Chapitre 11

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La veille du jour J. L'hôtel commence nettement à retrouver ses heures de gloire. Les jardiniers sont à pied d'œuvre pour arranger en un temps record les espaces verts ainsi que la piscine.

Alors que le banquier conseillé par mon oncle s'est trouvé réticent à me faire un prêt, j'ai dû penser à une autre solution. Aussi, j'ai envoyé à Antoni quelques photos de belles pièces qui faisaient partie de la collection de mon grand-père et je les ai mis en gage. Il a ainsi accepté de m'avancer un peu d'argent. Je sais que tout ceci reste provisoire, lorsque l'hôtel sera définitivement relancé, je pourrais le rembourser.

Sonia et moi n'arrêtons pas de courir dans tous les sens et je dois avouer que William joue parfaitement le jeu. Tout sera nickel, j'en suis certaine. Il y a même quelques clients en ce moment qui occupent des chambres, nous avons eu des réservations pour cette semaine et le "client unique" a finalement accepté de "partager" l'hôtel avec d'autres personnes...

Alors que je place au milieu du salon un grand bouquet de fleurs, j'entends du remue-ménage dans le hall.

Puis quelques secondes plus tard...

- Ella, excusez-moi de vous déranger, mais quelqu'un est là pour vous.

- J'arrive.

Mais lorsque je reconnais ce profil, je m'arrête net.

- Antoni ? Mais qu'est ce que tu fais là ?

Il me prend dans ses bras et me lance un sourire.

- Et bien, j'ai réservé dans ton hôtel. Je voulais te faire la surprise.

- Heu, oui. Mais quand même...

Il regarde tout autour de lui et lâche un petit sifflement.

- Magnifique demeure. C'est pour elle que tu m'as donc abandonné... je suis terriblement jaloux.

- Antoni...

Un raclement de gorge se fait entendre et quelqu'un me passe devant pour tendre sa main à mon ex.

- Bonjour, je suis le gérant.

- Enchanté.

- Vous avez réservé ?

- En effet, une chambre...

- Simple... c'est tout ce qu'il nous reste.

- Ha, heu d'accord. Je ferai avec...

Il pianote sur l'ordinateur frénétiquement et m'envoie un regard en biais.

- Donc, vous séjournez ici combien de temps ?

- J'ai pensé que deux semaines...

- Ha, non, désolé. Nous ne pouvons pas.

J'écarquille les yeux d'un coup avant de lâcher très fort :

- William !

Mais il me répond froidement, le visage dur.

- Il y a un problème, Ella ?

Nous nous toisons un moment avant d'être coupés par Antoni :

- Ella ?

Je me tourne vers mon ex.

- Tu as reçu mes fleurs ?

William parle à ma place :

- Oui.

- Ha... d'accord...

Je balade ma tête entre les deux hommes, ne sachant plus comment réagir, aussi la seule chose qui me vient à l'esprit :

- Alice, s'il vous plait, accompagnez monsieur à sa chambre, j'ai besoin de parler à William !

Je lui lance un coup de tête vers le salon pour que nous puissions nous isoler.

Lorsque la porte est close, j'entame la discussion :

- Non, mais ça ne va pas ! Qu'est-ce qui vous prend de traiter les clients comme ça ?

- Je vous sors d'un mauvais pas, vous pourriez juste me remercier.

- Comment ça ? expliquez-vous ?

- Vous m'avez dit que vous travailliez avec votre ex, un certain Antoni. Je ne suis pas né de la dernière pluie et quand j'ai vu les fleurs arrivées de sa part j'ai bien compris ce qu'il voulait faire : vous reconquérir.

- Et alors ? Qu'est-ce que ça peut vous faire au juste ?

- Ha pardon, vous comptiez retourner avec lui ?

- Mais non !

- Bon, alors j'ai eu raison. On n'a pas fait tous ces efforts pour l'hôtel pour que madame nous plante du jour au lendemain et reparte avec son ex petit copain.

Je plisse mes yeux et étire un sourire vers la droite.

- Ho, mais finalement, vous vous êtes attaché à moi...

Il remonte nerveusement ses lunettes sur son nez.

- Absolument pas, je vous ai dit que j'étais contre la vente de l'hôtel, et c'est important d'être cohérent avec la clientèle.

- Pour la vente, je comprends, mais depuis quand vous vous souciez de la clientèle ? C'est nouveau ça !

- Et bien, allez savoir, tout arrive. Vous aviez raison, cet établissement mérite un peu de considération.

- Mais quel changement d'attitude tout à coup... vous me feriez presque peur...

- Un miracle sans doute. Bon et bien, excusez-moi, mais il y a des gens qui aiment cet hôtel et qui ont besoin de moi.

Et il me laisse seule dans la pièce en proie à des doutes comme souvent d'ailleurs avec lui. Lorsque je sors, je tombe nez à nez avec Sonia.

- Tu ne devineras jamais qui vient de débarquer ici.

- Antoni !

OK, donc, loupé l'effet de surprise...

- Mais comment le sais-tu ?

- Et bien, j'ai reconnu sa voiture sur le parking. En même temps, le connaissant c'était prévisible.

- Comment ça ?

- Oui, il est totalement accroc à toi, il ne peut pas se passer de toi bien longtemps.

- Tu exagères.

- C'est fou comme tu es naïve Ella, tu vois bien qu'il attend le moindre geste de ta part pour retourner avec toi. Et si j'étais toi, je lui ferais comprendre rapidement que tout est bel et bien fini entre vous. Il pourra plus facilement tourner la page.

Je fais la moue. C'est exact, on n'a jamais vraiment parlé de rupture, mais plutôt de break. Pourtant tout cela parait évident, non ?

- Tu penses donc que je dois mettre les choses au clair ?

- Je ne pense pas, j'en suis certaine.

Je réfléchis rapidement.

- OK, il faut que j'aborde le sujet avec lui.

- En attendant, nous ne sommes absolument pas prêts !

- Sonia ne t'inquiète pas, tout va bien se passer et ce n'est que demain soir.

- Justement.

Puis elle se tourne vers mon cuisinier.

- Matt ! Je dois impérativement voir la vaisselle !

Elle me quitte comme si elle venait de se faire piquer par une guêpe.

Antoni... elle a raison, je dois mettre les choses au point avec lui avant que tout me dépasse.

MB MORGANE - Mon gérant est un pauvre #%@$! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant