En troisième année de journalisme, la vie de Nesmée est parfaitement rangée. Elle sait ce qu'elle veut, quand elle le veut et pourquoi. Rien ne peut la faire dévier de son objectif. Belle, douce et l'une des filles les plus populaires de l'universit...
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Comment peut-on survivre lorsque nous avons perdu l'une de nos raisons de vivre ?
Cette question je me la pose constamment depuis une semaine. Je sais que ce n'était peut-être pas la meilleure solution, mais je n'ai trouvé que celle-ci pour la protéger. De moi, de ma monstruosité, mais surtout de mon enfer sur terre. De mon père. Nesmée ne mérite pas de vivre tout ça. Néanmoins, sa sécurité est pour moi une priorité. Alors j'ai dû prendre une décision. Décision difficile, mais nécessaire.
Sept jours que je vis dans le désespoir, le noir et l'angoisse qu'un jour, il mette ses menaces à exécutions. Les trois quart du temps, je le passe dans ma chambre, à jouer aux échecs ou trier mes photos. Mes journées sont longues, ennuyeuses et passent comme si on voulait que je ressente toute la douleur possible. Mon père fait tout pour qu'Haïana passe le moins de temps imaginable avec moi. Le manque de ma princesse s'ajoute à celui de mon rayon de soleil.
Parfois, j'ai l'impression qu'on m'a arraché l'organe vital pour le remplacer par du vide. Souvent, j'ai envie de tout arrêter et de partir loin. Laissant tout le monde derrière moi. Seulement, si je faisais ça, je serais comme mon père et c'est bien une chose que je ne souhaite pas. Et puis, il y a des jours où une bonne nouvelle nous aide à aller de l'avant. Comme mercredi dernier. Les avocats de mes grands-parents maternelles m'ont appelés. Suite à leur décès l'année dernière, nous avions appris que leur fille ne toucherait rien. Ma mère a tout fait pour récupérer leur fortune. Bien sûr, ils connaissaient trop bien leur fille et savait qu'elle liquiderait cet héritage en alcool ou pour celui qui me sert de père. Leurs avocats m'ont alors annoncés que, j'étais l'un des deux héritiers. Une condition a été émise. Je ne peux pas les toucher avant mes vingt-deux ans. C'est à dire dans deux mois et six jours. Je dois attendre le quatorze juillet pour pouvoir profiter de cette somme, pour partir et pour sauver ma sœur de cette horreur. Elle a aussi sa part bien entendu. Placé sur un compte dont elle pourra disposer comme moi, le jour de sa vingt-deuxième année.
Pour le moment, je dois continuer de tout donner dans mes études. Plus je travail et moins mes parents auront des doutes sur ce que je sais dorénavant. Alors je me penche sur l'article que nous devons rendre pour nos examens. Le problème, c'est que c'est assez compliqué de se concentrer sur cela. Je dois écrire sur Nesmée et penser à elle est devenu une véritable épreuve. J'essaie de faire le tri dans les informations que j'ai récolté ces derniers mois. Lorsque c'est fait, je commence à rédiger mon article, que j'essaierai de rendre le plus vite possible.
Nesmée Armal, vingt-et-un an.
Née à Lawrence au Kansas, elle fait le bonheur de ses parents à sa naissance. Il quitte leur ville quand elle atteint l'âge de trois ans pour s'installer à Seattle. Une vie tranquille et une enfance heureuse la berce. Alors âgée de quatre ans, elle fait une découverte qui va chambouler sa vie. Le patin à roulette. Véritable art qu'elle voit sur une piste dans un parc de cette ville magnifique, elle veut apprendre. Très vite, ses parents accèdent à sa requête et lui offre sa première paire de patins. Plus elle grandit et plus son talent se développe. Si bien, qu'elle se met même au patin à glace. Ayant plusieurs fois participé à ces entraînements, je peux affirmer que la regarder est un véritable plaisir. Chaque geste est réalisé avec légèreté, passion et une technique sans faille. Il est presque comique de voir à quel point elle peut manquer de coordination une fois sans ses patins aux pieds. Je vous invite fortement à venir la soutenir lors du concours auquel elle participe dans trois semaines.
