🛼35. Perdre la tête.🛼

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Un mois que nous sommes ensemble. Chose assez difficile à croire quand on connaît le caractère solitaire d'Aÿron. Et pourtant, trente jours que nous passons ensemble.

Allongés côte à côte, sur le dos et dans la pièce qui est devenu notre sanctuaire, nous regardons le plafond et parlons de tout. Nous refaisons le monde comme des adolescents avec leur premier amour. Nos regards verrouillés sur au-dessus de nous, nos doigts enlacés les uns aux autres pour que nos paumes se touchent, nous profitons de l'instant présent.

En ce moment, il me raconte comment petit, il adorait courir pour sauter dans la boue. Le seul problème, c'est que sa mère détestais qu'il le fasse. Je ne dis rien car il est rare qu'il parle d'elle. Encore plus de son père. Seulement, un pic de curiosité grandit en moi. J'aimerais savoir, j'ai besoin de savoir. Le peu de détail que j'ai sur ses parents, ne me disent rien qui vaille. Et je n'ai pas spécialement envie de les rencontrer.

Mes doigts se promènent le long de son bras et caressent son épiderme. Ses lèvres se posent sur ma tempe et je me blotti un peu plus contre son torse. Son cœur bat vite contre mon oreille et me berce comme une comptine que l'on chante à un enfant. Son parfum m'enveloppe et c'est comme si j'étais aux pays des rêves. Tendrement, il masse mon crâne et câline mes cheveux.

- Parle-moi de ton père. Comment est-il ?

Tout son corps se tend, ses mains se crispent et son souffle se coupe. Brusquement, il me repousse et se redresse. Sans un mot, il remet ses chaussures avant de se diriger vers la porte pour sortir de la pièce. À mon tour je me relève et cours après lui. Je ne comprends pas pourquoi il réagit comme ça et j'ai besoin de le savoir.

- Aÿron attend.

- Non Nesmée. Tu aurais mieux fais de rester là-haut. Je ne veux absolument pas te parler.

Dans la plus grande incompréhension, je me fige en plein milieu du salon, sous les regards médusés de Tabatia et Brittany. Soudain, c'est lui qui arrête sa progression et qui se retourne pour nous faire face. Petit à petit, il semble comprendre que son comportement est plus que détestable.

- Je suis désolé. Mais ce n'est vraiment pas un sujet que j'aimerais aborder. Mon père n'est vraiment pas une bonne personne, ni une personne qui mérite qu'on perde du temps et de l'énergie à parler de lui.

À pas lent, je m'approche de lui et pose une main sur sa joue. Tendrement, je le prends dans mes bras et lui murmure que je comprends et que je ne le forcerais pas à m'en dire plus. Sans que je m'y attende, il se met à pleurer et je reste dans une total incompréhension. Tant bien que mal, je tente de le consoler et de sécher ses larmes. Le problème, c'est que son état dur plusieurs minutes et que ça me brise le cœur. Je le laisse pleurer, encore et encore, sans savoir quoi dire ou quoi faire.

Petit à petit, il se calme et arrive à me regarder droit dans les yeux. Il s'excuse de m'avoir parler comme ça, m'embrasse comme si sa vie en dépendait et s'accroche à mes épaules comme à une bouée. Je ne peux m'empêcher de caresser son visage et de déposer des baisers sur son front. Tous mes sentiments pour lui se bousculent, s'entrechoquent et se mélangent. Je me rends compte que ce que je ressens pour lui, c'est de l'amour. Le voir brisé comme cela juste à cause d'une personne qui est censé nous protéger, est la chose la plus horrible qui soit.

- Mademoiselle Almar, êtes-vous avec nous ?

La voix de mon professeur me sort de mon sommeil et je redresse la tête pour croiser ses yeux. La fatigue est l'une de mes meilleures amies ces derniers temps. Le fait de m'assoupir en classe ne m'est jamais arrivé et je me sens mal que ce soit arrivé aujourd'hui. Surtout que les cours de Monsieur Bernardo sont les plus intéressant de mon cursus. Son regard s'assombrit et je me sens toute petite face à lui.

Ce que cache ton cœur. Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon