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Les températures se réchauffent, ce n'est pas pour autant que j'ai chaud.

Le roi et moi n'avons pas échangé un mot le reste du temps. Nous avions reçu par des servantes de magnifiques fruits rouges des bois en guise de dessert, que je m'étais forcé à ne pas manger d'une traite.

C'était là quelque chose que j'adorais, et à vrai dire le seul à le savoir ne pouvait être que mon maître. Pour m'avoir nourri et quasiment élevé, il ne sait que trop bien ce que j'apprécie ou non.

Il lui a forcément dit.

Le roi m'observe engloutir une par une mes baies, et parfois même je lorgne son assiette qu'il a à peine toucher. Je repousse le plus longtemps possible l'instant où il n'en restera qu'une, et quand ça arrive, sa majesté sourit et pousse son écuelle vers moi.

Je peux refuser mais je n'en ai pas envie.

« Mange », ce n'est pas un ordre, plus une prescription.

« Vous n'en voulez pas ? », je dis alors que j'ai déjà commencé à piocher dedans.

Il bouge la tête de gauche à droite.

Le courage me vient, je prends une baie entre mes doigts et la lui tends. Alors que je m'attends à ce qu'il la prenne avec sa main, il se rapproche et mords dans le fruit, avant d'esquisser un fin sourire.

Sans que je ne m'en aperçoive, je fixe longuement ses lèvres et quand je me rends compte de ce que je fais je détourne vite le regard et rougis.

Il ricane un peu, puis prends une serviette et s'essuie. Ce geste a une connotation simple, le repas est fini, il va partir.

Mais moi, je ne veux pas.

« Cesses les convenances quand nous ne sommes que tous les deux »

Je comprends mais je ne me permettrais jamais, je demande quand même.

« Que voulez-vous dire? »

« Que veux-tu dire ? », me corrige-t-il

Ah. Non. Effectivement je ne tutoierai certainement pas un demi-dieu.

« Pourquoi sembles-tu triste ? »

Il lit dans mes pensées ou quoi ?

« je ne veux pas que ça s'arrête »

« quoi dont? »

« ça », dis-je en me retenant à peine de crier.

Il se lève. Oh non. Peut-être ai-je été impoli dans le ton employé.

Il se mets à côté de moi et me tends la main, je peux observer ses doigts longs et fins ornés de bagues à l'effigie du sceau royal des lykias.

Quand je la touche, je peux sentir un frisson me traverser et je suis sûr que c'est aussi son cas. Nous restons quelques secondes à fixer nos doigts avant qu'il ne prenne l'initiative d'entremêler nos doigts.

Mon cœur se réchauffe et je lève la tête pour l'observer. Cette situation est beaucoup trop plaisante.

Nous marchons côte à côte un long moment, jusqu'à ce que nous nous retrouvions dans un espace à l'arrière du palais. Il est énorme et dépourvu de végétations, il y a juste de fines herbes sur le sol.

Le roi lâche ma main, cela m'attriste un peu mais il me rassure...

« seulement quelques secondes et je te reviens »

Je souris.

Il s'avance en me précisant bien de rester derrière lui. Il lève les mains, et crispe ses doigts avant de prononcer :

« Ptéryos de jour comme de nuit

Ptéryos de toutes les saisons

Hélyos, fais grâce à ton roi et montres-toi »

La bête énorme, cette chose semblable à ce que les humains assimilaient à une taupe, sort de terre. C'est cette créature qui m'a mené à lui, elle apparaît complètement transformée comme si elle avait muté. Et puis quand je bouge d'à peine un millimètre, elle s'agite.

« Ne bouge pas, Hélyos est sensible », m'ordonne le roi.

« Hélyos mon ami, j'ai quelqu'un à te présenter »

Je le regarde, les yeux ronds, il s'approche de la bête et la touche. Elle passe alors d'une couleur à une autre, mes orbes deviennent pétillants, je ne me ferai jamais à la beauté de la faune et de la flore d'Artémis.

« C'est un Ptériode, le dernier de son espèce, sais-tu quelle sa spécifité? »

« Vous pouvez toujours me le dire », dis- je les yeux fascinés par la facilité avec laquelle il approche cette créature.

« Elle n'est pas dotée de magie mais elle s'en nourrit. Les ptériodes étaient utilisés autrefois par l'Ordre pour aspirer la magie noire des sorciers ayant mal tourné. On les élevait et les intégrait à l'armée royale, ils pouvaient ressentir à des kilomètres une attaque magique »

Quand il dit ça, il me tend la main pour que je la saisisse, ce que je fais. Puis d'un commun accord, il décide de me la faire toucher.

« Hélyos est le dernier de son espèce, ils ont tendance à ne s'attacher qu'à un seul être qu'ils se promettent de protéger jusqu'à leur dernier souffle. Il a dû me prendre pour toi le jour où il t'a emmené ici »

« Comment cela a-t-il pu être possible? »

« Notre lien, l'Eli a dû insuffler en lui le besoin de nous réunir, mais maintenant il se méfie parce qu'il ne te connaît pas »

J'écoute tout son récit et ne remarque que maintenant que sa main n'a toujours pas quitté la mienne.

Nous n'avons pas toujours parlé de nous, mais je crois que c'est ça, le 'nous', ce qui se passe actuellement. Lui qui parle moi qui écoute, lui qui me touche, moi qui apprécie. La suite, on verra après.

« Pour n'en reste-t-il qu'un? »

« Tu connais la réponse, en fait, tu n'ignores rien de tout ce que je viens de te dire »

Ah.

« Je n'apprécie pas forcément le fait que vous demandiez à mon maître des renseignements que je pourrai vous fournir moi-même »

« Je n'ai pas pour habitude de faire selon les désirs des autres »

C'est vrai que je m'adresse à un souverain, il fait ce qu'il veut quand il veut et avec qui il veut.

Nous nous adressons l'un à l'autre en nous jaugeant, là, face à face nous nous rapprochons l'un de l'autre sans éprouver la moindre gêne d'être ainsi à côté de l'autre.

A quelques centimètres.

Je peux sentir son souffle sur mes joues, ses yeux sondés les miens et changés de couleur à vive allure, sa main droite chercher la mienne.

« Alors apprends-moi des choses sur toi, qui es-tu Jungkook? »



« Moi, je suis Jungkook, 1m79, l'élu du roi des lykias »

[...]




Les choses sérieuses peuvent commencer 😌.

Le prochain chap est une interlude.

Prenez soin de vous💕.

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