Nineteen

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Noir et froid.

C'est ce qui déterminait le mieux ce que reflétait actuellement la capitale d'Artémis. Sur une sorte de pupitre bâtit suffisamment haut pour que nous soyons perchés à plusieurs mètres du sol, j'étais assis à côté de mon roi dont les pupilles plus sombres que jamais scrutaient les environs.

Les épreuves avaient débuté depuis longtemps, de nombreux lykias aux capacités magiques s'étaient présentés ce matin pour entamer les hostilités.

Ménelle ayant fait l'unanimité lors des votes pour devenir chef de l'Ordre suite au décès brutal de son prédécesseur, se devait de réciter, aux côtés de mon élu une mélodie enchanteresse qui plongerait la capitale entière dans une sombre et froide aura.

L'épreuve des sorciers constituait de ce que j'ai lu, la seule et unique façon de se hisser suffisamment haut dans l'ordre des classes et pouvoir un jour se faire remarquer du roi pour intégrer soit l'ordre soit la garde royale.

Je rêvais d'y assister de plus près mais ma condition d'humain et ma récente chute avaient contraint mon roi à prendre des décisions pour qu'il ne m'arrive rien. C'est pour cela que je me trouvais à quelques mètres du sol et de lui pour pouvoir apercevoir de loin ceux qui ont répondu présent se défendre pour atteindre le combat final.

Les futurs sorciers étaient évalués sur leur agilité, leur rapidité de réaction et leur capacité à utiliser le bon sort pour la bonne situation. Après quoi, deux jours de repos étaient attribués avant que nous ne rendions aux montagnes de Khûsal où le dragon Ômerus se préparait à affronter le vainqueur de toutes les épreuves.

Prendre part à cet événement crucial n'était pas à prendre à la légère, n'importe quoi pouvait se révéler être mortel pour quiconque ne serait pas suffisamment vigilant, et je ne craignais que pour un seul.

Le seul qui se tenait là, debout, avec le sceau royal inscrit sur sa chemise dont le tissu exprimait bien le rang. Il était l'unique noble à s'être présenté à ces épreuves depuis la nuit des temps, mon maître n'avait plus besoin de se faire un statut alors personne ne comprenait vraiment pourquoi le roi avait insisté pour qu'il soit ici aujourd'hui.

Jimin, son époux, portait un bracelet ensorcelé, cela lui permettait de ne pas interagir s'il le sentait en danger. Yoongi était donc véritablement livré à lui-même, je comptais sur sa maîtrise du feu pour s'en sortir, mais la magie était ce qu'il y a de plus sournois en ce monde et c'est de ça dont il devait se méfier. Parce qu'après tout, les forêts dans lesquels allaient se passer les épreuves étaient réputées pour pousser à bout ceux qui les pénétraient et les magiciens y voyaient là leur plus grande crainte.

La magie peut se retourner contre nous, et mon maître avait déjà ça, qu'il s'empêchait à peine par son élément de se faire du mal.

(...)

Le son du cor résonnait à travers la végétation alors que le signal de départ avait été donné. Les gardes délivraient de leurs chaînes des espèces animales qui m'étaient inconnu jusque-là. Je regardais ces bêtes féroces se précipiter dans la forêt alors que les prétendants aux titres étaient déjà partis depuis quelques minutes.

La première épreuve semblait simple : réussir à ressortir vivant de cette forêt qui limitait considérablement les capacités magiques d'un lykia.

« Qu'est-ce qui leur sera utile selon toi? »

« Capacité de réflexion, agilité et rapidité », avais-je répondu sans jamais quitté cette forêt des yeux.

Le roi venait de se lever, puis après quelques gestes des mains dont lui seul avait le secret, cinq bulles translucides s'élevèrent dans les airs, une pour chacun des lykias qui avait décidé de se jeter dans cette folle aventure.

Il est normal que mon regard ne soit porté que sur une seule. Celle de mon maître, qui en ce moment même se trouvait perché sur un arbre à observer les environs. Il était en alerte, comme s'il cherchait à repérer un quelconque danger. Avait-il déjà été attaqué?

Les battements de mon coeur étaient irréguliers, je n'avais pas peur, je lui vouais une confiance aveugle, alors ce que je ressentais à l'heure actuelle n'était autre que les sentiments de mon roi. Pourtant, quelque chose au fond de moi me confirmait que son esprit était ailleurs, partout sauf ici, à cette épreuve.

(...)

Les branches s'agitaient sous la force des rafales de vent, Yoongi ne pouvait pas rester continuellement caché. Au loin, il avait pu voir périr l'un des prétendants au titre de sorcier sous les coups de l'une des bêtes sauvages qui avaient été relâchés peu de temps après leur départ.

Il fallait qu'il avance même si maintenant, il était sûr que cette chose en avait après lui, il avait fini par comprendre qu'elle le repérait à l'odorat. Il se déplaçait de façon alerte mais à une vitesse incroyable, il ne pouvait pas se permettre de camper trop longtemps sur une position au risque de se faire repérer et attaquer aussitôt.

Le problème, c'est qu'il commençait à fatiguer et Jimin ne l'aidait pas beaucoup. Leur lien lui transmettait son inquiétude, la peur de voir son époux mourir et de le savoir dans cet état de stress sans pouvoir le rassurer affaiblissait le chef de la garde. Ce même chef qui dans un moment d'inattention n'avait pas vu surgir de nulle part la bête féroce qui le traquait depuis longtemps maintenant.

« Putain Yoongi retournes-toi! », j'avais crié de toutes mes forces.

« Jungkook calmes-toi s'il te plaît, il ne peut pas t'entendre à cette distance », mon roi avait parlé.

Le demi-dieu se tenait la tête comme s'il se concentrait sur quelque chose et que ma soudaine intervention l'en avait coupé. Je commence vraiment à me poser des questions, je dois savoir pourquoi il a ressenti le besoin d'envoyer le chef de la garde royal sur ce champ de bataille.

« Pourquoi? », j'ai dit en serrant les bordures de mon siège en bois.

Jimin qui était jusque-là silencieux, a levé la tête pour me regarder, ses yeux étaient d'un bleu naturel, il ne pouvait de toute façon pas user de magie à cause du bracelet. Il me fixait, mais en fait je comprenais qu'il attribuait ce regard à notre souverain. Ses yeux cernés et son air impliqué me traduisaient son envie d'avoir la réponse tout comme moi.

« Cire, j'ai dit pourquoi? », j'ai réitéré sans aucune forme de politesse dans mon ton.

Les gardes se sont offusqués et ont arboré des expressions outrées.

« Parle moi sur un autre ton Jungkook ou je peux t'assurer que tu le regretteras »

Cette fois, sa voix avait grondé immobilisant tous ceux qui assistaient à cette conversation.

Ses dents s'étaient serrées, sa mâchoire avait tressauté et son visage s'était fermé.

Taehyung n'était définitivement pas lui-même.


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