- 𝖕𝖓𝖑, Alma & Nabil, Castille & Tarik
Lorsque Alma rencontre Nabil, elle ne
doutait pas un instant qu'elle allait enfin
connaître cet amour, celui qui nous anime
de l'intérieur, pour lequel on se dit prêt à tout,
mais nombreux seront les obs...
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ROUGE DRAMA
Ses paupières se ferment lorsque je passe ma paume de main dans ses mèches de cheveux bruns. Je regarde son visage pâle et marqué par la fatigue. Ses paupières s'ouvrent sur deux iris marrons et toute la détresse du monde dans les yeux. Je regarde cette femme, que j'aime depuis plus de neuf ans, me regarder, les yeux vides comme depuis trois mois. Une nuit, tout s'est éteint dans ses yeux, dans sa poitrine. Je sais qu'elle tient seulement pour notre famille à nous, pour notre fils, mon frère, ses neveux. Sa douleur, je la partage. J'ai toujours partagé ce qu'elle ressentait mais depuis trois mois, c'est plus que ça, ce n'est pas seulement ce qu'elle ressent elle, c'est ce que je ressens aussi. Ce qu'il ressent lui aussi, sûrement mille fois plus fort que nous.
J'entends les hurlements silencieux. Les larmes. L'incompréhension. Le silence. J'entends sa voix, une dernière fois. Ses derniers mots m'ont été destiné. Elle m'a livré une dernière mission que je tiens sans relâche, depuis qu'elle a donné son dernier souffle. Les fleurs. Les condoléances. Les gens. Leurs regards. Tarik. Alma. Leur douleur partagés. Ces regards impassibles. Cette envie de tout brûler autour d'eux. Ma patience. Mes mots. Mon soutien.
Plus rien ne sera comme avant depuis qu'elle est décédée.
– Tu viens manger avec nous ? Je lui demande en continuant de caresser ses cheveux, Naïm nous attend déjà
Elle tourne la tête vers le reste du séjour. Notre fils est déjà attablé à sa chaise de « grand » comme il aime dire. Il est attaché à son réhausseur de siège, sur une place en bout de table entre moi et sa mère. Il agite ses couverts dans les airs et les frappes sur la table. Je pose mes yeux sur Alma, quelque chose renaît dans ses yeux lorsqu'elle observe notre fils puis qu'elle relève les yeux vers moi.
Alma – Je n'ai pas très faim ce soir Nabil
– Viens quand même avec nous
Elle hoche doucement la tête et je récupère les feuilles qu'elle a entre ses mains pour les poser un peu plus loin sur la table. Elle se relève de sa place et je la poursuis jusqu'à notre séjour. Elle se penche vers notre fils, ses bras autour de lui, elle embrasse à répétions son visage.
Alma – Tu as faim mon bébé
Naïm – Oui, faim !
Je fais signe à Alma de s'installer avec notre fils. Je récupère l'assiette d'Alma et celle de notre fils que j'ai déjà dressé et laisser dans le chauffe plat en attendant. Je dépose l'assiette de notre fils devant lui et je fais la même chose pour Alma, elle analyse son contenu pendant que je pars pour récupérer la mienne.
