Chapitre 19

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    J'essaye de rester éveillée pendant que Curtis conduit et retiens le plus discrètement possible mes bâillements

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J'essaye de rester éveillée pendant que Curtis conduit et retiens le plus discrètement possible mes bâillements. Une demi-heure s'est écoulée depuis notre départ de l'aéroport, le temps s'écoule bien trop lentement à mon goût.

Et dire qu'il nous reste encore plusieurs heures de trajet sur cette route quasi désertique...

Je profite de ce que le cowboy as besoin de faire le plein d'essence pour caresser du bout des doigts les manches du sweat qu'il m'a prêté. Le tissu doux exhale son parfum frais et boisé et si je ne l'avouerai jamais à voix haute, je peux bien penser tout bas qu'il m'apporte un certain réconfort. Je m'enfonce un peu plus dans mon siège en cuir puis plonge discrètement mon nez dans le col. Mon rythme cardiaque accélère derechef, sans que je ne comprenne pourquoi.

    Ou pas.
    Danger.

Je me redresse promptement en tournant la tête, le visage teinté d'une gêne équivoque alors que Curtis m'observe depuis l'autre côté de la vitre, un sourcil dressé haut sur son front.

Prise en flagrant délit de sniffage de fringues. Génial, Eli !

Certaine de piquer un fard magistral sous les néons blanchâtres qui éclairent la petite station-service un peu paumée, je détourne les yeux sans piper mot tandis qu'il se réinstalle face au volant. La bonne nouvelle, c'est que je ne suis pas gênée par le silence de plomb qui emplit l'habitacle puisque je commence à m'habituer au mutisme de mon chauffeur. Et à vrai dire, je préfère ne rien entendre d'autre que le ronronnement du v8 plutôt que des réflexions déplaisantes. Curtis est vraiment imbattable pour mettre les gens dans une position inconfortable lorsqu'il décide de nous honorer de son foutu caractère.

Je lutte toujours contre la fatigue en regardant défiler le paysage devant nous. L'aube pointe doucement le bout de son nez, conférant au ciel ses premières lueurs orangées qui se reflètent sur la terre ocre. L'horizon à perte de vue, bercée par la musique country dans les haut-parleurs, j'ai soudain l'impression d'être dans un western, au cœur d'un de ces vieux films que mon père et moi aimions tant regarder à la télévision. Curieusement, je réalise que je souffre moins du mal du pays, ce matin.

Mes pensées s'évaporent lorsque Curtis coupe sans avertissement le son du poste-radio.

— Tu devrais te reposer, t'as pas fermé l'œil depuis qu'on a quitté l'aéroport, m'intime son ton timbre grave.
— Merci de te soucier de mon sommeil mais je t'assure que ça va.

Doutant que ma voix monocorde l'a convaincu, je fixe l'infinie ligne jaune sur le bitume noir pour éviter de croiser son regard.

— Comme tu voudras... mais on a du travail en rentrant alors ne viens pas te plaindre, je t'aurai prévenue.
— Très bien, Curtis Mackay. La petite vétérinaire aussi fatiguée qu'incompétente est avertie, satisfait ? Tu veux un texto pour te décharger des conséquences de mon refus de dormir, tant qu'on y est ?
— Pour une fois que je fais l'effort de ne pas être désagréable, tu te braques quand même, commente-t-il en maîtrisant son inflexion pour ne pas réveiller sa sœur. C'est dingue.

Australian CrushWhere stories live. Discover now