Chapitre 23

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    Une pinte vide vient de claquer sur le rebord du bar, juste à ma gauche, fendant presque le brouhaha ambiant

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    Une pinte vide vient de claquer sur le rebord du bar, juste à ma gauche, fendant presque le brouhaha ambiant. Je ne sursaute pas car je sais déjà qui s'est rapproché. Je me pince discrètement les lèvres pour ne pas sourire, consciente qu'un élan de jalousie non assumé est la cause première de cette intrusion dans mon date. La main de Zac quitte expressément le bas de mon dos, surpris par l'arrivée aussi indiscrète que malpolie de mon foutu chauffeur, l'homme qui semble se prendre pour mon chaperon.

    Tellement prévisible.

    — Curtis ? lance Zac dans sa direction, perceptiblement gêné d'avoir été pris en début de pelotage. Je ne savais pas que tu serais là ce soir.
    — J'ai dû accompagner Collins, vu que tu ne pouvais pas venir la récupérer au ranch.

    Piqué au vif par ce reproche éhonté qu'il n'avait pas le droit de formuler en dehors de sa tête, je tourne la mienne pour fusiller du regard le cowboy. Pour toute réponse, Curtis me sourit faussement. C'est presque si toutes ses dents bien alignées ne sont pas là, juste sous mon nez, tant il exagère. Parce que je commence à connaître l'animal, j'anticipe son prochain coup et lui envoie mon coude dans ses côtes pour l'obliger à se taire.

    — Une urgence vétérinaire de dernière minute m'a contraint à revoir l'agenda de ma fin de journée. Le temps de venir jusqu'au ranch après, il aurait été bien trop tard pour...
    — Ne te justifie pas Zac, le coupé-je en posant volontairement la main sur la sienne. Je sais qu'on ne décide pas de nos horaires et que nous sommes tributaires de nos patients à plumes ou poils. Ça s'appelle l'engagement et c'est tout à ton honneur.

    Soulagé, Zac me gratifie d'un sourire reconnaissant et séducteur. À ma gauche, je jurerais entendre mon patron grincer des dents. C'est d'ailleurs à lui que je m'adresse à présent.

    — Curtis, tu n'as rien de mieux à faire là, tout de suite ?
    — Pas vraiment, non, ose me répondre l'effronté qui n'a pas été invité à ce rencard mais s'y impose sans gêne.

    Mon tabouret opère sans préavis un dangereux quart de tour du côté opposé à Zac. Je me retiens de justesse face au bar pour ne pas basculer en arrière. Curtis va me faire vivre un enfer jusqu'au bout ! La tension électrique qui flotte entre nos esprits animés s'intensifie lorsque je remarque le rictus insolent qu'adresse mon boss à mon rendez-vous. Je dois avouer que le mélange de provocation et d'assurance dont il fait preuve ne me laisse pas indifférente : ça me plaît autant que cela m'enrage, ça chatouille mon bas ventre autant que cela provoque un échauffement redoutable dans mes mains, qui me démangent de prendre sa joue pour une piste d'atterrissage. Puis le plaisir se dissout quand ma raison revient au galop pour me remettre sur les bons rails. S'il y a quelques secondes je trouvais divertissant de voir Curtis s'enliser dans le costume du preux chevalier disposé à protéger mon corps d'un rapprochement physique un poil trop anticipé, à présent, je ne suis pas sûre d'être prête à gérer les conséquences d'un potentiel combat de coqs. Ni la jalousie déplacée du cowboy.

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