossier sur la table. Il me regarde l'air canaille, attendant une réaction de ma part qui ne tarde pas à venir.

- De quoi s'agit-il ?

- Une surprise qui va sans doute te plaire. Après ce que tu m'as dit ce matin, nous avons pensé à ça. Vas-y ouvre !

Je prends la pochette et en sors un contrat. Mais Francis parle à vox haute.

- Une association...

- Entre nous trois ?

- Oui, en fait nous avons pensé à plusieurs choses : papa apporte les fonds nécessaires à la réfection de l'hôtel et à sa publicité, moi je m'en occupe comme directeur et toi, tu récoltes la moitié des bénéfices ? Comme ça tu pourras retourner sur Paris et continuer à faire ce que tu aimes.

C'est étrange, mais cette idée ne m'enchante pas de prime abord, pourtant dès que je repense aux mensonges de William, je lâche un :

- C'est une très bonne idée...

Alors tout le monde applaudit, je sors un stylo, mais je suis coupé dans mon élan pour signer par Albert qui me dit :

- Rien ne presse, regarde tranquillement le contrat ce week-end si tu as des closes que tu veux changer, puis on en reparle la semaine prochaine.

Le champagne a donc coulé à flots ce soir-là et tout cela m'a redonné le moral.

MB MORGANE - Mon gérant est un pauvre #%@$! [Terminé]Where stories live. Discover now