[EIGHTEEN] C h a r l i e

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Elle est sortie de sa salle, avec son tee-shirt de sport, le jean qu'elle portait depuis vendredi pour remplacer son legging sale, ses cheveux en bataille qu'elle n'avait pas eu le temps de coiffer. Ce serait mentir que de dire qu'elle n'était pas belle.

Elle m'a regardé d'un air surpris et je me suis décidé à parler.

— Ça va mieux ?

Elle a hoché la tête.

— Oui, beaucoup mieux. Au fait... Merci.

— C'est normal.

Je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête à ce moment-là. Peut-être que les filles deviennent folles pendant leur cycle menstruel ? Toujours est-il qu'elle m'a pris dans ses bras.

Attention, je ne dis pas qu'aucune fille n'avait fait ça, avant. Bien sûr que si – en même temps, vu mon magnifique physique... Mais un autre paramètre entrait en jeu.

C'était Raven

Raven qui ne me supportait pas, qui se montrait froide quand je l'approchais, prenait peur quand je lui parlais d'amour, restait de marbre – ou presque – quand je lui lançais des phrases de drague vraiment pas délicates. 

Raven que j'avais faite pleurer plus jeune, qui ne verserait plus une larme pour moi – elle se l'était juré l'autre nuit, d'ailleurs elle croyait toujours que je ne l'avais pas entendue. Que j'avais faite rager. Que j'avais défiée. 

Et, pour Raven, ce qu'elle était en train de faire, c'était un signe de défaite. Je pensais qu'elle allait le réaliser et se dégager immédiatement. Pourtant, elle n'a pas paru s'en rendre compte, ou alors elle s'en fichait. 

J'ai passé mes bras autour d'elle et elle a eu un petit sursaut surpris.

— Merci beaucoup, a-t-elle murmuré.

J'ai réfléchi à ses paroles en silence.

Merci pour quoi, exactement ?

À l'entendre parler, j'avais foutu sa vie en l'air. Je ne voyais pas en quoi j'étais bénéfique pour elle au point qu'elle me remercie. Peut-être qu'elle me remerciait d'exister et d'être aussi merveilleux. Peu probable, de la part d'une fille comme elle.

Peut-être parce que je lui avais proposé d'aller à l'infirmerie ? 

Je n'en avais même pas le mérite, c'était ma petite sœur, qui m'avait dit que, si un jour je me trouvais dans un situation dans laquelle une fille avait ses règles, il fallait que je l'amène à l'infirmerie.

Je ne me souviens plus pour quelle raison et dans quelles circonstances elle m'avait dit ça. Cela faisait plusieurs mois que nous n'avions pas eu une discussion sans nous disputer ou menacer l'autre meurtre. Je me rappelle que j'avais pensé que ça n'arriverait jamais. Pourtant, j'ai remercié November et ses bons conseils par télépathie, parce que sinon je n'aurais su quoi faire, et ç'aurait été bien gênant. 

Je crois qu'à un moment donné, elle s'est rendue compte de ce qu'elle était en train de faire. Et je pense aussi que sa fierté aurait pris le dessus et qu'elle serait partie si je ne l'avais pas rapprochée de moi. Pour l'empêcher de s'échapper.

— Reste.

Elle a posé la tête sur mon épaule.

Et je n'ai plus pu parler. Pour une raison qui m'échappait totalement. Je devais être malade, avoir un problème d'élocution. Mon Dieu, j'espérais ne pas avoir attrapé un rhume. Une plaie, ces trucs-là.

Toujours était-il qu'il ne fallait pas qu'elle reste ici. Elle ne devait pas rester ici. 

— Wheeler ? Ça va ?

Sa voix m'a tiré de mes pensées, et je pense que c'est comme ça que j'ai repris le contrôle 

— Très bien. Et toi ?

Elle a levé ses yeux sur moi, comme soucieuse. Puis elle les a baissés. Sur mon nez, sur mes lèvres. Son regard clair s'est arrêté à cet endroit. 

Je sentais que j'allais gagner le pari. Elle était en train de céder petit à petit, en m'accordant un sourire, un merci, un câlin, un fou-rire.

Elle n'était plus la même que quatre jours plus tôt. En tout cas, son comportement avait radicalement changé.

Ce n'était plus Raven l'intello timide, elle était devenue Raven la jeune femme vivante et affirmée.

Je me suis demandé si elle s'en rendait compte. Sûrement que oui. Ou peut-être qu'elle avait toujours été comme ça, mais je n'avais jamais essayé de voir en elle.

Je me suis approché au maximum pour voir comment elle allait réagir. Je sais. Ce n'était pas une bonne idée, et il fallait que j'arrête de toujours chercher à la pousser à bout. Et puis, une fois qu'elle aurait perdu le pari, qu'est-ce que je lui demanderais de toute façon ?

Je n'en avais aucune idée.

Ce qui était sûr, c'est que, premièrement, jamais je ne lui parlerais de moi ; et deuxièmement, jamais je ne tomberais amoureux d'elle. 

Enfin, c'était ce que je pensais. Je ne savais pas ce que c'était, aimer.

Pour ce qui est de sa réaction, elle a fait un truc étrange, que je n'aurais jamais cru possible de sa part. Et qui ressemblait énormément à de la provocation. Mais bon, on parle bien de Raven, alors j'ai expédié immédiatement cette idée de mon esprit. Quand bien même elle était plus que probable. Elle a collé son bassin contre le mien, a effleuré de ses lèvres les miennes, et s'est retournée en murmurant :

— Je vais me doucher.

Elle a disparu dans les vestiaires du gymnase, qui étaient équipés d'une petite douche à l'italienne, mais l'image de ses cheveux roux et de ses longues jambes a semblé flotter dans l'air.


~Plagiat interdit~

≈870 mots

Publication le 26/05/23.


|Un petit chapitre parce que j'avais envie UwU. Merci pour les 12M de lecteurs, vous êtes incroyables !!! (je rigole, mais merci énormément pour les 1.2K, je me plains tout le temps mais n'oubliez pas que je vous aime très très fort<3)|

Seulement deux SemainesWhere stories live. Discover now