Chapitre 16

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Le rendez-vous avec le directeur de l'office du tourisme s'est bien passé et je roule maintenant tranquillement.

Nous avons prévu de faire de la communication autour du calme des lieux, de son côté atypique et du fait que de nombreux départs de randonnées sont à proximité.

Un véritable havre de paix à part quand les remises explosent... Bref... oublions ça...

Cela dit, maintenant que plus rien n'est susceptible d'exploser justement, nous pourrons quand même espérer le retour de ce fameux calme...

Il fait nuit et j'ai hâte de rentrer, je suis presque à l'embranchement du chemin de l'hôtel et je décélère...

Mais...

La surprise passée, et aidée par une soudaine montée d'adrénaline, je commence à frénétiquement appuyer sur le frein de ma voiture de location.

Mais putain, plus rien... merde, mais.

Je roule trop vite et j'aperçois déjà un virage en face de moi. Le véhicule est instable pourtant, je continue à essayer de freiner en enfonçant le plus possible la pédale, mais je n'arrive pas à le stopper, les commandes ne répondent plus.

Aussi j'utilise en tout dernier recours le frein à main, mais il fallait s'y attendre, la voiture se met à glisser. Elle fait un tête à queue. Je crie de toutes mes forces en voyant ce qui va se produire. D'instinct, je m'accroche au volant en fermant les yeux quand je quitte la route pour finir sans un petit fossé.

Mon front heurte tout de même l'avant. Le tableau de bord ne se prend maintenant pour un arbre de Noël.

Un temps, je reste dans la même position, le cœur battant à cent à l'heure, la voiture lançant des bruits stridents. Puis je commence à bouger une à une les parties de mon corps quand soudain on frappe à la vitre. Mon palpitant qui tentait de se calmer repart de plus belle.

Je me retourne d'un coup et vois devant moi un homme qui me fait signe de lui ouvrir la portière.

J'arrive à le faire et à m'extraire du véhicule tremblante. Je constate rapidement les dégâts, ça aurait clairement pu être pire.

Et moi je vais bien...

Enfin, je saigne un peu de l'arcade sourcilière, mais rien de bien grave, en fait. J'ai eu manifestement beaucoup de chance.

- Bonjour, tout va bien ?

Je détaille l'homme qui est en face de moi.

Même en étant sonnée et choquée, je peux dire qu'il est particulièrement charmant, grand, athlétique, brun, énigmatique avec un regard à faire mourir d'amour n'importe quelle femme.

Et mes joues s'enflamment de façon incontrôlée par cette vision tout à fait improbable.

- Mademoiselle ?

Il approche sa main de mon front et pose délicatement son pouce sur mon arcade. J'en ferme presque les yeux tant tout cela me parait irréel. Je suis hypnotisée par ses gestes, mais j'arrive à murmurer tout de même :

- Heu, ça va, je vais bien. Mes freins ont lâché...

- Ha... et vous alliez où ?

- À l'hôtel qui est juste à quelques kilomètres d'ici.

- Je le connais bien cet hôtel...

Il me perce de son regard d'acier, il est impressionnant, viril sur de lui. Il continue en se rapprochant un peu de moi plus séducteur que jamais.

- Vous connaissez William ?

- Oui bien entendu, c'est mon gérant...

Alors d'un coup, il retire sa main de mon front et soulève un sourcil résigné.

- Dommage...

Comment ça, dommage ? On dirait que la région accumule les tapés en ce moment... C'est peut-être la lune ?

Puis il me fait signe de le suivre avant de dire :

- On ne peut rien faire pour cette voiture ce soir. Vous avez de la chance, venez, je vais au même endroit que vous.

- Ha vous êtes l'habitué de l'hôtel dont m'a parlé William ce matin.

Il se met à rire.

- Oui en effet, on peut dire ça.

Quoi, qu'est-ce que j'ai dit encore de drôle ? Oui c'est maintenant très clair, il est définitivement tapé...

Je récupère mes affaires et entre dans sa voiture qu'il m'a gentiment ouverte.

Puis quelques minutes plus tard, mon chauffeur se gare sur le parking de l'hôtel.

À peine ai-je le temps de mettre le pied dehors, que tout mon personnel nous accueille.

Mais la première chose que fait William, c'est bien de me toucher l'arcade sourcilière, mais pour le coup, bien moins délicatement que l'étranger aux yeux de braises.

- Aïe ! Mais stop ! Ça fait mal !

Je retire d'un coup sa main d'un geste.

L'étranger se place alors juste à côté de moi pendant que William montre mon front en me pointant du doigt comme si j'étais un objet.

- Aaron ! C'est quoi ça ?

- Ha ben, pour une fois, ce n'est pas de ma faute...

Comment ça pour une fois ? Sa faute de quoi ? Le coup que j'ai pris sur la tête m'a rendu débile ou quoi ?

- J'espère !

Puis William, plus agacé que jamais, se tourne vers moi l'air sévère :

- Qu'est-ce qui vous est arrivé encore ?

- Comment ça « encore » ? Vous vous rendez compte quand même que vous êtes insupportable là ? Vous vous prenez pour qui, mon père peut-être ?

- Où est votre voiture ?

Il me gonfle quand il me parle de cette manière et de plus devant tout le monde.

- Non, mais vous allez vous détendre, c'est moi qui ai eu un accident de voiture pas vous. Alors c'est plutôt moi qui devrais avoir les vers ! Non ?

- Comment ça s'est passé ?

Mais c'est Aaron qui répond à ma place :

- Les freins ont lâché.

- Toi ! Je t'ai pas sonné... tu connais le chemin, non ?

L'étranger hausse les épaules, puis récupère sa valise afin de suivre Alice et Matt.

- Alors ?

Je regarde les autres s'éloigner puis me retourne vers William, je suis à deux doigts de lui en coller une.

- Alors ? Quoi ? Vous êtes pénible à la longue... J'étais sur la route, et mes freins n'ont plus répondu, j'ai essayé de me débrouiller avec les commandes et la voiture a fini par tomber dans un petit fossé. Ma tête a heurté le volant.

Il se tait un moment et respire plus vite. Aussi je continue :

- Et cet homme est arrivé juste au bon moment.

- Mouais, c'est ça... tu m'étonnes, comme par hasard.

Il s'approche de mon visage.

- Montrez-moi ça !

Mais je recule aussi sec et lui réponds.

- Non, ce n'est pas grave !

Et je retourne vers l'hôtel pourtant il me rattrape pour dire :

- Faut pas rester comme ça !

- Je n'ai pas besoin de vous, William. Je peux très bien me débrouiller seule, sans vous, sans médecin, sans personne...

Puis je continue ma route tout en lui donnant le coup de grâce :

- Et puis, ne venez pas m'emmerder, je suis à bonne école avec vous !

MB MORGANE - Mon gérant est un pauvre #%@$! [Terminé]Where stories live. Discover now